

On jouait R.E.M. , The Cure, Bowie, The Clash, Led Zep, les Stones, The Doors, qui redevenaient populaires avec la sortie du film d'Oliver Stone. C'est justement en spectacle dans le café du CEGEP qu'une fille nous avait remarqué et qu'elle en avait parlé à ses parents qui étaient propriétaires d'un magasin de plantes, de fleurs et de décoration qui s'appelait Le Pédoncule Charnu. Ils étaient ouverts depuis moins d'un an et cherchait à attirer plus de gens et cette fille, et ses deux parents, avaient pensé que ce serait une bonne idée de nous embaucher afin de faire un spectacle de musique dans leur magasin.
Ils allaient nous payer.


Nous nous sommes pointés avec nos kits (mais pas Michaud) à 4 et sommes restés stupéfaits de constater qu'il n'y avait pas vraiment d'endroit pour nous pour y jouer. Pas de scène, mais surtout pas de prises de courant proches. Enfin, une, de deux branchements (les prises multibranchements n'existaient pas vraiment encore ou nous étions trop bêtes) Et nous avons tout juste pu brancher les amplis de Kluzak et Goyette et leurs instruments avec d'habiles combinaisons de rallonges que nous avions, mais j'ai dû jouer acoustique et aucun micro n'a pu être branché, j'ai (on a) chanté de vive voix.

On avait très bien joué. Dans cette même semaine, on avait joué le dimanche d'avant dans une pizzeria de Cap-Rouge, et pratiqué les mardis et le jeudi, cette dernière journée, précisément pour ce vendredi. On avait appris le mercredi qu'on serait en spectacle. Comme on disait dans le jargon, on jouait "tight". Serré. Orange Crush, The One I Love, Love Me Two Times, Going to California, Pretty Girls Make Graves, Rebel Rebel, Spanish Bombs, Lost in the Supermaket, Dead Flowers, Time Waits For No One. The Passenger avait particulièrement attiré l'attention. Leur fille nous avait filmé. Avec des yeux amoureux pour notre bassiste.



Ils nous avaient présentés comme des "amis de leur fille", ce que nous n'étions pas encore, mais Goyette serait son partenaire de vie, un certain temps par la suite.
À la fin de ce 4ème set, une dame était venue nous voir pour nous demander si nous n'étions pas supposés être à l'école.
Oui, mais non, avions nous en somme, résumé vaguement.
Elle nous avait dit que sa propre fille voulait aussi faire partie d'un band, qu'elle jouait de la guitare. Ça nous avait allumé. Nous voulions ajouter une femme au band, si elle jouait d'un instrument, justement. (Ça ne ferait pas avec elle) Nous étions content de nous, on ne croyait pas jouer au bon endroit pour chanter des fleurs mortes, mais étions content de leur chanter drink in your summer, gather your corn, the dreams of your night time, will vanish by dawn.

Puis la dame nous as redescendu sur terre.
"Ma fille veut poursuivre ses envies musicales mais je ne voudrais pas qu'elle finisse comme vous"
(...)

Bouche la bée.
Puis on a ri quand elle a quitté.
Çe fût notre seul (multi)spectacle(s) au Pédoncule Charnu dans notre illustre carrière.
Nos racines étaient ailleurs. C'était pas notre clientèle.
On avait le monde à conquir.