Libellula depressa mâle (abdomen bleu pâle) © Marco Pohle
Le célèbre compositeur du Carnaval des animaux était aussi poète à ses heures. Sur son poème La Libellule il composa une valse chantée.
La Libellule
Près de l'étang, sur la prêleVole, agaçant le désir,La Libellule au corps frêleQu'on voudrait en vain saisir.Est-ce une chimère, un rêveQue traverse un rayon d'or ?Tout à coup elle fait trêveÀ son lumineux essor.Elle part, elle se pose,Apparaît dans un éclairEt fuit, dédaignant la rosePour le lotus froid et clair.À la fois puissante et libre,Soeur du vent, fille du ciel,Son aile frissonne et vibreComme le luth d'Ariel.Fugitive, transparente,Faite d'azur et de nuit,Elle semble une âme erranteSur l'eau qui dans l'ombre luit.Radieuse elle se joueSur les lotus entr'ouverts,Comme un baiser sur la joueDe la Naïade aux yeux verts.Que cherche-t-elle ? une proie.Sa devise est : cruauté.Le carnage met en joieSon implacable beauté.
Source : Camille Saint-Saëns, Rimes familières (1890)




Photos @ Luc-Henri Roger