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Tirant le Blanc, roman chevaleresque de Joanot Martorell

Par Mpbernet

Son auteur Joanot Martorell (1413 – 1468) vécut apparemment une vie compliquée et disparut après avoir laissé son manuscrit à un prêteur sur gages.

Le roman (487 chapitres) fut imprimé en 1490 à Valence et traduit en 1737 par le Comte de Caylus en français. En voici donc une nouvelle traduction et une sélection des exploits extraordinaires du chevalier Tirant le Blanc, jeune et vaillant fils du seigneur de la marche de Tiragne et de la fille du duc de Bretagne …

Beau comme un dieu antique – je l’imagine sous les traits d’Alain Delon - courageux à l’extrême, grand et fort, habile stratège et combattant fougueux, généreux et magnanime envers les adversaires vaincus, celui dont toutes les dames tombent immédiatement amoureuses est surtout doté d’une loyauté totale à celui qui l’emploie. Et c’est peu de le dire … Il n’est pas non plus à l’abri de calomnies de rivaux jaloux ou de femmes dédaignées.

Dans un univers médiéval teinté d’uchronie, Tirant se propulse tour à tour en Angleterre et sur les rives de la Méditerranée pour combattre sur terre comme sur mer les infidèles ou les méchants gênois : Sicile, Rhodes, Constantinople, Tunis, la Berbérie. Partout, il devient le Capitaine des armées, manie la ruse avec efficacité, pourfend les traîtres et les jaloux, tout en délivrant – à la manière antique – force discours sur la morale, la religion catholique et les règles de la chevalerie.

Tirante

Ses aventures tiennent de la bande dessinée, du récit sanglant de croisade et du roman d’amour à l'eau de rose. Car Tirant a le malheur de tomber amoureux d’une jeune princesse dont le rang ne lui est pas, malgré ses conquêtes, accessible - d'autant qu'elle commence toujours, au nom de la pudeur, par se refuser à ses transports. Et les affres des deux tourtereaux remplissent des centaines de pages …

Des parties entières du livre sont consacrées à des descriptions fastueuses de fêtes, de joutes qui nous évoquent les tournois de tennis d'aujourd'hui, de vêtements de cour et parures de soie et de brocart, de rétributions que les rois octroient à tout bout de champ – et on précise au lecteur le prix de chacune – de plats délicieux …

Tirant le Blanc, nourri des mythes classiques – Homère, Chrétien de Troyes, etc - est sans doute le premier roman moderne, dans une atmosphère néogothique revisitée qui inspirera le romantisme et le style troubadour au XIXème siècle … dans oublier certaines séries télévisuelles contemporaines.

Le premier « page-turner » de la littérature occidentale sans aucun doute !

Tirant le Blanc, roman chevaleresque de Joanot Martorell, traduit du catalan par Jean-Marie Barberà, préface de Marie Cosnay, édité par Anacharsis, 1016 p, 35€


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