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La délicate question des échantillons soumis à dégustation

Par Mauss

On sait à quel point certains crus présentés aux dégustations des "primeurs" bordelais sont "travaillés" de façon à plaire aux dégustateurs. Les courtiers et négociants sont bien les premiers à savoir pondérer ce qui leur est présenté, ainsi que quelques très rares journalistes.

Rappel d'une idée : présenter les primeurs uniquement aux courtiers/négociants. C'est leur métier et ils le pratiquent tous les jours. OK : c'est un rêve… mais on a le droit de l'écrire.

On sait aussi que pour le nouveau classement des saint-émilions, les échantillons dégustés professionnellement à l'aveugle par les comités idoines ont été directement fournis par les propriétés.

C'est là que le bas blesse.

On s'explique :

Au GJE, il nous a souvent été reproché par la propriété, quand les vins étaient acquis ici ou là sur le marché (cavistes, négociants) d'avoir des bouteilles n'ayant pas forcément connu un stockage idéal.

Majoritairement, nous avons donc effectivement acquis des vins directement aux domaines concernés, avec l'exception remarquable de la dégustation des premiers et deuxièmes crus classés bordelais pour la session Lascombes où tous les vins ont été acquis à la même source : Lavinia à Paris.

Comme les notes de dégustation vont compter pour 50 % de la note finale (30 % pour les "premiers grands crus classés"), il eut fallu, dans le règlement, imposer une acquisition des vins tels qu'ils sont proposés aux amateurs, aux acheteurs, à savoir une acquisition dans le négoce ou chez des cavistes. On écartait ainsi, de façon magistrale, les éventuels soupçons de bouteilles "spéciales-dégustations", un couac qui, probablement, va émerger ici ou là lors de la publication des résultats en septembre ou octobre.

Bien sûr, rien n'est parfait en ce bas monde. Bien sûr, le critère du prix ne peut être considéré comme le seul valable, tant il est vrai que s'il est basé ± sur la qualité du produit, il y a bien d'autres paramètres qui interviennent dans son montant : marketing, histoire, classements, mode, réseaux, etc.

Alors : vers quoi va t'on ? 

Avec une première question : à quoi sert un classement qui, à l'inverse de ceux basant la Bourgogne (le terroir), est basé sur des éléments qui, forcément, peuvent évoluer : qualités du producteur, image actuelle du cru sur le marché, style du vin ?

Il doit être une locomotive pour la région et/ou l'appellation concernées. En espérant naturellement que cette locomotive ne rejette pas dédaigneusement les wagons qui suivent.

Il est une des bases de la valeur foncière des propriétés, ce qui n'est pas peu.

Mais si, dans une même catégorie de classement, vous avez des crus qui vont de < € 10 à > € 100 (ce qui risque d'arriver pour le prochain classement des saint-émilions), il se peut que le réel classement qui sera pris en compte par les professionnels sera celui des prix constatés dans le négoce qui reste, quelque part, le juge de paix dans la région.

Bon : pas de pré-jugements intempestifs : attendons les résultats en espérant qu'on n'aura pas, dans cette belle rive droite, pénalisée par la petite taille des propriétés, une sorte de classement ± identique à celui des bourgeois. Saint-Emilion mérite mieux et l'impact sera d'autant plus fort si on évite la politique du baccalauréat :  le donner, alors même que la simple notation de l'orthographe ramènerait les taux de réussite à une valorisation plus forte de ce diplôme historique.

Mais ça, c'est une autre histoire, qui, comme toutes, peut avoir des angles de vue bien différents :-)


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