Les poèmes de Najwan Darwish, publiés par le Castor Astral dans une traduction d’Abdellatif Laâbi en septembre 2023 sont un choix de textes initialement édités entre 2018 et 2021. Le traducteur, dans sa préface, dit que ce poète inscrit « avec sa plume rageuse le drame actuel de l’être palestinien au sein de la condition humaine ». Il ajoute : « Les extrêmes ont pris le dessus et dessiné, à cette terre meurtrie de Palestine, une impasse en guise d’horizon ».
Beaucoup de questions dans ce recueil, dont les réponses ouvrent autant de questions. Par exemple : « Qui sont ceux-là qui brandissent des livres sacrés / au bout de leurs lances ? »
Autre question : « Si toi tu n’existes pas / qui pourrait prétendre à l’existence ? / C’est une question qui se retourne contre elle-même / se broie avec le sel de la réprobation / et continue de se broyer / Ceci est une question adressée / à mon peuple »
C’est un livre de questions. Comment pourrait-il y avoir une certitude ? Vous devez croire le poète quand il écrit : « Je ne prétends pas avoir d’autre pays / que la perte ». Et quand il ajoute : « Je défendrai jusqu’au bout / mon droit d’être / le fils de mes enfants ».
Tout tient peut-être dans ce poème :
Aveu Tardif
Il se trouve que j’étais la pierre
que les maçons ont négligée
Et quand ils sont revenus, contrits, abattus
— après que la construction est tombée en ruine —
et ont dit :
« Tu es la pierre de touche »
il n’y avait plus rien à construire
Le déni s’est révélé plus tolérable
que leur aveu tardif