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Comme une visite guidée

Publié le 14 juin 2023 par Aicasc @aica_sc

Pourquoi j’ai arraché ma peau est la première exposition solo de Beya Gille Gacha. Cependant son jeune parcours – elle est née en 1990- peut s’enorgueillir d’étapes internationales déterminantes : Salon Révélations au Grand Palais, la foire 1-54 (New York, 2019), AKAA (Paris, 2017-2018), West Lake Art Fair (Hangzhou, 2017), Manifesta #12 (Palermo, 2018), Afropunk (Paris, 2019), Biennale Internationale de sculpture de Ouagadougou (BISO), Biennale de Dakar. Mais découvrir ainsi plusieurs œuvres réunies décuple la puissance du propos. Il est à la fois complexe et cohérent.

Que disent ces installations, sculptures, peintures et vidéos ? Les traumatismes de l’enfance, un sentiment d’étrangeté dans l’être au monde, le mal-être lié à tout ce qui vient aujourd’hui empoisonner la terre et l’humain, des pesticides aux rumeurs, les rituels indispensables pour dépasser ces douleurs et renaître.

Le corps féminin, souvent fragmenté est au cœur de la démarche : corps écorchés, corps perlés selon la tradition ancestrale bamiléké, empreintes de corps brûlés.

Il y a un ancrage dans le passé et les traditions avec la réactivation de la pratique ancestrale de l’art perlé bamiléké ou les références à des chefs-d’œuvre antiques ou à des sculptures de Camille Claudel et dans le même temps, une quête de nouvelles matières naturelles ou écologiques comme la résine arrosia

La scénographie sensible et juste de Salimata Diop magnifie ces œuvres surprenantes, authentiques, originales, puissantes et belles.

Comme une visite guidée

Beya Gille Gacha, pourquoi avez-vous arraché votre peau ?

Pour de nombreuses raisons, mais en l’occurrence, ma démarche principale, c’est le perlage des corps humains. Le perlage, c’est la peau de mes sculptures. Quand je perle, c’est pour présenter la beauté, la richesse et la valeur intrinsèque des personnes, de l’humain en général comme des individus particuliers que je perle.

Et, à un moment donné, j’ai eu le besoin de repartir dans l’avant la perle. Le perlage symbolise, pour moi, l’amour de l’autre, mais l’amour de soi aussi parce que le soin de l’autre, c’est le soin de soi. C’est un chemin intérieur, spirituel et qui passe par beaucoup de souffrance.

Je suis une hypersensible depuis que je suis toute petite, donc il y avait des souffrances, juste parce que le monde était pour moi très bizarre, mais il y avait aussi certaines choses arrivées dans ma vie, des événements douloureux. J’ai donc voulu repartir en faisant des sculptures comme un prequel au perlage. Je me suis moulée moi-même, sans perles, et de mon propre corps, j’ai créé comme des écorchés pour exprimer, pour sortir de moi ces traumatismes, ces souffrances passées.

Pour moi, c’est un acte de guérison ; dans le chemin vers la guérison, il y a l’acceptation, l’acceptation du passé, l’acceptation de nos vies, de ce qui nous a fait de la peine, de ce qui a pu nous mettre au plus mal et l’acceptation, c’est se regarder, regarder notre passé, non plus avec de la tristesse, non plus avec de la douleur ou de la colère, mais de regarder ces étapes avec bienveillance parce qu’elles ont participé à ce que nous sommes aujourd’hui.

Arracher la peau, c’est aussi la mise à nu d’un passé. Dans les écorchés, il y a quelque chose de brutal. Alors que dans mes sculptures perlées, qui sont un peu plus ambivalentes, qui jouent davantage entre l’ombre et la lumière – ce qui fait d’ailleurs beaucoup partie de mon travail – il y a toujours un sens esthétique, notamment grâce à la perle, très minutieux, très fin.

Le perlage, c’est une technique traditionnelle africaine que vous avez reprise et réactualisée. Vous collez perle par perle ou par fil de perles ?

