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Armageddon Time de James Gray

Par Etcetera
Armageddon Time de James GrayAffiche du film

Ayant manqué ce film à sa sortie en salles mais bien résolue à le voir tout de même, c’est à l’été 2023 que j’ai pu finalement le regarder (en DVD).
James Gray se serait inspiré de sa propre jeunesse pour cet Armageddon Time, qui se déroule en 1980 à New York.

Note pratique

Nationalité : Film américain
Genre : Drame
Date de sortie en salles : (France) 9 novembre 2022
Scénario et réalisation : James Gray
Acteurs principaux : Michael Banks Repeta (Paul Graff), Jaylin Webb (Johnny Davis), Anne Hathaway (la mère), Anthony Hopkins (le grand-père), Jeremy Strong (le père).
Durée : 115 minutes

Résumé du début de l’histoire

En 1980, à New York, dans une école publique, le jeune Paul Graff fait son entrée en 6ème. Passionné de dessin et désireux de devenir plus tard artiste peintre, il réalise des caricatures de son professeur pour amuser les autres élèves, ce qui lui vaut d’être puni. C’est lors de cette première sanction qu’il sympathise avec Johnny, un de ses camarades de classe, noir, qui se retrouve puni en même temps que lui. Assez vite, ils deviennent amis. Johnny est un garçon pauvre, élevé par sa grand-mère malade, et il rêve de devenir un jour cosmonaute, de travailler à la Nasa. Paul, par contre, est issu d’une famille riche, influente, possédant un important réseau de relations. Il ne s’entend pas toujours bien avec ses parents mais il entretient une relation privilégiée avec son grand-père, qui le conseille et lui enseigne des règles de vie.(…)

Mon Avis

C’est une histoire assez simple où deux adolescents un peu révoltés et désireux de s’émanciper font ensemble les quatre cents coups (avec une gravité progressive dans les incivilités puis les délits) en même temps que les réactions des adultes autour d’eux se font –  logiquement – de plus en plus strictes, dures et répressives. Et l’on se dit que chaque punition un peu plus sévère que la précédente ne fait qu’attiser la rébellion de ces ados, creuse le fossé entre eux et les adultes et prépare la voie vers la prochaine bêtise, en lui donnant une forme de justification.
Tout le propos du film est de comparer la différence de traitement subi par ces deux adolescents désobéissants et amis, parce que l’un est blanc, élevé dans une famille riche et influente et que l’autre garçon est noir, issu d’un milieu très défavorisé. Même s’ils sont unis dans leurs petits méfaits d’ados, c’est à chaque fois le garçon noir qui est incriminé et qui doit payer le plus lourd tribut tandis que le garçon blanc tire à chaque fois son épingle du jeu, soit parce que ses parents font jouer leurs nombreuses relations soit parce qu’ils ont les moyens de placer leur fils dans une prestigieuse école privée, une filière de discipline et d’excellence. 
En bref, quand le jeune garçon blanc fait des bêtises son entourage fait tout pour le tirer vers le haut et le hisser vers la réussite ; tandis que le jeune garçon noir, à la moindre broutille, se fait enfoncer toujours plus bas, on ne lui pardonne rien, les préjugés sont trop forts pour qu’un adulte lui tende la main. Et, bien que les caractères, les capacités et les rêves de ces deux gamins ne soient pas très éloignés les uns des autres, on sent nettement que le petit blanc occupera plus tard une place de choix dans la société tandis que le jeune garçon noir ira probablement de maisons de redressement en centres de détention, par une fatalité cruelle. 
Comme le dit la chanson des Clash qui sert de titre au film – Armageddon Time, un titre de 1980 – « lots of people won’t get no supper tonight – lots of people won’t get no justice tonight », ce qui souligne encore le propos social et politique du film. 
Les allusions politiques sont assez claires : une interview télévisée de Ronald Reagan nous rappelle le contexte ultra-libéral de ces années 80 aux États-Unis et la menace nucléaire qui pesait alors sur le monde. Par ailleurs, l’établissement scolaire très huppé où Paul est placé par ses parents pour le remettre dans le droit chemin – une école privée élitiste et franchement raciste – est dirigée par un membre de la famille Trump (Fred Trump, le père de Donald), qui défend les valeurs d’ambition, de travail acharné et de réussite à tous prix. Et nous sentons bien le regard réprobateur de James Gray sur ce système ultra-libéral et immoral, porteur d’injustice et de cruauté.
Du point de vue psychologique, j’ai trouvé les hésitations de Paul Graff intéressantes. Il oscille entre la solidarité amicale et la trahison, entre l’idée de se sauver lui-même, tout seul, égoïstement, et le désir de générosité et de soutien envers son copain.
Un film agréable, qui témoigne d’un fort engagement politique et social, mais qui sait également émouvoir par des situations humaines finement observées et ressenties.

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