En 2016, Erwan Le Duc force l'admiration avec son premier long-métrage, « Perdrix », présenté à la Quinzaine des Cinéastes en 2019. Alors que son excellent nouveau film, « la Fille de son père », arrive ce 20 décembre en salle, retour avec le réalisateur sur les enjeux de son long métrage. « Je voulais traiter d'un sujet dramatique sans en faire un drame », a déclaré Erwan Le Duc, qui présentait ce samedi 9 décembre « La Fille de son père » en sélection officielle au Festival du film de Royan (Charentes Maritimes).
« J'avais envie de raconter l'amour inconditionnel qui existe entre un parent seul et son enfant. L'emprise qu'ils ont l'un sur l'autre, comment ils grandissent ensemble et comment ils n'arrivent pas à se séparer »,
C'’est la relation entre le personnage de Juju (Nicolas Maury) et sa fille (Patience Munchenbach) dans Perdrix qui m' a inspiré La Fille de son père, je voulais explorer une relation père-fille comme celle-ci, avec une adolescente. Je voulais creuser ce lien-là, le pousser à l’extrême, les faire cohabiter pendant une longue période, jusqu’au moment où ils doivent chacun vivre leurs vies séparément.
Au niveau de l'écriture, contrairement à ce que l'on pouvait croire après la réussite de Perdrix, cela n'a pas été si facile que cela : "j’ai passé beaucoup moins de temps à l’écrire que Perdrix, sur l’écriture duquel j’avais passé beaucoup de temps, presque trop. Pourtant, quand j’ai commencé à l’écrire, j’ai été pris d’une sorte de vertige. Je me suis dit : « Mais comment on fait ? Je sais pas du tout comment on écrit un scénario… »
Erwan Le Duc, qui a été journaliste sportif, a pris un certain plaisir à introduire dans le film quelques éléments autobiographiques. Le football pour Étienne, la peinture pour Rosa. : « Ado, je jouais dans un petit club et faisais des tableaux dans la cave de mes parents. Mais vous savez je ne suis pas le seul réalisateur à avoir été journaliste sportif, Nadav Lapid et Ari Folman, deux cinéastes israéliens l'ont été également à ce qu'il parait (rires) ».
Mais avant tout, il a voulu raconter sur un rythme alerte une histoire d'aujourd'hui.
Le film commence avec une séquence sans paroles d'une dizaine de minutes, un peu comme dans le La Haut de Pixar : "C’était un peu comme un rêve de cinéma. Je l’ai pensée avec des tableaux, des petites scènes et des ellipses très marquées – mais de durées variables. Parfois deux mois, parfois dix ans. Il n’y avait pas de règle ni d’indications. C'est une sorte de défi de mise en scène fort : comment on fait pour raconter avec quelques images seulement dix-sept ou dix-huit ans de la vie de cet homme et de son enfant. Concrètement, au fur et à mesure du tournage on a commencé à enlever du texte. On a vite compris qu’on n’en aurait pas forcément besoin, ni même envie. Et que tout passait par les regards et les gestes."
Pour Erwan Le Duc, son film n'est pas un film à message, évidemment, mais s'il fallait retenir quelque chose , c'est " de savoir comment on fait relation, comment on vit ensemble. Et comment on décide des choses, comment on navigue avec les vagues qu’on prend. Dans une scène d'entrainement, Étienne écrit sur le tableau d’avant-match à ses joueurs, un proverbe yiddish « Si tu veux faire rire Dieu, parle-lui de tes plans» C’est lui face à son propre volontarisme. Au début du film il dit « pour cesser d’aimer quelqu’un il suffit de le décider » C’est tout à fait fallacieux. Mais c’est une manière d’affirmer les choses pour garder un certain contrôle. Et au fur et à mesure du film il apprend à naviguer avec le courant."
Alors venez apprendre à naviguer aussi avec le courant, en allant La Fille de son père, au cinéma le 20 décembre 2023.
Merci au Festival du film de Royan et à Pyramide distribution pour l'interview