Je suis Bamiléké de par ma mère et nous avons une tradition ancestrale du perlage. Normalement on coud trois perles par trois perles. Mais j’ai dû inventer ma propre technique pour pouvoir perler des corps comme je l’entendais, garder ces plis de peau, ces courbes, ce réalisme.

Je prépare la base, qui est une cire, je prépare des fils de perle et je trace, j’incruste les fils de perles dans la matière de façon à restituer un mouvement…je réalise des tracés, des dessins. Parfois, je me laisse emporter, c’est très méditatif, parfois j’accentue des motifs sur certaines zones.

Les corps qui sont présentés ici, Les écorchés, ce sont des moulages ?

Oui, tous mes corps sont toujours des moulages et celui-là, la Vénus, c’est la seule pièce qui ne soit pas le moulage d’un être humain. C’était très important pour moi parce que la Vénus aborde le fantasme – l’image de la femme parfaite – et si je veux parler d’une Vénus, c’est aussi pour dire que c’est un corps qui n’existe pas, c’est donc de partir d’un corps qui n’existe pas, qui est déjà à la base une représentation.

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Beya Gille Gacha
« Venus Nigra » – 2017
Perles, cire et résine
62 x 30 x 28 cm
© Crédit Photo Dino Feigenspan

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Sinon, ce sont toujours des moulages de corps. Pour moi, dans l’acte du moulage, il y a déjà un don de la personne qui offre son corps, mais aussi qui souffre aussi parce qu’un moulage peut impliquer de la souffrance.  Et qui donne d’une certaine manière son énergie à l’artiste. Il y a donc une responsabilité d’ailleurs, pour moi magique, dans ce rapport car en moulant, je crée comme des doubles magiques.

Je ne le percevais pas au début, je n’en avais pas pris conscience. J’ai grandi en France dans l’idée que l’art, c’est créer des objets d’art. Puis je me suis rendu compte que j’ai un rapport très particulier aux sculptures, surtout quand il s’agit de mouler des personnes, je sens que j’ai une responsabilité, je ne peux pas faire n’importe quoi. Cela a été vraiment une révélation.  J’ai compris (et en même temps c’était évident) que je suis   aussi une Camerounaise.  Initialement, en Afrique, la statuaire ce n’est pas juste de l’art, c’est sacré et mystique.  Par exemple, quand je perle des personnes, je prends soin de leur corps, je leur parle, je formule des intentions pour eux et je fais aussi des libations parfois. IL m’est arrivé de travailler à la sculpture de quelqu’un et de savoir que cette personne, qui vit très loin, mais ne va pas bien, et alors je m’adresse à la sculpture, je fais une sorte de prière sur le corps…

Si nous faisions comme une visite guidée de votre exposition ? La place du rituel est très importante dans votre travail et nous allons en parler…

C’est totalement ça, mais tout est très souvent double, même parfois triple ou multiple dans mon travail. J’ai un peu une pensée en arborescence, donc il y a souvent des choses qui viennent et qui se relient, qui participent à l’imagination de l’œuvre à venir.

Dans La Chrysalide, il y a le côté mortuaire de cet enfant qui est dans un linceul, de cet enterrement, mais la chrysalide, c’est aussi la métamorphose, c’est la mue et la renaissance !

Comme une visite guidée

Chrysalide
Installation
© Crédit photo : Dino Feigenspan

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 Cette pièce, je la crée d’abord parce que, premièrement, j’ai réalisé un gros travail sur l’enfance. L’enfance, bien sûr, est un sujet très important pour moi. C’est le siège des traumas, des rêves, et l’enfant pour moi, c’est le guide, c’est le sacré et je me rends compte en faisant mes premières sculptures d’enfants que je parle de la société, mais aussi de l’enfant intérieur en moi. J’entre dans cette dimension où j’ai besoin de faire la paix avec l’enfant intérieur brisé.

Pour moi, cette installation, chaque fois que je la pose, j’allume ma bougie, je pose mes fleurs avec cette intention – parfois accompagnée – de faire le deuil de l’enfant intérieur brisé, pour que l’enfant joyeux, pas forcément joyeux d’ailleurs mais dans toute sa vérité, pas encore modifié, pas encore meurtri, renaisse. Il y a vraiment cette idée de l’offrande à l’enfant à renaître, et de deuil face à l’enfant intérieur à qui on dit « Au revoir ».

