Depuis qu'Emmanuel Macron a été élu à la présidence de la République, nous vivons un cauchemar. Ou des cauchemars à l'instar d'une série sans fin dont les saisons ne cessent de s'enchainer et rappellent de plus anciennes en noir et blanc.
Un cauchemar dans tous les domaines par n'importe quelle porte d'entrée qui englobe d'autres mots, soit autant de définitions de sa politique, sa pratique des institutions et sa vision de la société.
Le mépris des autres, plus particulièrement de la masse. Mépris des "sans dents" comme disait Hollande, son père putatif, qui l'a lancé en politique, d'abord en qualité de secrétaire général de l'Elysée, puis de ministre de l'économie. Mépris des "rien", ceux qui ne réussissent pas, à traduire par ceux qui ne réussissent pas à devenir riches puisque la macronie mesure la réussite à l'aune du portefeuille.
Un mépris de la masse qui découle d'une vision aristocratique, celle d'un délirant gouvernement des meilleurs ou l'élite, des experts et par voie d'extension des cabinets d'expertise à la Mc Kinsey, grassement payés, qui court-circuitent les institutions publiques et portent en eux la religion du capital et de la concurrence.
Mépris de la masse qui s'entend par un mépris de classe où la seule seule personne qui décide est Macron lui-même et ceux qui tirent les ficelles, les représentants de l'oligarchie et leurs multinationales du CAC40 qui bénéficient de cadeaux fiscaux, de baisses des prestations sociales, d'emplois précaires payés par l'Etat, de financements publics accordés sans contrôle ni contrepartie.
Ce mépris de classe se traduit fiscalement par une fiscalité injuste. La charge de l'impôt pèse de plus en plus sur les classes populaires et moyennes, tandis que les ultra-riches nous révèle une étude récente ont un taux d'imposition de 2 % ! Cette injustice fiscale entre ménages se retrouvent également entre PME/PMI et multinationales, les unes ayant un taux d'imposition aux alentours de 30 % tandis que certaines boites du CAC 40 échappent quasiment l'impôt...
Le cauchemar est également social. A ce stade, on ne sait s'il s'agit d'une méconnaissance totale de la réalité sociale ou un mépris de classe doublé d'un cynisme sans borne pour soutenir que la retraite à 64 ans est souhaitable quand près d'un tiers des travailleurs exposés à des conditions de travail pénibles décèdent avant cet âge. Mépris ou cynisme quand Macron veut imposer le travail obligatoire aux titulaires du RSA comme si ces derniers avaient volontairement choisi de vivre au RSA, c'est-à-dire dans la pauvreté ! Mépris du monde du travail par l'ignorance revendiquée de la pénibilité du travail en imposant les lois travail qui dégradent ou suppriment les rares protections des travailleurs dans un pays qui compte le plus de morts au travail et d'accidents de travail en Europe.
Le cauchemar est dans les services publics et leur destruction qui va s'accélérer pour payer un "quoi qu'il en coûte" qui a permis aux actionnaires du CAC40 de se gaver comme jamais. Moins de services publics se traduit par la privation d'un certain nombre de prestations pour les classes populaires et moyennes. La numérisation de l'administration est un cauchemar avec l'obligation d'avoir une connection internet payante, à devoir jongler sur des sites guère intuitifs et à espérer qu'il y ait un agent qui réponde à un numéro vert. La destruction de l'école publique, l'instauration de Parcours Sup et la baisse du nombre de lits et de soignants à l'hôpital public participent aux injustices qui privent notamment les jeunes de choisir leur avenir et les malades d'être soignés. A ce jour, la sécurité sociale est dans le viseur du sniper !
