Ce syndrome de déficit en transporteur du glucose ou maladie De Vivo, est une maladie neurologique rare et invalidante encore mal connue et peu diagnostiquée. Certains de ses symptômes peuvent être mieux contrôlés avec un régime alimentaire spécifique (cétogène) et des candidats médicaments prometteurs sont en cours de développement. Cependant de nombreux patients ne sont pas diagnostiqués et subissent une perte de chance regrettable. Cette équipe de l’Institut du Cerveau (Paris) vient de développer un test sanguin, présenté aujourd’hui dans la revue Neurology, qui, en cas de résultat positif, permet de démarrer au plus tôt le traitement, ce qui améliore considérablement le pronostic, en particulier chez les enfants en plein développement cérébral.
L’incidence de la maladie de Vivo ou syndrome de déficit en Glut1 est estimée à 1 sur 24.000 en population générale, un taux très probablement sous-estimé, car il ne prend pas en compte les patients présentant des symptômes isolés et non spécifiques tels que des troubles d’apprentissage ou des mouvements anormaux. Ainsi, de nombreux patients atteints ne sont pas diagnostiqués. Le diagnostic est d’autant plus délicat à poser qu’il repose sur une procédure invasive, longue et coûteuse, une ponction lombaire complétée par des tests génétiques.
Dans la maladie, une mutation du gène SLC2A1 entraîne un dysfonctionnement du transporteur de glucose GLUT1. Or, ce transporteur est responsable de l’entrée du glucose dans les cellules gliales. Le cerveau est donc privé d’une partie du sucre dont il a besoin pour fonctionner normalement, ce qui se traduit par différents symptômes, dont des convulsions, des mouvements anormaux, un retard de développement et, dans certains cas par une encéphalopathie et des crises de type épilepsie (liées aux traitements).
Ces symptômes peuvent être améliorés en gérant le dysfonctionnement métabolique via un régime riche en graisses ou régime cétogène. De nouvelles molécules thérapeutiques prometteuses destinées à pallier le manque d’apport de glucose aux cellules cérébrales sont également en cours de test. Le professeur Fanny Mochel, auteur principal de l’étude rappelle donc l’importance de diagnostiquer la maladie à temps.
Un biomarqueur sanguin pour un diagnostic rapide du déficit en Glut1
En effet, le transporteur GLUT1 n’est pas seulement abondant dans les cellules endothéliales et gliales du cerveau mais se fixe également à la surface des globules rouges. Le nouveau test de diagnostic quantifie ainsi GLUT1 à la surface des globules rouges. Une simple prise de sang permet donc de réaliser le test sans qu’il soit nécessaire d’être à jeun et le résultat est disponible en 48 à 72 heures.
Une première preuve de précision : l’équipe vient de valider ce test sanguin auprès de 549 patients, suspectés d’avoir la maladie, et 87 patients déjà diagnostiqués. L’essai révèle que le nouveau test METAglut1 présente une sensibilité d’environ 80%, une spécificité de plus de 99%, et une valeur prédictive élevée, soit une performance comparable au test de référence.
« Ces données nous permettent de valider formellement l’intérêt du test », précise l’auteur, qui ajoute « qu’en cas de résultat positif, le traitement peut être démarré immédiatement, améliorant considérablement le pronostic, en particulier pour les enfants en plein développement cérébral ».
Les chercheurs appellent à réaliser le test chez tous les enfants à partir de 3 mois et les adultes présentant une déficience intellectuelle, des troubles du développement neurologique, des mouvements anormaux ou l’épilepsie.
Source: Neurology 5 June, 2023 DOI: 10.1212/WNL.0000000000207296 Prospective, multicenter validation of a simple blood test for diagnosing Glut1 deficiency syndrome
Équipe de rédaction SantélogJuin 28, 2023Équipe de rédaction Santélog