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. Anodine EP : Nuit blanche.

Publié le 04 octobre 2023 par Concerts-Review

Dans ANODINE, on entend Arno Villenave, chanteur / guitariste, tout d'abord réalisateur et Fredo Faranda ex Lutin Bleu (mais il se soigne) et ex Valmy, compositeur multi-instrumentiste.

Le second fait les musiques des documentaires du premier et les affinités musicales conduisent à plus.

Duo d'abord en 2017 à Arles, ils sont rejoints par Julien Kamoun à la batterie... thérémineur, scieur musical et poêleur en chef (des instruments de prédilection en plus de la batterie!) et Kevin Lecuyer bassiste (électro-hipopeur et compositeur de slams pour Aïssa Malouk).

Tous semblent plus ou moins connectés au cinéma ou au théâtre et ça s'entend dans leurs paroles dramatiques et poétiques avec un peu de Belin sur la tranche mais une voix moins fragile.

La pochette aligne une série de cases avec des photos monochromes d'oreilles droites, dont 4 suggérant l'infrarouge et certaines annotées par une ou plusieurs lettres, parfois entre parenthèses.

J'en déduis qu'il faut tendre l'oreille pour écouter tout ouïe.

Anodine l'histoire, au contraire des textes ancrés dans le roc(k).

On commence par 'Tout', une façon de ne pas choisir... ce que l'on est censé être sans jamais être soi...

La combinaison basse, batterie accroche salement alors que la guitare s'envole, atmosphérique. La voix, grave et sans lyrisme, préfère parler en fredonnant ou l'inverse. Répétitif, le morceau enfonce sa mélodie triste au marteau.

Intro classique et néanmoins, cinglante par une batterie régulière et une basse rebondissante. La voix, sinueuse, presque vicieuse, se lamente en paroles passant du noir au gris de la 'Nuit blanche'. La guitare signe la fin de chaque strophe, s'échappant, parfois en arabesques, parfois en vrombissements, mais toujours en dentelles que les décibels écorchent!

La batterie de 'Ma muse' aime la trajectoire rectiligne même sous les coups de boutoir de la basse. La guitare asticote, par des arcs tranchants ou des décharges, au son saturé. La voix, débite des moqueries piquantes aux jeux de mots agiles qui m'amusent (évidemment). Le final, agonisant, se traine en enchevêtrements à 2 guitares plaintives.

A l'entrée d'Anodine', le rebond s'entend autant dans les cordes de basse que dans les frappes. Une guitare sature, l'autre prend une allure aérienne par son riff entêtant. De belles paroles débitées dans l'amertume, décrivent des destins tout tracés. Un menu 'Fatalitas' façon Chéri-Bibi!

Tiens, une intro électro avec boite à rythmes et synthé à pulsations... idéal dans l'essoufflement ressenti pour faire 'Cours'. La guitare, sonnante, dessine les courbes attractives alors que le chant dénonce, encore et toujours, les figures imposées. Existence futile dans une course sans but, qu'on aime suivre juste en composition.

La basse plombe et la batterie claquette; la guitare, morose, semble avoir de l'arthrose, tremblante et réverbérante.

Il y a du chant timide et gainsbourien dans 'Demain j'arrête' alternant avec le phrasé parlé.

Et voilà un synthé tournoyant qui fait valser les idées noires!

Après multiples écoutes, on reste envoûtés par tant d'adresse musicale et de subtilité d'écriture. Une 'Nuit blanche', pas si anodine, destinée à estomper la fatalité?

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