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Isabelle a rencontré Hélène Thibon (Mas de Libian)

Par Daniel Sériot

Mas de Libian : entretien avec Hélène Thibon

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I – Présentation du Domaine :

D’où vient le nom de Mas de Libian ?

Libian est le nom d’une gentilhommière, que notre famille a acquise en 1670. Elle vivait en autarcie.

Ce n’est qu’en 1970 que l’on a décidé que l’on vivrait de vin exclusivement.

Nous avons bénéficié d’un don important, d’un ami suisse, pour nous aider à construire notre cave. Et nous avons pu agrandir en 1982.

L’esprit Mas de Libian, c’est avant tout une situation. Nous sommes le plus au Nord des appellations du Rhône Sud. Les parcelles sont situées sud/sud-est et pour les syrah, plutôt plus au Nord.

Faisons connaissance

Vous apparaissez comme étant trois sœurs très unies par le monde du vin. Avez-vous le sentiment d’une complémentarité professionnelle en faveur de Mas de Libian ?

Evidemment ! Quand nous nous voyons, on parle beaucoup ! … Que de vins, bien sûr !

Et de dégustations.

On est toutes les trois dans le vin. Catherine est responsable de labour.

Cécile travaille en Faculté d’oenologie. A l’école de Denis Dubourdieu, et elle fait des recherches pour Yquem.

C’est un réel plaisir que de profiter des apports professionnels de notre sœur. Elle travaille actuellement à Bordeaux, en recherche œnologique. Avec Denis Dubourdieu..

Lorsque nous devons faire face à un problème, elle est souvent celle qui a la réponse.

Nous sommes donc trois familles. Avec des enfants, à qui il faut transmettre la douceur de vivre de ce domaine…

Pensez-vous transmettre ?

Pour ce qui est de la transmission : c’est évident ! On plante unevigne pour nos enfants.

Plus généralement, vous considérez-vous comme un grand amateur de vins ?

Je me sens effectivement amatrice.

Lorsque nous partons en vacances, il faut que ce soit pour découvrir une région viticole. Qui, de toute façon, culturellement, nous apportera de plus belles richesses que partout ailleurs.

Votre oenophilie privilégie-t-elle certaines régions, appellations ?

J’aime beaucoup les vins du Val de Loire.

Quel est le seul vin que vous emmèneriez sur une île déserte ? Quel est pour vous le vin mythique ?

Mon meilleur souvenir reste un Hermitage blanc de chez Chave, 1998.

Je ne crois pas qu’il existe réellement un vin mythique ; il y a juste un vin que je peux aimer plus qu’un autre.

Et si je devais être seule sur une île déserte, alors je ne prendrais pas de vin. Un livre, oui, mais pas un vin. Car un vin ne se boit pas seul.

Quel parti tirez-vous des critiques œnologiques ? Sont-elles ou non un guide ?

Je lis toutes les critiques.

Parce que mon vin est fait avec sincérité et qu’il a une âme, pour moi. Il’est un exercice difficile, celui de présenter mes vins. On se dévoile beaucoup à travers eux, et j’ai parfois le sentiment de donner mes vins en pâture. Et ma famille qui les représente.

Pour autant, ces critiques ne sont pas un guide, non. On a conscience de ses défauts, et le pire juge c’est nous. Alors on se fait des accommodements.

Parfois, on peut y lire néanmoins un point repéré plus spécialement par un critique qui peut-être alors un élément déclencheur, pour réfléchir un peu autrement.

Une de vos cuvées porte le nom de ce poète Khayyam (d’ailleurs vous le citez en première page de votre site). En quoi ces écrits vous fascinent-ils ? Quelles images, quelle philosophie trouvez-vous attachées à ces poèmes ?

La poésie de Khayyam m’était racontée par mon père en guise de conte. Elle a été comme une musicalité qui nous a imprégnées, et nous a accompagnées, tout au long de notre enfance. On a grandi et on a fini par l’aimer. C’est essentiellement son rapport à la religion qui nous a frappé.

Par exemple, Khayyam raconte que Dieu ne veut pas punir, car s’il punit alors c’est qu’il est l’égal de Dieu.

C’est un mystique, pourtant dans la mouvance du carpe diem…

Certains s’accordent à dire que le vin connaît de nos jours une crise. Partagez-vous cette idée ?

Oui, une crise viticole et une crise économique qui se cumulent.

Certaines caves aujourd’hui sont remplies et ne se vendent pas.

Mais, beaucoup de viticulteurs ont le retour du bâton : il y a vingt-cinq ans qu’ils ne font rien ! Ce qu’ils ont fait à leur terre n’est que justice.

C’est une crise qu’on a préparée, elle est arrivée et elle explose.

Dans votre parcours, est-il des figures emblématiques ?

Oui, les frères Alary à Cairanne, du domaine de L’Oratoire Saint Martin… Ils ont nous beaucoup épaulées

Ensuite, le Domaine Chaume-Arnaud, à Vinsobres

Jo Pithon, bien sûr…Lafarges à Volnay et Pierrette et Marc Guillemot, à Viré-Clessé

Nous étions entre vignerons, attablés, autour d’un bon repas où régnait la joie de vivre, de ce type de réunion, où l’on accumule des alignements de bouteilles sans nombre ! Au début, bien sûr, on crache, ensuite un peu moins, on discute toujours et on ne fait plus beaucoup attention. Et puis, on lève un verre, on le goûte et là on s’arrête. Le vin touche au cœur ! Et on se dit qu’on est con de ne pas faire comme cela !

C’était un vin de Guillemot, en biodynamie…

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A suivre....

Isabelle


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