La nuit du 5 au 6 juillet dernier marquait le 10ème anniversaire du plus assassin drame pétrolier au Québec. 47 humains trouvaient la mort dans l'explosion d'un train fantôme au centre-ville de Lac Megantic plongeant la communauté, la province, le pays, dans l'effroi et la consternation. Qui étaient ces gens qui ne devraient jamais être oubliés ?

Marie-Semie Alliance avait 22 ans. Et une petite fille de 18 mois. Son copain, Jimmy Sirois, 30 ans et eux deux habitaient un appartement tout juste en face du bar Musi-Café. Il faisait extraordinairement chaud ce soir de juillet-là. Tant que Marie & Jimmy ont demandé à grand-maman de venir prendre la petite pour la soirée. Sauvant du même coup la vie à celle qui a aujourd'hui, 10 ans, et qui deviendrait orpheline. Grand-maman se consolera en disant qu'elle a, malgré elle, sauvé une vie. Marie-Semie et Jimmy allaient se marier.
Réal Custeau avait 57 ans. Il vivait dans un appartement aussi, tout près du Musi-Café. Il était en compagnie d'un ami, Stéphane Lapierre, 45 ans, aussi décédé. Ils n'ont eu aucune chance dans l'immense explosion. Ironiquement, tristement ironiquement, son grand-père, Ludger Pouliot, est aussi décédé dans cet appartement, qui avait pris feu criminellement, en 1977. Un feu né dans une poubelle au pied du même immeuble.

Michel Guertin Junior avait 33 ans. Il était mécano. Il était passionné de voitures depuis ses 16 ans. Il était papa d'un garçon de 9 ans et d'une fille de 8 qu'il avait avec sa conjointe Sandy Bédard. Il s'offrait une soirée entre amis avec David Martin, au Musi-Café. Martin avait 36 ans.
Yvon Ricard, chansonnier ce soir là, devait sa survie au fait qu'il fumait une cigarette en périphérie sur la terrasse et a vu ce qui s'en venait. Il n'a jamais surmonté ce qu'il a vécu ce soir-là, s'est enlevé la vie 2 ans plus tard.

Jean-Pierre Roy avait 56 ans, Eliane Parenteau avait 93 ans. Ils étaient cousins et tante de la brave mairesse de Megantic, Colette Roy Laroche.


Jacques Giroux, 65 ans, Denise Dubois, 57 ans, Wilfrid Heinz Ratsch, 77 ans, Louisette Poirier-Picard, 76 ans, sont 4 des 5 corps qui n'ont jamais été retrouvés.
Lucie Vadnais avait 49 ans, exploitait une garderie. Elle était adorée par les enfants qu'elle gardait. Marie-France Boulet, 62 ans, propriétaire de la boutique Marie-Loup, près du chemin de fer, habitait au dessus de sa boutique avec son partenaire amoureux Richard Veilleux, 63 ans. Karine Lafontaine, 35 ans, s'y trouvait avec son mari, Pascal, qui lui s'en est tiré. Ils ont deux enfants, ensemble.

Stéphane Bolduc fêtait ses 37 ans. Sa blonde, Karine Champagne, 36 ans y était aussi. Ils avaient 2 enfants. Le couple de Gaetan Lafontaine, 33 ans, et Joanie Turmel, 29 ans, y étaient aussi pour un anniversaire. Ceux-ci étaient parents de 2 jeunes enfants également. Diane Bizier était la mère de 46 ans d'une fille de 17. Marie-Noëlle Faucher, 36 ans, était aussi mère, mais d'un fils de 15 ans. Natachat Gaudreau était mère de 2 enfants et avait 41 ans.
27 orphelins seraient faits cette nuit-là.


Pascal Charest a perdu ses 2 enfants et sa conjointe duquel il s'était temporairement séparé. Ils étaient maintenant relativement réunis, mais ne s'étaient pas rejoins dans le même appartement encore. Thalita Coumi-Bégnoche avait 30 ans, Alyssa Charest Bégnoche et Bianka Charest Bégnoche avaient respectivement 4 et 9 ans dans un appartement trop au centre des explosions. Yannick Bouchard, 36 ans, avait un appartement au dessus du Musi-Café. Il y vivait avec sa mère qui était, "heureusement pour elle", absente ce soir-là.

Sylvie Charron avait 50 ans. Cuisinière toute sa vie, elle tenait un restaurant dans la ville de Woburn tout près, laissait dans le deuil son amoureux des 23 dernières années et ses 2 enfants de 7 et 12 ans. Elle était accompagnée d'une amie qui s'en est sortie et qui l'a vue périr sous ses yeux.


Kathy Clusiault avait 24 ans, arrivait au centre-ville de Lac Mégantic depuis peu afin d'y ouvrir son propre bureau de physiothérapie. Melissa Roy avait 29 ans et pratiquait le jogging avec son amoureux, qui, dans les jours suivant le drame, est venu déposer un de ses espadrilles à elle au pied des marches de l'église du village.
La nuit du 5 au 6 juillet 2013 était une des plus belle nuit d'été possible, mais aussi la pire nuit humaine possible.
Ces 47 âmes sont des sacrifices puisqu'il n'y a jamais eu de coupables pour cette tragédie. Rien n'a changé, le train passe toujours au même endroit.

La télévision Québécoise, sous la plume de Sylvain Guy et sous la direction de Alexis Durand-Brault nous présente actuellement les mardis soirs, la série Mégantic, tournée autour de ces jours tragiques, dans la "fiction", mais avec une fin bien réelle.
Plongée difficile sur nos vies si fragiles.
