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Nid

Publié le 23 octobre 2023 par Adtraviata
Nid

Quatrième de couverture :

« La vie en boucle te ramène au premier nid. Des bras d’une mère au ruisseau du matelas, il y eut des angles, des caps, tant et tant de cubes et de roches. La caresse initiale reprend vigueur, comme une chevelure butine la tête enfantine. Tu te perçois soleil et lune, dans ton antre, au milieu du désert. La voûte lactée te protège. »

Dans cette nouvelle publication de Françoise Lison-Leroy et Pascaline Wollast (qui ont déjà collaboré pour Les bouloches), le texte se présente en deux parties. La première, « On a changé de pays », se passe en un lieu non précisé, cela peut être un hôpital, une maison de retraite, voire une prison. L’écriture est sèche pour décrire cet univers uniformisé, elle se fait impérative pour partir, quitter ce lieu, s’échapper.

« On a changé de pays.

Ici les maisons se ressemblent. Elles sont alignées comme des cubes, mêmes dimensions pour toutes, une porte, une fenêtre. Et ça n’en finit pas, il y en a jusqu’au bout de la ville.

Les gardes viennent apporter à manger. Elles se taisent. Nous dormons dans la chambre. Le matin quelqu’un tire les rideaux. » (p. 7)

« Il faudra emporter le livre. On ne peut pas le laisser ici. Je vais le serrer contre moi et tu ouvriras les portes. La voiture sera juste en face.

Elles, on pourra les tromper en marchant comme si de rien n’était. On va les amadouer. Souvent, elles nous apportent une tasse de café. Tu en recevras une aussi. » (p. 22)

L’autrice, rencontrée à la librairie Chantelivre de Tournai le 14 octobre dernier, a expliqué s’être inspirée de l’accompagnement de ses deux parents en fin de vie. Tout est « vrai » dans ce livre. La confusion entraînée par la maladie ou le grand âge, le sentiment d’enfermement, le désir de fuite pour retrouver sa capacité à décider de sa vie vont de pair avec la liberté, l’autre face de l’enfermement.

La deuxième partie, « L’autre nuit », se fait plus douce, en « tu ». Le nid, c’est l’abri pour les exilés, les personnes déplacées. Cela peut être aussi le dernier lit. « Un lieu, dit Françoise Lison-Leroy, où s’alléger, où retrouver un équilibre à n’importe quel moment de la vie. » C’est ce qu’illustre l’extrait en quatrième de couverture.

C’est la patronne des éditions Esperluète, elle-même éditrice, qui a choisi Pascaline Wollast, plasticienne, céramiste, pour accompagner le texte de ses monotypes. « Je n’ai pas toujours tout compris

😉
J’ai travaillé avec les vibrations des mots » explique-t-elle. L’artiste a fait une démonstration lors de la rencontre : le monotype est une technique aléatoire, qui apporte des surprises. Les silhouettes appuyées l’une sur l’autre, les chaussures, les ombres et les blancs des oeuvres accompagnent les textes avec justesse et légèreté. C’est une fois de plus une belle réussite !

Françoise LISON-LEROY et Pascaline WOLLAST, Nid, Esperluète, 2023


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