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La folle sagesse des cheveux blancs

Publié le 09 juin 2023 par Do22

folle sagesse cheveux blancsJ'ai les cheveux blancs depuis bientôt dix ans, quand j'ai arrêté de les teindre. En fait, je les avais depuis bien plus longtemps. Ma grand-mère était blanche à 25 ans, ça vous donne une idée.

En 2015, je vais au Sri Lanka. J'ai encore les cheveux teints. On m'appelle par mon prénom, Dominique. L'année suivante, je les avais blancs. En un an et trois coupes de cheveux, la teinture avait fait place à une belle chevelure d'un beau gris clair et de belles boucles que la teinture avait écrasées au fil des ans. Mes cheveux étaient tout contents de vivre enfin pleinement de leur belle couleur naturelle !

Dès que j'ai eu les cheveux blancs, en 2016 donc, on a commencé à m'appeler "Madame" et à me regarder comme si j'étais... je n'ai pas les mots. Ça m'a fait drôle et je n'ai pas compris tout de suite ce changement d'appellation. Je me sentais comme si j'avais passé de la jeunesse à la vieillesse d'un coup.

Une distance mêlée de respect s'était spontanément installée entre les plus jeunes et moi. Pourtant, j'étais toujours la même, avec le même coeur jeune et des folies à faire plein la tête et le corps.

Comme quoi l'apparence peut être trompeuse. Juste une différence de couleur de cheveux, quelques kilos en plus et, surtout, une paix du coeur plus grande. C'est peut-être ce qui fait que les gens qui ne me connaissent pas me parlent avec plus de respect que quand j'avais les cheveux châ-teints. Peut-être.

J'ai passé à une autre décennie, l'an dernier. Soixante ans. Pourtant, j'ai tout autant envie de faire des folies qu'à 20, 30 ou 40 ans. Avec les amies, on rit et on fait des folies comme des ados parfois et ça fait du bien ! Le corps vieillit et se transforme mais le coeur reste toujours jeune ! Je dirais même plus (comme diraient les Dupond et Dupont*), en vieillissant, on s'en fait moins avec tout et on est encore plus fous parfois ! Alors, peu importe l'âge, on reste jeunes de coeurs !

Vivre le moment présent

La seule chose qui me diffère des jeunes de ces âges, à part un corps plus flétri, c'est mon cheminement. L'arrivée à un âge où on s'en fait moins, où on ne se pose plus les 1001 questions existentielles, où on vit dans le moment présent la plupart du temps, où on a plus confiance en soi, où on prend les choses avec plus de légèreté, où on est moins intenses avec soi et les autres tout en étant parfaitement conscients de ce qu'on vit, où on ne pleure plus sur notre sort, où on pleure moins, tout simplement, sur la vie qu'on vit et les potentielles souffrances qu'on se fait vivre.

J'avais 52 ans quand la vie a ainsi tourné pour moi et ce fut une belle libération. Du jour au lendemain, vivre le moment présent est devenu ma réalité quotidienne. Que ça fait du bien !!! Résilience, encore une fois. Étapes de libération passées et ultime cadeau : la PAIX en Soi.

Depuis, je vois les jeunes - et des moins jeunes - vivre les choses difficiles que j'ai vécues, se poser les mêmes questions existentielles que j'avais, tourner dans leur mélasse comme je l'ai fait, "jouer" à la victime comme je savais si bien le faire. Des jeunes qui se sentent malheureux mais qui cherchent néanmoins de toutes leurs forces le bonheur, la paix, l'amour et la joie dans leur vie, comme on l'a tous fait. C'est le chemin des jeunes adultes jusque vers la cinquantaine. Qu'est-ce qu'on peut vivre des hauts et des bas dans ces décennies !

Le hic, c'est que, pour les jeunes, nous voir aller maintenant avec ce côté plus léger de la vie, ça les ennuie, comme si on n'avait rien vécu avant. Leur ego a besoin de les faire souffrir pour se sentir vivants et valorisés alors, les vieux et leur sagesse à trois balles... ;-)))

Le tournant de la cinquantaine

D'un commun accord avec tous les participants, dans tous les stages que j'ai animés, il s'avère que le tournant de la cinquantaine nous fait lâcher ce "quelque chose" d'inconscient qui nous faisait souffrir. La vie nous ramène à nous-même et nous fait nous sentir (presque) subitement plus légers, plus distants des soucis et des problèmes, des casse-têtes et des "mais pourquoi encore ?!".

On se pose en Soi, on ne se pose plus toutes ces questions existentielles, on trouve enfin un sentiment de paix en soi et dans la vie, on EST dans le moment présent et on prend la vie comme elle vient. Peut-être que les hormones aident aussi, la ménopause. La paix et la sagesse s'installent.

Toujours est-il que je suis là, dans cet espace beaucoup plus calme et paisible, et que je vois les plus jeunes se démener pour sortir de leurs souffrances existentielles. Je sais que je ne peux que les observer et leur envoyer de l'amour car chacun a son chemin à faire à son rythme.

J'aimerais cependant pouvoir leur partager mon cheminement, mes outils, les aider à aller mieux mais j'ai les cheveux blancs et les jeunes veulent être avec des jeunes. C'est dommage.

" Les vieux, ils ne nous comprennent pas et ils nous rabâchent toujours la même chose : Arrêtez de vous en faire et vivez dans le moment présent ! Ben oui, facile à dire ! ". Ils oublient qu'on a eu notre lot de jeunesse aussi.

Je me souviens du jour où ma mère me l'a dit. Elle avait trouvé cet espace de paix à travers la violence de son mari et sa dépression mais je ne pouvais pas le comprendre et encore moins le conscientiser alors que je tournais dans ma mélasse existentielle. Je ne l'ai compris, et vécu, qu'à 52 ans...

folle sagesse cheveux blancs
Quelques jeunes dans la vingtaine et la trentaine ont osé participer à mes stages. Ils ont reçu tant d'amour des plus âgés, du soutien, de la compréhension et des outils pour grandir et se défaire de tout ce qui leur pesait. Je suis encore en contact avec certaines qui sont devenues des filles de coeur que je vois évoluer de loin tout en restant connectées avec elles par le coeur, l'âme ou l'énergie.

Ce n'est pas parce que j'ai 60 ans et des cheveux blancs que je ne suis pas disponible pour les plus jeunes et que je ne les comprends pas. Bien au contraire. J'ai passé par là et je sais ce qu'ils vivent.

Ma porte est grande ouverte et ce sera toujours un honneur et un plaisir d'accueillir les jeunes et les moins jeunes pour les aider à cheminer vers leur résilience, vers leur paix intérieure et leur bonheur, en toute humilité et avec tout mon amour. Si vous en connaissez qui en auraient besoin, merci de leur dire.

De tout coeur,

Dominique

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* Dupond et Dupont, dans les BD de Tintin


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