Une troupe décide de monter leur tout premier spectacle, Hamlet, de William Shakespeare (en version raccourcie, pas les 3 heures) et nous propose la couturière (la dernière répétition générale) 48 heures avant la première sauf que rien ne va le jour J, de la technique au texte. Seuls les amis et les parents ont été invités, en l’occurrence, nous, surtout parce que ce sont ces derniers qui payent la location de la salle.
Rien ne va : les décors ne sont pas terminés, les réglages son et lumière sont à revoir, la mise en scène est caduque, des scènes n’ont pas été travaillés et sont improvisées et les répliques restent à moitié semblent ne pas vouloir s’imprimer dans les têtes des comédiens. De quoi provoquer du stress à 48h de la première (et certaines personnes ne savent pas si bien l’extérioriser).
Au niveau de la mise en scène, on retrouve la mise en abyme ou le théâtre dans le théâtre (dont je suis personnellement hyper fan) qui permet à cette compagnie de prendre autant de recul possible sur leur propre profession. Durant la pièce, s’enchaîne toutes les sortes de comiques de manière ultra rythmée et dosée : pour ne citer qu’un exemple, la fumée reste une source de comique inépuisable.
Derrière tout ça, une troupe jouée bien soudée (pas du tout!) : un Dimitri Hildebert (qui joue Hamlet) qui se révèle être une immense diva, Brieuc Waterman en metteur en scène-acteur qui se bat avec ses acteurs, Chloé Grulois qui attend depuis des lustres son cachet, un Alexandre Thevenet incapable de pleurer sur commande, Yann Vital en régisseur hilarant à côté de la plaque, Constance Da Cunha qui déclame les vers d’une manière, comment dire, particulière (je laisse la surprise pour le Jour J), Lochlann Coquoin qui incarne littéralement le surjeu ainsi qu’un bonus avec Hugo Gasparini qui apporte une touche bretonne.
La troupe interprétée est au summum de la catastrophe mais la troupe qui joue est talentueuse, si talentueuse de jouer avec nous public (Que c’est bien de faire tomber le quatrième mur quand même !). Pour réussir à jouer des comédien.nes moyen.nes et même médiocres pour certains, il faut être de sacrés bons comédien.nes pour y arriver.
Cette compagnie, il faut retenir son nom « A trois on y va ». Ils se sont rencontrés très jeunes, en cours de théâtre au sein du Ballet Théâtre sur la Colline. Puis, le collectif a grandi sur les bancs du Cour Florent. En 2018, ils montent leur compagnie souhaitant élargir leur travail à d’autres villes. Récemment, ils ont monté Une vie à tes côtés au Théâtre Le Funambule Montmatre.
Courrez-y ! Cette comédie qui a remporté le Trophée de la Création au Printemps du Rire 2023 vous provoquera mille et un fous-rires.
Crédits photo : Théâtre EdgarOn a essayé de monter Hamlet
Écrit et mis en scène par Maxime Piprel
jusqu'au 20 janvier 2024, à 19h ou 21h
Théâtre Edgar (Paris 14e)
Jade SAUVANET