CézanneDes Toits Rouges sur la Mer BleueMarie-Hélène LafonEditions Flammarion
Essai
Il y a Paul et il y a monsieur Cézanne. Il y a le père et la femme, le jardinier Vallier, le docteur Gachet et les écrivains Flaubert et Zola. Tout un monde. Il y a les toits rouges sur la mer bleue, les mains, le sucrier, le chapeau, l'argent et les secrets. Il y a les silences, épais. Marie-Hélène Lafon est allée vers Cézanne comme on "va au paysage". À corps perdu. Cet essai en est la trace éblouie.
On n'échappe pas au rythme, au phrasé de l'écrivaine, on entend presque sa voix lorsqu'on lit Marie-Hélène Lafon, et la beauté de ses mots ne nous échappe pas non plus. Même si les oeuvres de Cézanne peuvent nettement moins impacter le lecteur qu'elles ne persuadent Marie-Hélène Lafon, celle-ci parvient cependant à nous faire mieux saisir l'émotion que dispense une oeuvre telle que la Nouvelle Olympia que je trouve infiniment sommaire pour ma part, pas assez aboutie en tout cas dans son exécution, mais là n'est pas la question. L'autrice nous parle de couleurs, d'un rouge de guéridon, d'émotion, de quête obsessionnelle aussi. Pour d'autres tableaux, elle comprend ce qu'est "d'aller au paysage", et là, je retrouve des sentiments qui me sont propres.
On sent que cette oeuvre lui était indispensable de concevoir, ainsi qu'elle le raconte au début de l'ouvrage, il y a des livres comme celui-là, que l'on aurait trop de mal à ne pas avoir écrits.
Marie-Hélène Lafon nous emmène en Provence, chez Cézanne, avec Cézanne, dans sa vie, si compliquée, où l'on se rend compte qu'il n'aurait rien pu faire d'autre que peindre. Elle fait parler ses proches, et même le docteur Gachet d'Auvers-sur-Oise, (le médecin qui s'était occupé de Van Gogh), grand collectionneur des oeuvres impressionnistes. On décortique avec poésie l'existence, le souffle de Cézanne. Bref, nous "cézannons" tout au long du livre, et j'ai bien aimé "cézanner" même si cet artiste n'est pas de ceux qui me touchent le plus.