En ce mois de novembre, retrouvons Hélène Dorion et deux poèmes extraits de son recueil Comme résonne la vie paru aux éditions Bruno Doucey en 2018. Le premier poème résonne avec la période et le second est un écho au roman de René Frégni, Dernier arrêt avant l’automne que je vous présente dans quelques jours.
Les rayons se posent, obliques
sur la crête des montagnes
un vent brosse les feuillages
que la saison a éreintés.
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Tu regardes l’œuvre
de la lumière sur les pentes
qui s’effacent et resurgissent.
Tu refermes la porte du jardin, la rose
n’est que le souvenir d’une rose.
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Des bourrasques harcèlent les tiges frêles
forcent les fenêtres
novembre recouvre ta demeure.
Tu descends vers ta vie, soulèves
le voile ténu des années
vois le chaos, puis la figure s’éclaire.
–
Tu t’arraches à la douleur et descends
encore vers toi même,
descends rejoindre le souffle des choses
que saisissent les mots.
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La forêt recueille tes pas d’enfant
tes voyages au creux de l’amour
et du poème
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Tu aurais lu tous les livres sur les rayons
les nouveaux comme les anciens, les grands
et petits formats, ceux qui traînent
depuis des mois, entamés
ou pas même ouverts, ceux
d’auteurs complices
–
tu aurais lu les plus sombres
les légers, les illisibles et même ceux
qui cassent comme glace du fleuve, t’inventent un estuaire
ceux qui bousculent
t’abandonnent au milieu ou te poussent
du haut d’une falaise vers ton dénouement
ceux qui creusent, touchent ton cœur
remuent encore, une fois rangés
sur le rayon, ceux
–
qui ont mis ta main sens dessus-dessous
et ne se referment pas, tournent encore
autour de toi, ceux qui s’accumulent
sur la table du sommeil
que tu croyais connaître
par cœur, n’entrent pas
dans la poche des heures, courbent
l’échine, ont l’épine à l’envers, restent
sur le dos de la couverture
cachent leur vrai visage, ceux qui
à la fin, te diront que la vie tient aussi
aux histoires qui la racontent
aux mots qui surgissent par la fenêtre
à ce qu’ils éclairent
dans la forêt de tes pas