Dans l’enterrement, il y a aussi l’idée de lui redonner sa valeur, de ne plus le garder caché, de l’accepter.

Dans l’installation Sources, vous testez une nouvelle bio-matière ?

J’ai adoré ce matériau, j’ai commencé à faire des recherches il y a un bout de temps sur les bio-matériaux, ça m’intéresse énormément. En l’occurrence, je cherchais des alternatives à la résine et je suis tombée sur une femme dans le sud de la France qui crée une résine biologique à base de sève de pin.

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Série « Sources » 2022
Résine biologique de pin Arrosia et perles.
Dimensions variables.
© Crédit photo :Dino Feigenspan

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Ce matériau m’émerveille. Aujourd’hui, elle a beaucoup plus de coloris, de pigments, de transparence, mais au début il n’y avait que cette matière-là, un peu opaque, un peu jaunie. Ce matériau se travaille comme la cire. Chaque matière pour moi a son importance : la perle, c’est la peau ; la cire, c’est la chair et là, ce matériau c’est de la résine d’arbre, c’est du sang d’arbre et ces visages qui sont les miens, un peu déformés, symbolisent la nature en moi, ma nature intérieure, la nature de l’être humain qui est mis à mal, le rapport à la nature mais aussi les larmes d’arbres.

En tant qu’artiste, surtout quand on aborde des questions écologiques ou éthiques, on se rend compte qu’on est très vite bloqué parce que les matériaux à notre disposition sont extrêmement pétrochimiques ou invasifs. Je ne dis pas qu’il faut arrêter parce que ce n’est pas facile, de toute façon on doit produire, mais je cherche tout le temps des biomatériaux.

Donc cette installation est faite avec la résine qui s’appelle la résine Arrosia, faite à base de sève de pin. Les perles symbolisent les larmes et le vomi. Cette installation s’appelle Sources et me permet de revenir sur certaines émotions qui sont interdites ou mal jugées. En fait, le pleur, donc la tristesse, nous purge et vomir, c’est aussi se purger – on ne sait plus se purger et finalement repartir dans un cycle normal de nos printemps jusqu’à nos hivers. Le vomi, c’est de la perle, donc c’est de la valeur ; les pleurs aussi c’est de la valeur.

L’installation suivante évoque l’empoisonnement des corps et des terres.

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Comme je le disais tout à l’heure, le déclencheur de mes créations est toujours complexe. J’avais envie de parler du fait que mes tristesses, mes souffrances, mes incompréhensions du monde venaient aussi du fait que j’étais mal nourrie intellectuellement ou émotionnellement.  Par exemple, on nous pousse à consommer du sucre, or trop de sucre empoisonne le corps, de la même manière, dans les rapports humains, dans les rapports de la société, dans nos émotions, il y a une forme d’empoisonnement parce que malheureusement beaucoup de choses nous poussent à être jaloux, à ne pas aimer l’autre, à nous comparer, à nous diminuer, ne nous poussent pas à trouver l’amour de nous-mêmes et l’amour des autres. Nous sommes dans une société envahie par des choses un peu toxiques comme les rumeurs. J’ai toujours été choquée par tout un état du monde où j’ai l’impression que des choses qui nous sont transmises nous tuent, nous empoisonnent.

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© Crédit photo : Dino Feigenspan

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Ce corps, donc mon propre corps est dans une position fœtale, pour marquer la quête d’attention, d’amour, de confort maternel comme s’il se lovait mais tient entre les jambes un vieux pulvérisateur de pesticides. C’est un peu son biberon. Cette pièce représente vraiment la volonté de se purger de ces poisons-là.

J’utilise aussi le corps féminin comme une métaphore de la terre.  On nous apprend à nous nourrir, à nourrir nos corps, donc nos terres humaines de poison

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Beya Gille Gacha
« Tends la Main » – 2020
installation
© Crédit photo Dino Feigenspan

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 Tends la Main cherche à créer une ambiance un peu boudoir, un peu intime, un peu dérangeante à partir de meubles et d’objets trouvés sur place. C’est une mise en scène, pour raconter une histoire avec ce morceau de bras perlé, mais aussi avec tout ce qu’il y a autour, C’est une installation éphémère qui n’existera que dans cette exposition.

