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[critique] priscilla

Par Onrembobine @OnRembobinefr
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Titre original : Priscilla

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Origine : États-Unis

Réalisatrice : Sofia Coppola

Distribution : Cailee Spaeny, Jacob Elordi, Dagmara Dominczyk, Deanna Jarvis, Luke Humphrey, Jorja Cadence...

Genre : Drame/Adaptation/Biopic

Durée : 1h50

Date de sortie : 3 janvier 2024

Le Pitch :

Priscilla Beaulieu, 14 ans, vient d'arriver à Bad Nauheim, une base militaire américaine en Allemagne, où a été affecté son père. Elle ne tarde pas à faire à la rencontre d'Elvis Presley, qui effectue quant à lui son service militaire. De 10 ans son aîné, Elvis jette son dévolu sur la jeune fille, qu'il ne tarde pas à courtiser. Conscient de la différence d'âge, il finit par rentrer aux États-Unis pour poursuivre sa carrière. Plusieurs mois s'écoulent avant que la star reprenne contact avec Priscilla. Commence alors une romance compliquée, qui va propulser cette dernière dans la vie tumultueuse de la plus grande rock star d'histoire...

La Critique de Priscilla :

En 2022 sortait avec fracas , le furieux biopic de Baz Luhrmann, soit une véritable et audacieuse célébration de la vie et de la carrière de la plus grande icône du rock and roll, avec un focus sur sa relation avec son manager, le redouté Colonel Parker. Un point que le nouveau film de Sofia Coppola ne fait qu'effleurer. Normal vu qu'après tout, comme l'indique plutôt précisément son titre, ce n'est pas vraiment d'Elvis dont il s'agit ici mais de son épouse Priscilla.

Antithèse

Priscilla est donc l'antithèse franche et directe du film de Baz Luhrmann. Basé sur les mémoires de celle qui a partagé la vie du King pendant plus de 6 ans, le long-métrage se garde bien d'en rajouter une louche concernant le talent, l'aura et le charisme de Presley, se concentrant plutôt sur sa face sombre. Une face que son épouse a subi, presque immédiatement après être tombée sous le charme de ce jeune G.I. pas comme les autres venu en Allemagne effectuer son service militaire obligatoire.

Ici, Elvis est donc à la marge. Souvent absent, même quand il est présent d'ailleurs, absorbé par ses pensées et focalisé sur sa personne, le King a ici en effet tout d'un roi capricieux qui papillonne dans tous les sens du terme, soumis à son père et à son manager mais exerçant sur sa bien-aimée une domination qui se caractérise parfois pas des accès de colère ou des paroles offensantes. Finalement, on ne tarde pas alors à comprendre que Prisicilla, le film, est une sorte de déclinaison de Marie-Antoinette, le film aussi, si ce n'est qu'ici, le personne principal ne jouit finalement que très peu du statut que lui confère son mariage, harcelé par les groupies et délaissé par un mari qui n'en a que pour sa carrière.

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Anti-King

Sofia Coppola se focalise donc sur la prison dorée et poudrée de son héroïne qui voit, comme elle le dit clairement lors de l'une des meilleures scènes, sa flamme doucement faiblir en raison des agissements d'Elvis, qui n'est que très rarement à la hauteur quand il s'agit de se montrer attentionné et prévenant. Le point de vue du film est clair et respectable. Sur l'écran néanmoins, l'approche très suave de la réalisatrice, qui s'est également chargée d'adapter le bouquin, empêche étrangement le film de faire preuve de la puissance nécessaire pour illustrer son propos de manière optimale.

Si elle ne décrit pas Elvis comme un salaud intégral non plus, elle n'hésite pas à s'attaquer au mythe, mais son approche manque parfois de relief et de liant. Une partie de Priscilla ressemble à un assemblage un peu hasardeux et paresseux de séquences censées nous faire réaliser que le mariage des Presley est un lent naufrage. On reconnaît bien le style de Sofia Coppola et cette dernière sait faire preuve de pertinence et de flamboyance mais il est simplement dommage que son long métrage se montre parfois trop lancinant et timoré pour vraiment marquer les esprits.

Un couple au bord du gouffre

Heureusement, les petits travers inhérents à une réalisation certes soignée mais un peu trop éthérée, heureusement égayée par une sublime photographie et par une savante reconstitution, sont largement rattrapés par la performance de Cailee Spaeny, la jeune actrice qui interprète Priscilla. Fulgurante révélation, l'actrice fait preuve d'une sensibilité tout à fait à propos quand il s'agit, sans en faire des tonnes, de traduire à l'écran les aspirations, les souffrances et finalement la force de Priscilla Presley.

Magnifique, de tous les plans, captant la lumière avec la flamboyance des plus grandes stars d'Hollywood, la comédienne illumine le film de sa présence, au point d'ailleurs, et ce n'est pas plus mal, de faire de l'ombre à Jacob Elordi, la star de la série Euphoria, ici dans les habits d'Elvis. Un acteur qui fait du bon boulot mais qui souffre trop de la comparaison avec Austin Butler. Son Elvis manquant parfois cruellement de relief.

Mais c'est aussi peut-être surtout à cause du scénario, qui finalement, ne soigne vraiment que Priscilla. Un choix compréhensible mais un peu dommageable quand il s'agit de mettre en valeur le parcours de cette jeune femme entrée malgré elle dans la grande histoire de la musique moderne. Reste que Priscilla profite de son sujet pour dessiner une réflexion sur la place des femmes dans la société dans les années 60. Réflexion qui trouve malheureusement un écho aujourd'hui...

En Bref...Visuellement magnifique, porté par la performance éblouissante de Cailee Spaeny mais malheureusement un peu trop fade et parfois brouillon dans son approche, Priscilla reste néanmoins recommandable. Parfaite réponse au Elvis de Baz Luhrmann, le film prouve aussi que Sofia Coppola possède décidément un style bien à elle. Une cinéaste ici inspirée, porté par une audace qui lui va très bien.@ Gilles Rolland
[critique] priscilla

Par Gilles Rolland le 4 janvier 2024

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