C’est un livre qui, très vite, devient obsédant. On lit et relit le titre : « tumeur ou tutu » (sans majuscule) - « tu meurs ou tu tues ». Mais, si on s’y arrête un peu, on se demande ce que font ici les « s » à la fin des mots, et aussi le « e » de « tu tues ». Passons donc et entrons dans la « praison ». D’un coup, la maison serait un peu la raison d’être, « la praison dans la mairie », une sorte de prairie… On ne s’arrête pas à tous les mots réarticulés avec la réalité parce que l’écriture nous emporte et nous frappe. Parce que cette enfant dont on saisit l’histoire à partir de son « an 3 », celui du langage, crée justement à ce moment sa propre langue nourrie de ce qu’elle entend, comme on lui parle « bordel de merde ». Et il y a en elle « l’infinie », « la monstre ». Il faut qu’elle sorte, qu’elle la libère : la vérité est à ce prix. Elle la cherche à l’aide des mathématiques, parce que le langage mathématique est vrai et qu’il y a toujours une solution. « À quelqu’un qui ne parvient pas à dérouler sa démonstration, on ne dit pas : Qu’est-ce que tu t’obstines à saccager ?, ni Tu te trompes de colère, ni Laisse-moi t’aimer paisiblement. On dit : Tu as mal posé l’équation. » Sa place, à elle, est malheureusement hors de l’humanité. Elle ne connaît que « l’immanité ». Elle devient « Je » et c’est étrange quand « Je » se conjugue à la troisième personne. Quand « Je » devient sujet. « Je est en train de perdre le contrôle de sa bouche ».
C’est un peu comme une guerre. Dont les armes seraient les mots. Utilisés contre soi-même parce que leur violence conduit « à étouffer ses vides intimmenses ». Écrivant cela, on constate la proximité entre ces « vides intimmenses » et « l’immanité ».
Ce livre ouvre des portes, ne guérit pas. De quoi guérirait-il ? Il crée du langage, de « l’an 3 » à « l’an 26 ». Y a-t-il une autre issue que mourir ou tuer ?