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« Sur l’Adamant » de Nicolas Philibert

Par Etcetera
« Sur l’Adamant » de Nicolas PhilibertAffiche du film

D’habitude, je consacre le mois d’octobre au thème de la maladie psychique. Cette année, ce ne sera pas vraiment le cas, mais je tenais cependant à raviver cette coutume avec au moins un article.
En avril 2023, à sa sortie en salles, j’ai pu voir ce documentaire de Nicolas Philibert à propos d’un hôpital de jour (psychiatrique) – un film qui a obtenu l’Ours d’Or à la 73è Berlinale.

A propos du cinéaste

Nicolas Philibert, né en 1951, est célèbre pour avoir réalisé en 2002 un autre documentaire « Etre et avoir », sur le quotidien d’une école primaire de village, qui a obtenu de nombreuses distinctions et un grand succès à travers le monde. Il avait déjà réalisé en 1997 un documentaire dans un cadre psychiatrique « La Moindre des choses ». D’autres films ont marqué sa carrière : Le Pays des sourds (1992), Nénette (2010), La Maison de la radio (2012).

Note Pratique

Genre : Documentaire
Date de sortie en salles (France) : 19 avril 2023
Distinction : Ours d’Or à Berlin
Durée : 109 minutes

Présentation du film

À l’Adamant, centre de jour situé quai de la Rapée dans le 12e arrondissement de Paris, on accueille sur une péniche des adultes souffrant de troubles psychiques. On y pratique la psychiatrie institutionnelle : tournant le dos aux pratiques d’enfermement, cette approche s’appuie sur la dynamique de groupe et la relation entre soignants et soignés. Patients et soignants sont filmés pendant sept mois.
(Source : Wikipédia)

Mon Avis

J’ai été un peu étonnée que cet hôpital de jour nous soit présenté comme une exception, un havre de paix où les patients s’ébattent en liberté, comme si l’incarcération était la règle partout ailleurs. En réalité, la psychiatrie institutionnelle a toujours fonctionné avec des règles d’enfermement plus ou moins strictes (quand les patients sont en crise), alternant avec des règles de liberté plus ou moins souples, voire totalement souples (quand les patients sont stabilisés), donc je ne comprends pas bien ce que le cinéaste entend nous montrer de tellement exceptionnel – à part que ce lieu est établi sur un bateau, ce qui est un cadre effectivement insolite. Ici, nous voyons donc des patients plus ou moins stabilisés, calmes, sous traitement, et c’est très logique et très normal qu’ils soient libres de leurs allers et venues…
Pendant la séance, je me disais parfois que le but de Nicolas Philibert était de sensibiliser le grand public aux problèmes psychiatriques, d’améliorer l’image des fous dans la conscience des gens, et de casser certains préjugés tenaces à leur sujet, en montrant la fragilité, la gentillesse, les talents artistiques et l’humanité des malades psychiques – ce qui rompt radicalement avec les poncifs de dangerosité et de brutalité que l’on constate en général dans les médias.
Ce désir de montrer une image lénifiante de la folie part certainement d’un bon sentiment et d’un désir louable de sortir les fous de leurs ornières, mais j’ai trouvé parfois un excès de bons sentiments et une approche de la folie qui n’approfondit pas trop les sujets. Ainsi, certaines questions auraient pu être posées à ces patients – en particulier : « quelle est leur situation sociale, familiale, de quoi vivent-ils, que font-ils de leur existence quand ils quittent cet hôpital de jour, quels sont leurs buts ou projets, est-ce la solitude qui les pousse à venir là, trouvent-ils du plaisir à y venir ou est-ce par pur désœuvrement, est-ce qu’ils s’ennuient, est-ce qu’ils vivent en couple, jusqu’à quel point la folie les empêche de vivre, etc, etc…
J’ai trouvé, néanmoins, que ce documentaire avait le mérite de nous interroger sur les limites ténues entre folie et normalité : devant deux de ces patients, nous avons bien conscience de leur basculement dans l’irrationnel et le bizarre, et devant certains autres nous ne percevons pas de notable anomalie ou incohérence.
Un film intéressant, qui porte un regard humaniste et bienveillant sur la maladie psychique, mais qui reste un peu trop consensuel, en évitant les questions dérangeantes ou, en tout cas, les approfondissements plus précis.

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