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Beya Gille Gacha
« Tends la Main » – 2020( détail)
© Crédit photo Dino Feigenspan

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Beya Gille Gacha
« Tends la Main » – 2020
installation ( détail)
© Crédit photo Dino Feigenspan

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C’est quand même très lié à une absence masculine ?

Effectivement pour moi, c’est un peu la partie « scène de crime » : il y a l’absence et la forte présence, parce que le seul homme de l’exposition, c’est ce dessin, Jeune homme dormant. Il se retrouve au centre de toute la scène. On ne sait pas trop dans quel intérieur on est, est-ce qu’on dans l’intérieur de l’homme, de la femme, qu’est-ce qui se passe vraiment ?

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Il y a mon propre bras moulé et perlé et des objets anciens. J’aime beaucoup les objets anciens parce qu’ils racontent une incidence du passé. Il n’y a pas de discontinuité, le passé fait partie de notre présent et si on n’aborde pas le passé, on ne peut pas guérir au présent et au futur.

Il y a aussi une relation au temps dans le perlage, c’est un long processus…

C’est très long. Pour moi, c’est vraiment le moment où je suis maître du temps, c’est le moment méditatif, un moment de bien-être.

Que nous raconte La Mort du Kâma ?

Le Kama, c’est un dieu indien, le dieu du désir, mais surtout le dieu du côté spirituel de ce qu’est le désir, le charnel, de ce qu’est la communion des corps, de ce qu’est l’amour.

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beya gille gacha
« La Mort du Kama », détail – 2020
Installation.
Satin, flèche, acrylique et pétales de roses.
120 x 120 x 150 cm
© Crédit photo : Dino Feigenspan

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Je crée cette installation parce qu’à un moment de ma vie, dans tous mes questionnements, je me rends compte que ma manière d’aimer est très toxique. On nous fait grandir dans un rapport à l’amour qui selon moi n’est pas le véritable amour. Le véritable amour est sans attente en retour, c’est inconditionnel, le vrai amour c’est celui qu’on a pour ses enfants. Pourquoi l’amour est-il si difficile, si violent et mène à la guerre ? Je me suis dit qu’on s’était peut-être trompé quelque part dans ce qu’était l’amour. Et je cherche dans d’autres spiritualités, dans d’autres histoires pour trouver peut-être une autre vision de l’amour. Et je découvre le Kâma-Sûtra. Ce sont des textes sans image, presque scientifiques sur le régime qu’il faut avoir, sur le positionnement spirituel, émotionnel qu’il faut avoir, sur le rapport à l’autre il faut avoir pour espérer utiliser cette pratique qui n’est faite que pour atteindre l’élévation spirituelle.

Il y a aussi des phrases terribles dans le Kâma-Sûtra, « Si les deux personnes ne sont pas de la même maturité émotionnelle, psychologique et autre, ce serait comme l’union de deux cadavres. » Il n’y a aucune beauté à manipuler quelqu’un, à mentir à quelqu’un ou à utiliser les faiblesses de quelqu’un pour avoir son corps.

C’est cela mon questionnement : A quel moment a-t-on tué l’amour ?  Pourquoi ne pas avoir une tout autre vision de l’amour avec des êtres qui ne grandissent pas dans cette idée de la possession, de toutes ces choses toxiques pour nous tous.

Comme une visite guidée

© Crédit photo : Dino Feigenspan

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 Close Up appartient à une série qui s’appelle Hide and Seek. Ma première série, parlait des enfants (un petit garçon et une petite fille) qui à partir de situations difficiles, de traumas trouvaient leur propre chemin vers leurs joies, leurs libertés, leur être véritable. C’est la métaphore de la quête spirituelle à travers ces deux enfants. Dans cette série-là, il y a cette idée de hide and seek, donc de cache-cache, mais en même temps on ne sait pas trop de quoi se cache l’enfant.

