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Des notes de Noël : Augusta Holmès

Publié le 24 décembre 2023 par Adtraviata

La magnifique Marie-Nicole Lemieux avec l'Orchestre Philharmonique de Radio France interprètent Trois anges sont venus ce soir de Augusta Holmès sous la direction de Adrien Perruchon. Vous trouverez ci-dessous la biographie de la compositrice.

C'est avec cette mélodie que je vous souhaite un Joyeux Noël ! A part un ou deux billets musicaux, je prends des vacances de blog, j'en ai bien besoin. Rendez-vous en janvier !

" C'est en 1887, dans le roman policier Une étude en rouge (A Study in Scarlet), qu'Arthur Conan Doyle présenta pour la première fois son fameux détective Sherlock Holmes. Ce patronyme très répandu était celui que portait depuis sa naissance en 1847 la compositrice Augusta Holmès, qui rajoutera cet accent grave à trente-deux ans, en obtenant la nationalité française. De père irlandais et de mère anglaise, Augusta vit le jour à Paris, près des Champs-Elysées. Alfred de Vigny fut le parrain de la fillette, et aurait même été son père naturel selon d'invérifiables rumeurs, entretenues par la musicienne...

Installée, en 1855, avec ses parents à deux pas du château de Versailles, Augusta perdit sa mère trois ans plus tard. Elle suivit alors les cours de chant de Guillot de Sainbris, mais étudia également le piano, l'harmonie et le contrepoint. Elle complètera cette formation auprès de César Franck à partir de 1875. Toute sa vie, Augusta Holmès côtoya les artistes de son temps, du peintre Henri Regnault, qui la représenta seins nus en Thétis apportant à Achille, pour venger la mort de Patrocle, les armes divines forgées par Vulcain, aux compositeurs Rossini qui l'encouragea, Gounod qui l'accompagna au piano, Saint-Saëns qui la courtisa, Liszt qui la félicita ou Wagner qui l'inspira quelques temps. Quant à l'austère César Franck, organiste de Sainte-Clotilde, respectable père de famille et " Pater Seraphicus " pour ses disciples, il aurait écrit son fiévreux Quintette pour piano et cordes en pensant à sa captivante élève...

Alphonse Daudet la croisa " dans le parc de Versailles ; elle était toute jeune alors, elle aussi, blonde, svelte, marchait, auprès de son père déjà vieux, dans la grande allée du "Tapis Vert" ; elle pouvait évoluer parmi les statues sans faire tort à son élégante allure, à sa classique beauté. D'autres apparitions d'elle me reviennent du temps où je la voyais au théâtre couronnée de fleurs, superbe et hautaine et cachant sous ces beaux dehors les misères d'une vie déclassée. A Champrosay, la voici toute simple au piano de campagne, nous enchantant de sa belle voix à laquelle répondent en s'égosillant les oiseaux du parc excités par de chaudes et légendaires mélodies (...) Vraiment, c'est une artiste, elle écrit poème et musique, et il y a en elle de l'improvisateur, tout un foyer de chansons en plein air, de refrains de bohème, une expansion où elle brûle et consume une vie ! "

Poétesse depuis sa jeunesse, Augusta Holmès sera également proche de Villiers de L'Isle Adam, Mistral ou de Mallarmé, et de sa longue relation avec le poète Catulle Mendès viendront au monde cinq enfants, dont elle ne s'occupera guère, mais dont trois seront peints avec piano et violon par Auguste Renoir en 1888. Femme du monde et artiste, Holmès n'hésita pas à enfiler l'uniforme d'infirmière pour soigner les soldats français de la guerre de 1870, en écrivant des vers vengeurs contre l'Allemagne. Elle retrouvera cette hargne en s'engageant parmi d'autres musiciens contre Dreyfus. Les autorités lui remirent la nationalité française, et on lui commanda une Ode triomphale pour le centenaire de la Révolution (jouée par mille deux cents musiciens devant quinze mille spectateurs !).

Elle écrira peu après, à la demande de la ville de Florence, un Hymne à la paix pour trois cents choristes, créé en 1890 devant trois mille personnes. De cette époque date également sa grande amitié avec le chef d'orchestre Edouard Colonne. La presse saluait surtout la " virilité " de sa musique, une critique de 1889 rappelant la mentalité de l'époque : " Nul ne croirait, en entendant ses œuvres sans en connaître l'auteur, qu'elles ont été enfantées par un cerveau féminin ".

Malgré les enregistrements de sa mélodie Trois anges sont venus par Ninon Vallin ou Tino Rossi, son œuvre tomba dans un relatif oubli à sa mort en 1903, et attendit les récentes années pour être redécouverte. Employant au début de sa carrière le pseudonyme masculin et wagnérien " Hermann Senta ", Augusta Holmès affirma à un journaliste anglais en 1897 : : " J'ai dû me battre (...) et ce, en tant que compositeur et en tant que femme. Ne croyez pas, quoi qu'on en dise, que la carrière artistique soit plus ouverte à mon sexe. C'est une grave erreur. La démarche est infiniment plus difficile, et la bonne camaraderie, qui vient en aide à tant d'artistes, est un sens exclue pour les femmes qui ont eu la chance (ou la malchance) d'être nées musiciennes (...) Quel métier ! ". "


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