Le cauchemar est bien évidemment dans l'instrumentalisation de l'étranger, immigré ou migrant, ou assimilé. En la matière, Macron poursuit les politiques mises en oeuvre par les Chirac, Sarkozy et Hollande pour diviser les classes populaires et moyennes avec ce supplément de cynisme qui consiste à valoriser l'extrême droite en envoyant à son électorat des signes, par exemple en essayant de réhabiliter Pétain et Maurras, ou d'être plus raciste à l'instar d'un Darmanin jugeant Le Pen trop molle. L'extrême droite a démontré qu'elle était la bouée de sauvetage de ce système capitaliste à la française, permettant l'élection et la réélection de Macron sans une majorité de votant-e-s convaincu-e-s par son programme. Les élus RN semblent respecter la République, pratiquant la politique des faux semblants et laissant leurs nervis sévir dans l'espace public grâce à la mansuétude de la macronie qui a besoin du RN pour rester au pouvoir.
Et, comment ne pas penser au cauchemar fasciste ? Hormis entre les deux tours de l'élection présidentielle où elle mobilise ses castors, la macronie diffuse un discours très relativiste, dans lequel l'extrême droite est visée par intermittence de manière marginale, tandis que la gauche non hollandaise est qualifiée d'extrême gauche, à commencer par la France Insoumise systématiquement accusée des pires infamies. Au moyen de sa novlangue, la macronie travestit n'importe quel fait ou idée pour dénigrer l'opposition de gauche.
Ainsi, être favorable à la VIème République devient une revendication antirépublicaine, défendre les droits des palestiniens devient automatiquement l'expression de l'antisémitisme, manifester contre un attentat commis contre une mosquée est qualifié d'islamogauchisme, vouloir voter une loi abrogeant l'âge de départ à la retraite à 64 ans se transforme en une démarche séditieuse et anticonstitutionnelle ! De telles manoeuvres grossières empêchent l'expression du débat démocratique et permettent de banaliser et normaliser l'extrême droite. D'autant que la pratique macronienne des institutions et le traitement infligé à l'assemblée nationale démontrent qu'un pouvoir autoritaire et minoritaire peut gouverner sans que la loi ne soit votée par le parlement. Sous les apparences d'institutions qui fonctionnent conformément à la constitution, si l'on s'en tient à la lettre et non à l'esprit du constituant et à la jurisprudence, il n'y a plus de place au débat et à l'opposition.
Par ailleurs, le cauchemar sanitaire du covid a confirmé le cauchemar illibéral ou autoritaire du macronisme. Ainsi, les institutions spécialisées dans la gestion des crises sanitaires n'ont pas été respectées et consultées. Macron a décidé quasiment tout seul, avec l'aide de Mc Kinsey et d'un comité ad hoc à sa main, du confinement, de sa durée, des vaccins, des tests, du pass et des autorisations de sortie... sans parler de la répression des manifestations et des contraventions infligées à quiconque n'avait pas son pass ou son autorisation de sortie. C'est bien simple, la macronie justifiait l'omnipotence de Macron en déclarant qu'il était plus compétent que les meilleurs spécialistes des épidémies, et des vaccins !
Enfin, le marcronisme s'illustre par une répression sans faille des manifestations, jamais vue depuis la guerre d'Algérie, tant il est difficile d'évaluer précisément nombre d'éborgnés et de mutilés à vie par des armes de guerre. L'usage abusif des armes létales a été encouragé par un régime aux abois qui a accordé une impunité aux forces de police (FDP) et nié les violences policières/politiques. Aucun membre des FDP n'a donc été condamné pour la mort de Madame Zineb Redouane ou la mutilation des manifestants en dépit des preuves vidéos. Une étape a été franchie dans l'autoritarisme lors de la contre-réforme des retraites avec la pratique à grande échelle des gardes à vue préventives, apparues lors du mouvement des gilets jaunes.
Le non respect des institutions, de l'opposition et de l'Assemblée nationale, des corps intermédiaires et des libertés publiques constituent autant de faits politiques qui rappellent le témoignage de Sebastian Haffner dans son Histoire d'un Allemand : tout est prêt pour que Le Pen gouverne le pays !
Parce qu'on ne soigne pas la République en lui infligeant les remèdes préconisés par l'extrême droite.