Magazine Culture

"Black Summer Une enquête de Washington Poe" de M. W. Craven (Black Summer)

Par Cassiopea
Black Summer Une enquête de Washington Poe (Black Summer)
Auteur : M.W. Craven
Traduit de l’anglais par Sebastian Danchin
Éditions : L’Archipel (7 Septembre 2023)
ISBN : 978-2809845938
410 pages

Quatrième de couverture

Jared Keaton, le chef étoilé le plus célèbre de Grande-Bretagne, est en prison pour l'assassinat de sa fille unique, Elizabeth. Son corps n'a jamais été retrouvé mais le témoignage de l'inspecteur Washington Poe a convaincu les jurés. Affaire classée. Jusqu'à ce qu'une jeune femme prétende être... Elizabeth. Ce que les analyses confirment ! Keaton est aussitôt libéré et Poe se retrouve en fâcheuse posture. Le chef a juré sa perte, et il a eu six ans pour mijoter sa vengeance.

Mon avis

Jared Keaton est le boss en matière de cuisine. Son restaurant étoilé vous sert une longue liste de plats, des ortolans (berk, pauvres petites bêtes) et sa réputation n’est plus à faire. Mais depuis six ans, il est en prison car l'inspecteur Washington Poe l’a coincé pour le meurtre de sa fille Elizabeth, bien qu’on n’ait pas retrouvé son corps. Son second et ses employés font tourner le bistrot et lui il attend patiemment de pouvoir sortir.

Mais coup de théâtre, Elizabeth réapparaît et le chef cuistot est libéré. Poe n’en croit ni ses yeux, ni ses oreilles. Pourtant les tests sanguins le prouvent, il n’y a pas de doute, c’est bien elle. Où était la jeune femme pendant les années écoulées depuis sa disparition ? Que s’est-il réellement passé ? Que peut dire Poe face à cette énorme erreur judicaire ? Il se retrouve face à Keaton qui jubile devant le désarroi de l’enquêteur. Pourtant sa conviction profonde est que l’homme est coupable.

Le lecteur est pris entre deux tendances : le fait qu’un innocent ait pu être condamné à tort et en parallèle, le fait qu’un policier sûr de son fait, plutôt bon, ait pu se tromper. Poe décide de se faire aider par Tilly Bradshaw, une jeune geek végétarienne. Ces deux-là n’ont rien en commun et pourtant, ils feraient tout l’un pour l’autre ! Un duo tout à fait improbable et qui fonctionne à merveille. Lui, perdu face aux nouvelles technologies et elle, capable de trouver la faille en recherchant des informations sur le net qu’elle croise et entrecroise. Lui sauvage et parfois taiseux, elle sans filtre (elle a probablement quelques traits autistiques, vu qu’elle n’a pas les codes sociaux pour communiquer avec les autres).

Ce roman se déroule dans le Crumbria en Angleterre. C’est un coin particulièrement vide d’habitants où Poe s’est installé dans une ancienne bergerie avec un groupe électrogène, son chien, ses bières et son alimentation pas toujours équilibrée. J’aime l’atmosphère qui se dégage de ses lieux presque déserts et que l’auteur retranscrit à la perfection.

Les événements présentés sont particulièrement bien pensés. On se demande qui manipule qui, dans quel but et la vérité d’une page n’est pas forcément celle de la suivante. Il y a du rythme, du suspense, de l’action avec en toile de fond les déboires de Poe avec ses voisins, ses chefs… On n’est pas seulement focalisé sur Elizabeth et son père, il y a d’autres situations à se mettre sous la dent (ou sous l’œil puisqu’on lit).

L’écriture est vive, addictive. C’est l’excellent Sebastian Danchin qui a assuré la traduction et ça se voit, merci à lui. C’est fluide, agréable à lire, on est proche des personnages et on n’a qu’un souhait : découvrir la fin. J’apprécie également que M.W. Craven glisse des pointes d’humour.

« Le gros tenta de fuir, mais il était à peu près aussi rapide qu’une odeur tenace en l’absence de vent. »

C’est très intéressant de voir comment le raisonnement de Poe et de ceux (peu nombreux) qui le soutiennent évolue. On a presque l’impression de voir les rouages de son cerveau se mettre en place. Aidé de Tilly, il essaie de comprendre ce qui lui a échappé et nous, lecteurs, on se régale de suivre tout ça !

Un recueil comme je les aime, plaisant et instructif, avec une intrigue captivante !


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazines