Master Class avec le réalisateur Alexander Payne au Pathe Bellecour animé par Didier Allouch
Dimanche matin dernier, dans le cadre du festival Lumière, Alexander Payne a rencontré le public du festival pour une master class comble au Pathé Bellecour, durant plus d’1h30, l’auteur de Sideways a évoqué sa méthode de travail, et sa façon de concevoir le cinéma, à la fois à part et à l'intérieur d'Hollywood :
Il a remporté deux fois l’Oscar du meilleur scénario, pour sideways (2004) et The Descendants (2011), mettant son goût des dialogues ciselés au service de son ironie, jamais exempte d’émotion.
Alexander Payne est l'auteur de plusieurs films personnels et touchant, comédies douces-amères sur des personnages en pleines crises existentielles.
Petits extraits les plus saillants de cette rencontre :
SUR L’INFLUENCE DES ANNÉES 1970 SUR SES FILMS
Comme nous tous, j’ai vu des films issus du monde entier, mais j’ai été adolescent dans les années 1970 ! La culture à laquelle nous sommes exposés s’imprime en nous et nous marque à vie. J’étais cinévore, j’allais au cinéma chaque semaine, et j’ai vu des films que l’on considère aujourd’hui comme faisant partie d’un certain âge d’or du cinéma américain.
SUR SON AMOUR DU CINÉMA
Je suis heureux d’être né dans un monde où le cinéma existe. Une des fonctions de l’art, c’est d’être le miroir de notre existence. Le cinéma est un miracle ! L’art le plus merveilleux que la vie nous ait donnée. La seule chose dont j’étais sûr, c’est que je voulais réaliser des comédies. Pour le reste, impossible de prédire quoi que ce soit. C’est mon instinct qui a dicté mes choix
SUR SIDEWAYS - pour lequel il a reçu l’Oscar du meilleur scénario en 2005.
: Je n’ai pas eu conscience de son succès. Je crois que j’avais tout simplement du mal à y croire. En général, un réalisateur voit plutôt le succès comme une bonne chose, car cela va lui permettre ensuite de faire d’autres films ! Et mon côté provincial m’a permis de garder les pieds sur terre. Brad Pitt, Edward Norton et Clooney voulaient être dans le film J’aurais pu les prendre et avoir plus d’argent sur ce projet mais ils n’auraient pas été bons pour les rôles en question. »
SUR SA MANIÈRE D’OBTENIR DES CHOSES INÉDITES DE SES ACTEURS
Je n’écris jamais un rôle pour un acteur, qu’il soit une star de cinéma ou non, mais j’invite le ou la comédienne à s’emparer du rôle, ce qui est différent. Peut-être est-ce là la bonne solution : ne pas considérer les acteurs comme des stars. Pour moi, deux choses sont très importantes : le scénario et le jeu des acteurs. Et à cet égard, un casting se doit d’être réussi. Je n’écris jamais les rôles pour des stars de cinéma mais je leur demande au contraire d’aller vers les personnages. »
SON RAPPORT A L'ARGENT
"Mon film le plus cher a été MONSIEUR SCHMIDT : 32 millions de dollars. Mais en réalité, il en a couté 16 millions et les 16 autres millions sont allés dans la poche de Jack Nicholson. Je voulais réaliser Nebraska en noir en blanc. On m’a dit que je pouvais avoir 16 millions de dollars en couleurs. Mais je préférais vraiment le noir et blanc et j’ai eu 12 millions. »
Notre critique deThe Descendants (2011) présenté en même temps au Festival Lumière
The Descendants
La première particularité de The Descendants réside dans le lieu où il se déroule, Hawaï. Il est rare qu'un film ait pris cette île paradisiaque pour toile de fond (autre que comme cadre de vacances des héros). Dans le film, Clooney et sa famille sont des natifs de l'île, et les spécificités liées à l'île apportent un vrai charme et une vraie couleur un peu décalée à une intrigue de départ qui pouvait paraitre chargée dans le mélo.
Le film commence en effet lorsque la femme du personnage joué par Georges tombe dans le coma suite à un accident nautique, et cet accident va pousser le héros (ou plutot cet anti héros) à se poser plein de questions sur sa vie qui part dans tous les sens.
Mais le talent de Payne qui choisit de situer l'intrigue à Hawai permet au film de trouver une vraie aération, et de distiller un vrai humour par plein de belles idées qui font sourire alors au lieu de faire pleurer (une course en tong qui suit une révélation tragique).
La seconde originalité du film est de donner un contre emploi à Georges Clooney. En effet, on ne peut pas dire qu'il ait joué beaucoup de rôle de mari et de père de famille et il est d'autant plus convaincant qu'il joue un père... totalement dépassé par sa progéniture.
Cette incapacité à élever ses filles donne également lieu à des scènes cocasses, notamment avec le petit ami de sa fille ainée, personnage un peu enervant au début, et qui gagne en profondeur le long du film.
Ce qui est sûr, c'est que Clooney est vraiment épatant dans ce film, dans un rôle de lunaire qui doit pour la première fois de sa vie prendre ses responsabilités; et la façon dont Clooney appréhende le rôle fait franchement penser à certains personnages joués par Bill Murray.
Avec ces deux atouts, et bien d'autres encore, le film est vraiment une belle réussite qui se regarde avec un plaisir constant jusqu'à la fin, et ce, même si celle ci est un peu plus attendue que le reste du film.