L’amour de Keith Richard pour George Harrison : “George était un artiste mais aussi un putain d’artisan”

Dans les annales de l’histoire du rock, les deux grands groupes de guitares les plus cités comme maîtres sont les Rolling Stones et les Beatles. Il semble donc quelque peu étrange que la plupart des listes des dix plus grands guitaristes de tous les temps ne mentionnent pas Keith Richards et George Harrison. L’implication, peut-être, est que leur travail est vénéré, mais que leur talent ne l’est pas.

Pourquoi en est-il ainsi ? Keith Richards a lui-même réfléchi à ce dilemme à plusieurs reprises. Lorsqu’il a cité certains de ses guitaristes préférés de tous les temps, Richards a expliqué : “Le problème, c’est qu’il y a Jimi Hendrix, Eric Clapton, et puis il y a les gars qui peuvent jouer avec des groupes.” Et d’ajouter : “George était un groupe et un joueur d’équipe”.

“Les gens se laissent emporter par les guitares solo […] et les commentaires”, a déclaré Richards. “Et ce n’est que de l’histrionisme, en fin de compte”. Selon lui, il y a un fossé entre servir une chanson et s’en vanter. Les Fab Four auraient-ils vraiment eu le même mélange et la même musique qui reste transcendante si Harrison avait voulu enchaîner les hammer-ons au lieu de se concentrer sur son slide unique qui épousait parfaitement les grooves des mélodies de Lennon-McCartney ? C’est ce qu’évalue Richards lorsqu’il conclut : “George était un artiste, mais aussi un putain d’artisan.

La notion d’artisanat par rapport à la capacité perçue est l’une des mieux expliquées par nul autre que Ringo Starr. Comme l’a fait remarquer le batteur : “Au début, à cause des auteurs-compositeurs, qui sont une force très puissante dans les Beatles, John et Paul étaient surtout les chanteurs, et moi, je ne faisais que jouer de la batterie et hocher la tête, si bien que je n’ai pas été remarqué.”

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Mais c’était voulu, comme il le poursuit : “C’est un batteur extraordinaire, mais les batteurs ont tendance à ne pas se faire remarquer. Le batteur est la force motrice, mais lorsque vous avez des auteurs-compositeurs de ce calibre et des chanteurs, ils préfèrent de loin parler des chansons et des auteurs”.

En fait, Harrison était passé maître dans l’art de servir les chansons. C’est un art en soi, tout aussi complexe et exigeant que le solo. Comme l’a déclaré Richards : “Ce que je sais, c’est qu’il était un excellent guitariste solo, merveilleusement discret”.

Et de conclure : “Lorsque vous écoutez ses chansons, vous vous rendez compte de tout ce qu’elles impliquent. Il ne laissait rien passer. George travaillait très, très soigneusement, et tout avait son propre feeling”.

Ainsi, en tant que musicien spécialisé dans les riffs, Richards a souvent vu une sorte de parenté avec Harrison. Tous deux n’ont peut-être pas récolté les louanges d’Hendrix ou de Clapton, mais ils affichaient tous deux un style singulier qui, en fin de compte, s’est avéré dix fois plus influent sur l’avenir de la musique pour guitare.

Comme le rappelle son fils Dhani Harrison : Mon père m’a dit un jour : “Je joue les notes que vous n’entendez jamais”. Il s’est concentré sur le toucher et le contrôle en partie parce qu’il n’a jamais pensé qu’il était vraiment bon. Il savait qu’il était bon dans des domaines plus restreints : ne pas faire de fausses notes, ne pas faire vibrer les cordes, ne rien jouer qui puisse vous ébranler. Tout le monde a joué toutes les autres conneries”, disait-il. Je joue juste ce qu’il reste”.