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Damien Marie et Laurent Bonneau – Ceux qui me touchent

Par Yvantilleuil

Damien Marie Laurent Bonneau Ceux touchentNeuf ans après « Ceux qui me restent », Damien Marie et Laurent Bonneau reviennent avec un nouveau one-shot qui invite cette fois à suivre le parcours de Fabien, un jeune homme qui rêvait d’une carrière d’artiste, mais qui doit finalement se contenter d’un travail à la chaîne dans un abattoir de cochons afin de parvenir à boucler les fins de mois difficiles. S’il ne croise plus trop sa femme, qui enchaîne les gardes de nuit dans un hôpital, il s’accroche au petit rayon de soleil qui illumine la vie du couple depuis cinq ans. Arrivée sur le tard, après de nombreuses fausses couches, des inséminations artificielles et des fécondations in vitro, la petite Elisa déborde non seulement d’énergie, mais également d’imagination. Ce sont d’ailleurs les histoires qu’elle invente le soir avant de rejoindre les bras de Morphée qui vont subitement réveiller la flamme artistique qui sommeillait en lui…

Damien Marie, dont je suis grand fan depuis « Welcome to Hope », nous plonge dans la France d’en bas, au cœur de cet engrenage pervers qui pousse les gens à mettre leurs rêves de côté au détriment d’une réalité économique souvent cruelle, obligeant à accepter des métiers à la con pour joindre les deux bouts, tout en s’accrochant aux petits moments de bonheur, allant de bières entres amis au rituel du soir qui permet à son enfant de trouver le sommeil.

Damien Marie (La cuisine du diable, Dans mes veines, Back to Perdition) rend hommage à ces artistes qui voguent à contre-courant d’une société où l’argent est roi, tout en dénonçant les dérives d’un art devenu lui-même commerce. En suivant les pas d’un ancien étudiant des Arts Appliqués, condamné à tuer des porcs pour survivre, l’auteur met le doigt là où ça fait mal, invitant à réfléchir sur notre société, sur ces familles qui galèrent au seuil de la pauvreté, sur les laissés pour compte, sur l’abrutissement du travail à la chaîne, sur l’élevage intensif et sur la création artistique… pour finalement proposer deux fins alternatives à son récit : une heureuse, imaginée…puis celle, plus probable, qui résulte de la dure réalité.

Visuellement, Laurent Bonneau propose des planches très aérées, qui permettent de saisir les petits instants de la vie, ces silences et ces non-dits qui capturent les moments de tristesse ou de joie qui jalonnent l’existence. Installant immédiatement l’ambiance adéquate en alternant les teintes au fil du récit, il installe son graphisme au diapason des émotions véhiculées par le scénario. Et que dire de ces planches tout bonnement magnifiques où l’univers onirique de la fillette se superpose à merveille à la réalité du père ?

Quand l’art rend hommage à ceux qui ont le courage de l’exercer, on ne peut qu’applaudir !

Ceux qui me touchent, Damien Marie et Laurent Bonneau, Grand Angle, 224 p., 24,90 €

Ils/elles en parlent également : Anne-Laure, Maude, Chantal, Bulle noire, BDGest, L’accro des bulles

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