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La sauce délicieuse au vin qui sent mauvais

Par Estebe

Bien le bonjour,

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C’est un petit bouquin collectif qui vient de sortir aux éditions Campiche. Il s’appelle Récits sur assiette et contient 22 textes courts commis par des auteurs romands et réunis par la formidable romancière Corinne Desarzens. Vingt-deux textes donc, tournicotant autour de la cuisine: souvenirs d’enfance, expériences exotiques, rêveries gourmandes. Un saucisson emballé dans le journal. Un python frit. Des pruneaux japonais confits au vinaigre poivré. Et tout ça, quoi.
Bref, là au milieu, il y a un petit quelque chose de votre Dr. Slurp chéri.
Oui, je sais, ça commence à devenir lourd. Après le livre pour mioches corsaires de la semaine passée, revoilà qu’on plastronne en vous exhibant notre pléthorique production littéraire sous le pif.
On entend déjà les commérages désagréables bruisser dans les couloirs de la blogomiam. «Ya Estèbe qui fait encore le mariole à la librairie! Mais il se prend pour qui? Pour l’Amélie Nothomd de la poêle Téfal? Pour le Lignac du Léman
Pliiiiise, ne soyez pas sévères. Il ne s’agit là que d’un malheureux télescopage de calendrier. Et notre contribution à ces Récits sur assiette s’avère d’une modestie majuscule.
D’ailleurs, la voici.

La sauce délicieuse au vin qui sent mauvais

".....Voilà une recette à l’usage des gens qui ont de la bouteille mais toujours pas le cran d’en vider une dans les égouts sous prétexte qu’elle fleure le chien mort.


Il y a (assez) longtemps, nous étions jeunes et simples. L’alcool coulant était la bière. Ou la vodka. Ou je ne sais quoi. Mais le vin n’occupait qu’un strapontin. Puis le vin vint. Nous étions jeunes et simples. Le vin arrosait les repas. N’importe quel vin, dans n’importe quel état. Quel bonheur… Puis le vin changea de statut. On s’y intéressa. On apprit à goûter avant d’engloutir. Les problèmes commencèrent. Que faire des bouteilles un brin bouchonnées, bizarres ou oxydées? On les but, pendant un temps. Nous étions encore jeunes mais déjà plus très simples. Puis tout s’accéléra. Bientôt, on ne put plus avaler un breuvage puant. On dut s’habituer à verser, en fin de soirée, des flacons entiers dans l’évier. Un crève-cœur. Et l’âge n’y fait décidément rien.

Avertissement. L’affaire marche bien avec un rouge souple, un rouge de fruit, un blanc ou un liquoreux. Avec un rouge super tannique, c’est dur. Avec un vin variment über méga liégeux itou.

1- Verser la bouteille malade dans une casserole et porter à petite ébullition. Faut que ça réduise.
2- Aromatiser. Avec du romarin en branche, de la cannelle, un clou de girofle ou deux. Plus deux ou trois choses qui vous inspirent (laurier, thym, cumin, piment…). Faut aussi de la douceur. Sucrer avec du sucre de canne, et ajouter un ou deux carrés de chocolat. Insister si le vin est trop rêche.
3- Laisser réduire jusqu’à la moitié. Ou plus. Ça sent bon dans la cuisine. Filtrer et verser dans un récipient susceptible d’aller au congélateur. Un récipient assez grand, autrement ça perle.
4- Un jour, vous faites une côte de bœuf. Une épaule d’agneau. Un rôti de porc. Et vous vous dîtes "tiens, j’ai ce truc au congélo". Faites décongeler. Puis re-réduisez dans une casserole jusqu’à obtention d’un sirop. Ou presque. Liez d’une grosse noisette de beurre. Et rectifiez le sucre, les épices et l’amer selon humeur. Nappez la viande. Les convives se pâment. Et vous ricanez in petto en repensant à la mirobolante métamorphose du vin malodorant...."

Bien à vous


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