Dans cette pièce, cette porte de placard ramène aussi un peu parfois aux territoires de l’horreur avec ce monstre dans le placard. C’est aussi là qu’on se cache, ou bien on pense à l’enfant enfermé dans le placard. Ces deux petits bras qui sortent, on ne sait pas trop ce qu’ils veulent… Que veut cet enfant en sortant les mains de sa cachette ?  Il se cache, mais il tend quand même ses mains.

Comme une visite guidée

Vidéo, détail de l’installation Peaux
2022
Dimensions variables – Écorces de Gran Kimboto, tirages photographiques et vidéo (4min.)
© Crédit photo : Dino Feigenspan

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Peaux est une performance filmée spontanée. Toujours dans le rituel personnel. La vidéo commence par des scènes d’arrachage d’écorces d’arbres que j’ai prises en Guyane, avec un texte qui établit un parallèle entre l’arbre et moi. Je suis un arbre, comment est-ce qu’on me regarde ? Mais je parle aussi du corps féminin et de mon corps à ce moment-là et du fait que, quand on me regarde, on se demande si on va m’utiliser le temps d’un soir, pour faire son feu ou le temps d’une vie pour bâtir sa maison. C’est aussi lié à la relation amoureuse. Si l’on vient vers toi et qu’on te   regarde : « Est-ce que c’est juste pour s’amuser ou est-ce que tu vas aussi supporter mon foyer, mais aussi mes rêves, devenir la matière qui va supporter ma vie d’homme ? »

Comme on arrache l’écorce de l’arbre, je décide d’arracher cette vieille peau, cette vieille mue et toujours dans l’idée de la chrysalide, de se séparer, de mourir soi-même pour renaître plus proche de ce qu’on aimerait être.

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Autel à l’enfant #1 – 2023 – installation in-situ – bois flotté et sable volcanique de Martinique, photo encadrée, crâne en cire et bougie.
© Crédit photo : Dino Feigenspan

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 Autel à l’enfant est un petit autel crée sur place.  J’emmène certes des pièces déjà faites mais j’ai toujours besoin de créer à partir de ce que je ressens dans le lieu.  J’ai voulu voir le sable noir de Saint-Pierre parce qu’au Cameroun, il y a du sable noir. Voir toutes les similarités entre les lieux et les personnes m’a, dans le voyage, toujours fascinée, plutôt que nos différences. A partir du sable noir et des bois flottés ramassés à Saint-Pierre, j’ai disposé un petit autel à l’enfant. C’est une photo de moi petite et le crâne, qui est en cire, propose une réflexion sur la mort, sur l’idée négative de la mort, avec les Vanités. Comme je le fais pour l’amour, je cherche dans d’autres spiritualités, s’il y a une autre vision de la mort ? Au Cameroun, chez les Bamilékés, il y a le culte des ancêtres.  On récupère les crânes pour les autels des ancêtres parce que les morts ne sont pas morts, les morts nous accompagnent, les ancêtres sont toujours là. Le crâne n’a donc plus cette image angoissante, effrayante et la mort n’est plus un ennemi mais est un protecteur, qui est là pour nous accompagner.

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Beya Gille Gacha
« Augure » – 2021
Installation.
Cire, résine non toxique, verrane,
et éléments divers (praxinoscope, tissus).
Dimensions variables.
© Crédit photo : Dino Feigenspan

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Comme une visite guidée

Beya Gille Gacha
« Augure » – 2021
Installation. ( détail )
Cire, résine non toxique, verrane,
et éléments divers (praxinoscope, tissus).
Dimensions variables.
© Crédit photo : Dino Feigenspan

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L’Augure est la première œuvre de la série des Ecorchés, vraiment très brute, très purulente, très brûlée. Il y a toujours un rapport à l’enfance dans l’attitude du corps.  Quand j’étais petite, je me trouvais très souvent incomprise, je m’isolais beaucoup, j’avais peur des autres et il y avait quelque chose comme « qu’est-ce que je fais là ? ». Je ne voulais pas être là . Le monde me faisait peur, peut-être qu’il ne me comprenait pas ou peut-être que c’était moi qui ne le comprenais pas ? Je me sentais inadaptée, j’étais un peu toujours l’enfant un peu bizarre, je ne me reconnaissais dans rien. Un jour, je tombe sur Femme accroupie de Camille Claudel dans une publication. Je regarde ces œuvres et j’ai l’impression de voir quelqu’un qui me comprend et qui parle de moi. Je dois avoir 8 ans à ce moment-là.   La Femme accroupie qui se cache correspond à la vision que j’ai eue très longtemps de moi-même c’est à dire quelqu’un qui se cache du monde, qui se protège du monde, qui ne comprend rien et qui ne veut pas regarder.

À ce moment-là, c’était un peu à double tranchant, parce que je me suis très vite mis dans la tête que le monde allait me détruire, comme il a détruit Camille Claudel. La pièce s’appelle Augure parce qu’on se jette parfois de mauvais sorts à soi-même En même temps, cette rencontre, c’est sûrement une des grandes raisons pour lesquelles je fais de la sculpture.

Le praxinoscope est arrivé un peu plus tard dans ma vie, à l’adolescence.  Je découvre   le travail de Georges Méliès. Je suis passionnée d’effets spéciaux et je tombe amoureuse du travail de Georges Méliès qui lui aussi a un destin complètement oublié, qui détruit tout son travail comme Camille Claudel a détruit ses œuvres.

Comme une visite guidée

Beya Gille Gacha
« Augure » – 2021
Installation ( détail)
Cire, résine non toxique, verrane,
et éléments divers (praxinoscope, tissus).
Dimensions variables.
© Crédit photo : Dino Feigenspan

" data-image-title="DSC_0027 27" data-orig-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0027-27.jpg" data-image-description="" data-image-meta="{"aperture":"4","credit":"","camera":"NIKON D3300","caption":"","created_timestamp":"1686394661","copyright":"","focal_length":"26","iso":"140","shutter_speed":"0.016666666666667","title":"","orientation":"1"}" width="768" data-medium-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0027-27.jpg?w=300" data-permalink="https://aica-sc.net/?attachment_id=25773" alt="" height="487" srcset="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0027-27.jpg?w=768 768w, https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0027-27.jpg?w=150 150w, https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0027-27.jpg?w=300 300w, https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0027-27.jpg 1024w" class="wp-image-25773" data-large-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0027-27.jpg?w=750" />Beya Gille Gacha « Augure » – 2021 Installation ( détail) Cire, résine non toxique, verrane, et éléments divers (praxinoscope, tissus). Dimensions variables. © Crédit photo : Dino Feigenspan

Georges Méliès, Camille Claudel sont nés comme moi un 8 décembre. Quand je commence des recherches, que je m’implique dans ces croyances astrologiques d’enfant sur les personnes nées un 8 décembre et dans ce processus de sorts que je me fais à moi-même, je me rappelle de cet objet magnifique qu’est le praxinoscope, le début de l’image animée. Je suis persuadée que le praxinoscope est lié à Georges Méliès. Et c’est quand j’ai conscientisé toute la pièce à partir de cette conviction que je me rends compte que le praxinoscope n’a rien à voir avec Georges Méliès. De manière, il faut bien le dire, un peu autistique, j’ai du mal à abandonner mon idée et dévoyer la ligne que je me suis tracée.  Quand je vais regarder qui a inventé le praxinoscope, j’apprends qu’il s’appelle Émile Reynaud et qu’il il est né le 8 décembre.

La part de Georges Méliès n’est pas présente ici parce que j’ai voulu changer l’image animée. Normalement, c’est la Lune de Georges Méliès, très effrayante, et j’ai choisi une image traditionnelle du praxinoscope avec cette petite fille.

Vous utilisez souvent le terme rituel et dans la série Rituel sur ADN masculin absorbé #1 & #2, vous incluez votre sang menstruel et des plantes médicinales. Est-ce que, selon vous, l’art participe à la réparation, la restauration, la libération ?

