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"Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière" de Raphaëlle Giordano

Par Cassiopea

Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière
Auteur : Raphaëlle Giordano
Éditions : Récamier (19 octobre 2023)
ISBN : 978-2385770297
314 pages

Quatrième de couverture

Henriette n'a pas que son prénom de décalé. Elle a aussi un look original bien à elle et un vrai talent créatif d'architecte d'intérieur, qu'elle ne mesure pas vraiment, trop souvent occupée à douter d'elle-même. Car derrière la façade de jeune professionnelle douée, elle cache une peur inavouable... Jusqu'au jour où un projet l'oblige à collaborer avec un bureau d'études dirigé par un architecte paysagiste ambitieux, charismatique... et à première vue imbuvable.

Mon avis

Henriette est architecte d’intérieur. Elle ne paie pas de mine, elle est jeune et a un look un peu décalé. Elle est excellente dans son domaine et ses aménagements sont une réussite. C’est là qu’elle s’épanouit car le reste du temps, c’est plutôt quelqu’un qui a du mal à maîtriser ses émotions. Elle s’angoisse et a vite peur. Monsieur et Madame de Mondhéry lui ont fait confiance pour leur magnifique demeure et ils sont enchantés du résultat. Surtout elle, Claire, elle ne tarit pas d’éloges sur Henriette.

Après l’intérieur, le mari de Madame décide de lui offrir un bel extérieur. Pour cela c’est l’agence « Eden Garden » qui devrait avoir le marché, et c’est Auguste qui en prendra la responsabilité à la demande de son patron. Auguste, c’est un jeune loup aux dents longues qui se verrait bien passer du statut d’employé à celui d’associé. C’est pratiquement dans la poche si ce n’est que la cliente demande à Arthur de collaborer avec Henriette, sans doute parce qu’elle a tellement bien réussi sa mission « maison » qu’elle n’envisage pas un seul instant qu’elle ne donne pas son avis pour le jardin….

Évidemment, cela ne convient pas à Arthur, il préfère bosser tranquille dans son coin et cette obligation de discuter, d’être deux, de se mettre d’accord avant de proposer un projet, ne le fait pas rêver, on peut même dire que ça l’exaspère. Mais ce que femme veut….

De son côté Henriette n’est pas plus emballée…. Alors deux solutions, ou ils s’opposent, se font la guerre, ou chacun fait des concessions… Finalement même ça, c’est un raccourci, on est bien d’accord ? Les relations humaines sont beaucoup plus complexes que ça surtout lorsqu’on affiche un air sûr de soi qu’on ne ressent pas tout le temps…

On va donc suivre ce que ces deux là mettront en place pour ne pas se dévoiler, en restant sur leurs gardes. Mais il faudra bien finir par dialoguer, échanger et certaines scènes seront assez cocasses.

Les esprits chagrins ne manqueront pas de dire que des récits comme celui-ci on en a déjà lu. C’est vrai et alors ? Raphaëlle Giordano a situé son histoire dans le milieu des paysagistes et son texte est agrémenté de nombreuses références intéressantes, tant sur les jardins connus (j’ai admiré sur internet les photos des parcs brésiliens, Palacio Capanema , Aterro Do Flamengo qu’elle évoque), que sur les plantes et essences d’arbres. Elle s’est renseignée pour donner du « fond » à ces propos et c’est bien.

Dans ce recueil, comme dans la vraie vie, tout le monde a des faiblesses (d’ailleurs dans les dernières pages, il y a des témoignages réels recueillis avant la rédaction de cet opus). Chacun doit vivre avec, s’en accommoder et avancer le mieux possible. Quelques conseils sont glissés ça et là et peuvent aider le lecteur à mieux appréhender les difficultés et à apprivoiser ses angoisses, sans forcément les enfouir.

Même si ce roman a parfois des côtés prévisibles, il est agréable à lire. J’ai aimé accompagner les différents personnages, découvrir leurs failles, leurs forces, leur façon d’entrer en contact avec les autres souvent avec maladresse. L’auteur nous rappelle que chacun d’entre nous a la liberté d’être soi, qu’il faut s’aimer, se comprendre et s’accorder le droit de dire trop c’est trop ou stop sans peur du regard de l’autre. Est-ce qu’il vaut mieux cacher ses peurs ou en parler ? La parole libère et répare, permet de mettre des mots sur les maux, de dire et de partager. Ça fait du bien, non ?



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