Vue notamment dans Babysitting ou encore Épouse-moi mon pote, Charlotte Gabris n’est pas uniquement l’amie rigolote de la bande à Fifi. La comédienne suisse souhaite montrer au public français qu’elle est capable d’investir des univers beaucoup plus sombres, bien loin des pitreries qui rythment les films de Philippe Lacheau,
La semaine passée, on a s'en rendre compte en échangeant avec elle au Café des réalisateurs du festival Filmoramax et on a pu lui parler de son court métrage Celle qui n'avait pas vu Friends ainsi que du livre qu'elle a paru en 2020, le très plaisant " Déjeuner en paix", qui nous avait beaucoup surpris quand on l'a rattrapé au vol.
En effet, quand un ou une humoriste se lance dans un roman on s'attend souvent à avoir un stand up plaqué sous forme de récit avec pas mal de punchlines et de saillies plus ou moins efficaces..
C'est un peu le cas avec ce premier roman de l'humoriste suisse Charlotte GABRIS- vue au cinéma dans des grosses comédies populaires genre Babby Sitting- mais c'est aussi un peu mieux que cela... ses monologues croisées de deux femmes totalement différentes qui se jaugent à la terrasse d'un café est en effet l'occasion pour l'autrice de disséquer pas mal de sujets régulièrement abordé dans les seuls en scène- relations de couple, image que l'on renvoie aux autres, superficialité, paris contre province- mais également de découvrir une plume alerte et pétillante qui évite maladresses et lourdeurs..
Et surtout le texte force le respect par sa construction et son dénouement, qu'on avait pas forcément vu venir et qui rend l'ensemble plus profond et émouvant qu'attendu.
Difficile dès lors de ne pas partager notre enthousiasme à Charlotte lors de notre rencontre
Comment est né l'idée de ce roman?
D'éjeuner en paix n'était pas forcément prévu au départ, c'est un joli accident on va dire.
J'ai rencontré une éditrice un peu hasard et je lui ai parlé de cette idée de récit que j'avais en tête. Elle m'a dit allez-y, commencez avec quelques pages,
J'avais un peu peur au début, puis j'ai découvert la fantastique liberté de l'écriture d'un roman.
À la différence d'une pièce ou d'un » seul en scène « qui suivent un fil conducteur, avec un texte jalonné par une histoire qui doit avoir une chute et répond à des exigences de rythme pour retenir l'attention du public, là, je n'avais pas de contrainte, pas de codes à respecter.
Comment passe-t-on du statut de comédienne à écrivaine ?
Charlotte Gabris : J’ai toujours beaucoup écrit. Des sketchs, des chroniques radio, une pièce de théâtre… Pour moi, c’est aussi vital que de jouer.Écrire, c'est tout le temps. L'attente, c'est trop dur. ce qui fait que je ne peux pas n'être qu'actrice. En plus, j'ai besoin d'écrire.
Quand ce n'est pas pour moi, c'est pour les copains.
Même si le roman a déjà trois ans, j'ai toujours l'espoir fou qu'un metteur en scène aura un coup de coeur pour le livre, car je rêve d’interpréter sur scène les deux personnages.
L'histoire de ces deux femmes qui déjeunent seules en terrasse est aussi l'occasion pour vous d'aborder ce qui se passe entre deux femmes, pas toujours aussi bienveillants que ce qu'on aimerait à l'heure ou l'on prone la sororité à tout crin ?
Le jugement féminin, qui me fait rire et, parfois, me fait peur.Aujourd’hui, nous avons tellement de combats à mener, comme pour le droit à l’égalité, que nous devons être solidaires.
Le jugement féminin m'a toujours interpellée, cette façon qu'ont certaines femmes de critiquer leurs congénères, de les détailler et de les disséquer sans aménité. Je me suis toujours demandé pourquoi les femmes n'étaient pas plus tendres les unes envers les autres.
Les hommes ne pratiquent pas cet exercice. On devrait être plus solidaires et bienveillantes les unes envers les autres Parce qu'on ne nous a pas appris à nous aimer.
L'image reste importante. Nous subissons une pression folle : on doit être belle, professionnelle, maternelle, efficace et pas fatiguée !
On nous demande une impossible perfection, dans tous les domaines. J'ai envie de dire aux femmes : acceptez-vous telles que vous êtes.
En atelier réalisation avec un des rédacteurs de Baz'art
Un mot sur votre court métrage CELLE QUI N'AVAIT PAS VU FRIENDS présenté à Filmoramax ?
Le pitch est simple : Greg retrouve sa future femme Rachel quelques minutes avant la cérémonie.
Elle est si belle, il envie de dire « Oh Mon Dieu – Oh My God ! » en référence à un personnage de la série Friends. Sauf que Rachel ne comprend pas sa blague, elle n’a jamais vu la série. Greg est choqué, il ne veut plus se marier.
J'ai tourné avec que des proches notamment Alice David, comédienne de la bande à Fifi aussi membre du Jury Filmoramax, une véritable soeur de coeur.
C'était important pour moi de n'être entourée que de gens avec qui je me sentais bien pour cette aventure.
Autant j'étais à l'aise sur la partie écriture car je viens de là et même sur la direction d'acteurs exercice que j'adore autant sur la partie technique j'avais plus de lacune mais j'étais parfaitement entourée
L'idée de votre scénario justement est arrivée comment?
J'ai eu cette idée lorsque j'ai diné avec une amie qui n'avait jamais vu la série et j'ai été assez sidérée et lui ai demandé comme le personnage dans le film ce qu'elle avait fait de sa vie dans les années 90 tant j'avais l'impression que cette série était universelle et générationnelle.
Plus tard je me suis interrogé sur ma réaction, et sur ce que cela suppose en termes de gouts en communs, de ne pas faire comme les autres.
Je voulais même appeler d'abord mon film "Moutons" avec un plan fixe de 2 minutes sur des moutons mais on m'a bien fait comprendre que ca n'allait pas etre très vendeur et puis la série "Friends" commence toujours par l'incipit "celle ou celui qui ", c'était évident d'en faire mention pour que cela parle de suite au spectateur..
J'ai entendu dire que l'aventure de ce court allait peut etre se prolonger en long..
Oui, c'est le projet en tout cas
Mais c'est un peu tot pour en parler, j'en suis encore au stade de l'écriture mais j'aimerais beaucoup..
Le long commencerait comme le court pendant 10 minutes et ensuite on imagine la suite.
.J'aimerais bien qu'il soit diffusé sur les plateformes en lien avec la série Friends mais pour l'instant tout est encore très prémature..
Sinon, Charlotte, pour finir sur une note un peu amusante, un mot sur votre pire souvenir de votre carrière?
Oh la.... eh bien il est cuisant : À l’âge de 22 ans, j'ai tourné avec un one-woman-show intitulé "Comme ça c’est mieux" . Un beau jour, sollicitée par une entreprise, je suis montrée sur les planches face à des spectateurs entièrement déguisés en Gaulois. Tout le monde avait beaucoup bu, les gens étaient ivres,
Après quelques minutes, il y en a un qui a crié « Ta gueule, on veut pas de ton spectacle, on veut des blagues sur l’entreprise ! ” Ensuite, ils ont répété en hurlant et en chœur “On veut des blagues sur l’entreprise" .
C'était horrible et je crois bien que jen cauchemarde encore ( rires) .