Tout est toujours venu de manière spontanée, comme quelque chose que je devais faire et que je ne comprenais vraiment que par la suite, et qu’une fois comprise, j’appliquais de plus en plus de manière consciente.

Comme une visite guidée

Beya Gille Gacha
« Rituel sur ADN masculin absorbé #1 & #2 » –
« Rituel sur ADN masculin absorbé #1 & #2 » – 2020
Papier de coton fait main, menstruations, cire, herbe et plantes médicinales, encadrées.
60 x 80 x 5 cm 2020
Papier de coton fait main, menstruations, cire, herbe et plantes médicinales, encadrées.
60 x 80 x 5 cm
© Crédit photo : Dino Feigenspan

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C’est surtout dans cette série-là, Les Rituels que c’est assumé. J’ai créé ces pièces comme des rituels pour me libérer de quelque chose et libérer l’autre aussi.  J’ai conçu chaque pièce en pensant chaque fois à une personne que j’ai connue, que j’ai aimée et en ajoutant des épices, des plantes et des herbes médicinales.   C’est un acte de guérison, un acte d’amour, d’au revoir et de paix.

Comment s’est organisée cette exposition avec la Martinique ?

Je participais à la dernière édition de la Biennale de Dakar et j’y ai rencontré le directeur de Tropiques Atrium qui a organisé cette exposition. C’est mon premier Solo Show, je suis très heureuse de le faire ici. Je veux parler du moi intérieur, du rapport au corps, au corps noir, au corps féminin. C’est partout le même, ici ou ailleurs, dans les souffrances, dans les pensées, dans la nature et ce qui m’importe vraiment dans la vie, c’est l’essence, là où on se rapproche tous, c’est comme ça que je vois le monde.

Propos recueillis par Dominique Brebion

Comme une visite guidée

Beya Gille Gacha
Sources
© Credit photo Dino Feigenspan

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« Série « Sources » : « Crying trees » – 2022
Résine biologique de pin Arrosia et perles.
Dimensions variables.
© Crédit photo : Beya Gille Gacha

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« Série « Sources » : « Crying trees » – 2022
Résine biologique de pin Arrosia et perles.
Dimensions variables.
© Crédit photo : Beya Gille Gacha

" data-orig-size="683,1024" sizes="(max-width: 683px) 100vw, 683px" data-image-title="DSC_0004 4" data-orig-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0004-4.jpg" data-image-description="" data-image-meta="{"aperture":"4.8","credit":"","camera":"NIKON D3300","caption":"","created_timestamp":"1686393630","copyright":"","focal_length":"36","iso":"1400","shutter_speed":"0.016666666666667","title":"","orientation":"1"}" data-id="25758" data-medium-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0004-4.jpg?w=200" data-permalink="https://aica-sc.net/?attachment_id=25758" alt="" srcset="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0004-4.jpg 683w, https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0004-4.jpg?w=100 100w, https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0004-4.jpg?w=200 200w" class="wp-image-25758" data-large-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0004-4.jpg?w=683" />« Série « Sources » : « Crying trees » – 2022 Résine biologique de pin Arrosia et perles. Dimensions variables. © Crédit photo : Beya Gille Gacha
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« Série « Sources » : « Crying trees » – 2022
Résine biologique de pin Arrosia et perles.
Dimensions variables.
© Crédit photo : Dino Feigenspan

" data-orig-size="109,250" data-image-title="DSC_0003 3 TRESréduit" data-orig-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0003-3-tresreduit.png" data-image-description="" data-image-meta="{"aperture":"0","credit":"","camera":"","caption":"","created_timestamp":"0","copyright":"","focal_length":"0","iso":"0","shutter_speed":"0","title":"","orientation":"0"}" data-id="25833" data-medium-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0003-3-tresreduit.png?w=109" data-permalink="https://aica-sc.net/2023/06/14/comme-une-visite-guidee/dsc_0003-3-tresreduit/" alt="" class="wp-image-25833" data-large-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2023/06/dsc_0003-3-tresreduit.png?w=109" />« Série « Sources » : « Crying trees » – 2022 Résine biologique de pin Arrosia et perles. Dimensions variables. © Crédit photo : Dino Feigenspan

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