1001 films de Schneider : On the Waterfront
Sur les quais

Film américain réalisé en 1954 par Elia KazanAvec Marlon Brando (Terry Malloy), Eva Marie Saint (Edie), Karl Malden (le curé), Lee J. Cobb (Johnny), Rod Steiger (Charley Malloy), Pat Hening, Leif Erikson, James WesterfieldMusique de Leonard Bernstein, magistral.On doit un des plus beaux films tournés en noir et blanc à Boris Kaufman, le caméraman de L'Atalante. C'est lui qui signera les merveilleurses images des extérieurs de On the Waterfront. Kazan s'attaque à un sujet qui fait les manchettes des journaux depuis au moins une quinzaine d'années : la corruption des syndicats des dockers de New York et du New Jersey.Elia Kazan nous dit, par ce film, qu'il est, quelquefois, éthiquement nécessaire de dénoncer.On the Waterfront, c'est l'histoire de Terry Malloy confronté à sa conscience. Déchiré entre sa copine et le curé qui l'incitent à dénoncer un meurtre et son frère et les membres criminels du syndicat qui le menacent de n'en rien faire. Que doit-il faire. Que va-t-il faire ? Une prestation exceptionnelle de Brando qui jouent sur toutes les cordes de l'émotion.Dans cette histoire de criminels, il est agréable de voir se dessiner une idylle amoureuse entre le bum (Brando) et la sainte-nitouche (Eva Marie Saint - quel nom œcuménique !)Par ailleurs, le rôle du curé est insupportable par son omniprésence et sa condescendance chrétienne. Quand il arrive à la dernière scène du film on a une envie féroce de le pousser à l'eau.
Kazan, évidemment, envoie un message gros comme une maison à ses détracteurs suite à ses dénonciations de ses anciens collègues communistes devant le comité des affaires anti-américaines.
Sa contribution critiquée à l'enquête sur les activités anti-américaines (HUAC) au début des années 1950 marquera son œuvre dans laquelle l'on retrouvera de nombreuses références à cette période sombre de sa vie. Sombre parce que difficile de supporter l'opprobre qui l'entoura pendant des décennies et non pas parce qu'il était en désaccord avec la dénonciation de ses ex-camarades d'un groupuscule communiste clandestin auquel il avait appartenu pendant quelques années dans les années 30. Il n'a jamais regretté ce geste avant tout politique même si on a tenté de salir sa réputation en l'accusant de s'être vendu à la commission en échange d'une carrière à Hollywood, qu'il détestait royalement, en passant
Pour moi, deux séquences d'anthologie :1. La scène du gant échappé involontairement par Eva Marie Saint (Edie) que Brando ramasse, regarde et revêt. Certains y voit une façon métaphorique d'entrer dans la peau d'Edie : du grand n'importe quoi.
2. La scène du taxi où a lieu la confrontation entre les deux frères avec "le store vénitien" en arrière-fond.


Mon 325ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider