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Le Noël du commissaire Ricciardi

Publié le 24 décembre 2023 par Adtraviata
Noël commissaire Ricciardi

Quatrième de couverture :

En cette fin d’année 1931, la ville de Naples est en pleine effervescence à l’approche des fêtes de Noël. Et pourtant, en cette période de réjouissances, une note discordante résonne : dans un luxueux logement près du port, on retrouve les corps d’un « centurion » de la milice fasciste et de son épouse, baignant dans leur sang. Flanqué de son fidèle adjoint le brigadier Maione, le commissaire va une fois encore traquer la vérité dans les rues de la ville où le crime ne connaît pas de trêve.

C’est le jour idéal pour publier ce billet, le jour où se termine l’enquête du commissaire Ricciardi sur l’assassinat de ce couple dont le mari était « centurion » de la milice portuaire de Naples. L’ombre du parti et des milices plane donc sur cette enquête. Au moment où Ricciardi découvre les corps, il croit comprendre, grâce à son don particulier de voir et d’entendre les dernières paroles des morts, que madame Garofalo était charmante et que son mari refusait de payer quelque chose. Il s’agirait donc d’une affaire de corruption ou de racket ou de vengeance. Le couple laisse une orpheline confiée à sa tante religieuse. De plus, la figurine de saint Joseph gît en morceaux au pied de la crèche familiale. Parallèlement à cette enquête délicate, le brigadier Maione, fidèle adjoint du commissaire, apprend que l’assassin de son fils aîné Luca vient de mourir en prison mais qu’il aurait en réalité couvert le vrai coupable de ce meurtre qui a longtemps plongé la famille Maione dans le désespoir et la léthargie.

Pour trouver le ou les coupables, Ricciardi va s’intéresser à la rude vie des pêcheurs napolitains et à la grande tradition des crèches napolitaines. La ville est en pleine effervescence à quelques jours de Noël et tous, même les plus pauvres, tiennent à marquer la fête, surtout en sculptant ou en achetant l’une ou l’autre figurine à placer dans la crèche de famille. Il sera également profondément question de paternité dans cette cinquième enquête du commissaire toujours aussi benêt et malheureux en matière amoureuse. C’est vraiment un très bon opus de la série !

« Au fond pensa-t-il, cette ville n’est qu’une immense crèche que l’amour, la faim, la haine et les rancœurs font vibrer, qui se protège du mieux qu’elle peut de la chaleur et du froid et réfléchit à la manière d’améliorer sa triste condition. Une crèche dans laquelle les bergers sont prêts à tout. »

« Le Gambrinus était le seul endroit où Ricciardi aimait être : les allées venues des clients, dont le profil changeait selon l’heure, duraient toute la journée et offraient un bel échantillon d’humanité. Les stucs et les fresques Liberty, les lumières tamisées, les garçons discrets. Un parfum suranné d’ancienne capitale qui a perdu son lustre.

Les fauteuils de velours rouge étaient confortables, la musique provenant du piano à queue placé au centre de la salle était excellente, et la sfogliatella, sublime : il n’en avait pas fallu davantage au commissaire pour élever le café historique au rang d’annexe de son bureau et de salle à manger.

Il y venait depuis des années, et aucun des serveurs habitués à le voir assis à l’écart devant cette petite table d’angle ne s’était jamais autorisé à lui adresser le moindre signe ou geste familier ; Ricciardi appréciait plus que tout la discrétion, qualité presque partout disparue, et quasiment invisible dans cette ville. » (p. 154-155)

(Attention, risque de révélations pour les lecteurs qui ne connaissent pas encore cette série)

« Il avait pensé qu’il n’aimait pas Livia, mais il n’était plus très sûr de lui. Son infirmité face aux sentiments, son manque d’expérience le faisaient douter. Il se sentait gratifié par l’admiration que les hommes vouaient à cette femme exotique et féline ; il aimait son parfum épicé qui avait quelque chose de sauvage ; c’était elle qui était instinctivement venue le chercher, lorsque la solitude, la fièvre et la douleur lui étaient devenues insupportables au cours d’une nuit pluvieuse de novembre. Mais était-ce ça, l’amour ? se demanda Ricciardi.

Et puis il y avait Enrica, bien sûr. Ses gestes calmes, l’étincelle de gaieté derrière ses lunettes cerclées d’écaille. L’émotion qu’il ressentait à la voir, la sérénité qu’elle lui apportait lorsqu’ils se retrouvaient le soir, derrière leurs fenêtres, la peine profonde que lui causaient ses persiennes closes depuis plusieurs jours. Est-ce que ce n’était pas plutôt ça, l’amour ? » (p. 229)

Maurizio de GIOVANNI, Le Noël du commissaire Ricciardi, traduit de l’italien par Odile Rousseau, Rivages/Noir poche, 2018 (Payot et Rivages, 2017)


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