Junior dans un cabinet d’avocats, Louis attend désespérément de travailler sur une affaire d’envergure, sauf que trop gentil, il est comme transparent aux yeux de ses collègues. Alors qu’une opportunité s’offre enfin à lui, une douleur dans l’abdomen amène notre protagoniste à se faire diagnostiquer, le spectre du cancer planant au-dessus de lui.
Etonnamment, le fait d’être considéré comme malade va changer le regard des autres à son égard, en particulier dans son milieu professionnel. Mais quand les résultats de ses analyses tombent et que Louis se voit annoncer qu’il est finalement en bonne santé, la peur de perdre le respect de ses pairs et de sa hiérarchie lui fait prendre une bien mauvaise décision.
Le comédien et humoriste Rudy Milstein réalise ici son premier film (dont le titre n’a rien à voir avec la chanson de Daniel Balavoine) à découvrir en salles ce mercredi.
Si on l'a déja vu en tant qu’acteur au cinéma mais surtout au théâtre, Rudy Milstein s’est essayé à l’exercice du court-métrage en 2019 avec Mon Combat, une première expérience l’entraînant logiquement à voir plus grand, ce qui est le cas avec Je ne suis pas un héros, un passage au format long prenant le chemin de la comédie pour évoquer les dérives inhérentes à une société individualiste, où la manipulation prend le pas sur la solidarité.
Ou comment la gentillesse se fait méchamment maltraitée dans un monde où la loi du plus fort prédomine.
Rudy Milstein choisit l'angle d'une comédie un peu décalée, dans laquelle il intègre des thématiques sociétales fortes telles que le regard sur la maladie, le scandale des pesticides, ou encore les relations de travail superficielles...
Avec ce héros plein de bonne volonté, mais invisible aux yeux de ses collègues, Vincent Dedienne tient là un beau personnage, où il est plus à laise que dans ses derniers roles au cinéma.
Pour dresser ce constat, le cinéaste s’amuse à ‘corrompre’ son image du gendre idéal, en poussant un prototype d’homme bien sous tous rapports à se vautrer dans la spirale du mensonge dans un but égoïste.
Soit un petit jeu avec conséquence, qui va irrémédiablement se refermer sur son instigateur et ses proches.
Ainsi, le dilemme moral auquel est confronté le personnage principal, incarné par un Vincent Dedienne doté d’un fort capital sympathie, transparaît avec une certaine causticité, et l'ensemble sans temps mort, et avec des personnages secondaires bien écrits et bien joués ( beau casting, de Clémence Poésy à Isabelle Nanty et Sam Karman en parents qui font semblant de s'aimer= fonctionne plutôt bien.
En dépit d'un petit côté foutraque, Je ne suis pas un héros est une proposition de cinéma sympathique et pétillante, le soin porté aux dialogues ainsi qu’à la mise en scène agrémentant en plus l’ensemble d’une atmosphère tendrement singulière.
En résulte un premier long non sans défauts mais indéniablement charmant, particulièrement plaisant à suivre.