En lettres dorées sur fond rouge, les noms de Christina Rossetti, poétesse, de Clémentine Beauvais, traductrice libre, et Diglee, illustratrice. Le livre est vendu protégé sous blister. C’est qu’il contient quelque chose de précieux : un long poème, un conte, écrit en anglais au XIXe siècle par une poétesse assez peu connue en France et que cet ouvrage magnifie, embarquée dans le mouvement préraphaélite (son frère, Dante Gabriel Rossetti, la peindra notamment sous les traits de la Servante du Seigneur, Ecce Ancilla Domini, voir ci-dessous) et dont la vie (1830-1894) n’a « débordé ni sur le siècle d’avant ni sur celui d’après », comme l’écrit Clémentine Beauvais. J’apprécie chez la traductrice l’énergie des textes, que ça pétille, que ça coule, ou que ça gratte, son sourire et son écriture qui entraîne la lectrice (elle préfère le féminin générique) dans une lecture à voix haute. Cette lecture monte de moi comme poussée par les rebonds de la langue, par l’espièglerie et la richesse du vocabulaire. Et il en faut pour faire venir tout à la fois le désir de ces fruits arrondis et juteux proposés par les hommes-gobelins et l’angoisse qui les suit, et pour finalement exalter l’amour de deux soeurs et le transmettre aux générations suivantes.