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Lost in Translation : Étrangers familiers

Par Vance @Great_Wenceslas
Si vous êtes un lecteur régulier du blog, vous savez peut-être que Lost In Translation est mon film préféré . Autant vous dire que lorsque j'ai appris qu'un livre francophone sur le sujet allait bientôt sortir, j'ai bondi d'enthousiasme ! Il se trouve que j'étais justement au Japon à cet instant, sur les traces des lieux de tournage du film. Une chouette coïncidence qui n'augurait que du bon !

Bob Harris, acteur sur le déclin, se rend à Tokyo pour tourner un spot publicitaire. Il a conscience qu'il se trompe - il devrait être chez lui avec sa famille, jouer au théâtre ou encore chercher un rôle dans un film -, mais il a besoin d'argent.

Du haut de son hôtel de luxe, il contemple la ville, mais ne voit rien. Il est ailleurs, détaché de tout, incapable de s'intégrer à la réalité qui l'entoure, incapable également de dormir à cause du décalage horaire.

Dans ce même établissement, Charlotte, une jeune Américaine fraîchement diplômée, accompagne son mari, photographe de mode. Ce dernier semble s'intéresser davantage à son travail qu'à sa femme. Se sentant délaissée, Charlotte cherche un peu d'attention. Elle va en trouver auprès de Bob...

Lost in Translation garde une place spéciale. Je l'ai découvert à l'adolescence, et je me souviens que sa musique, ses couleurs et les sentiments de Charlotte et Bob m'avaient frappé. Peut-être que, rétrospectivement, j'idéalise ce rapport d'alors au film, mais j'ai l'impression qu'il incarnait bien ce que je pouvais ressentir en tant qu'adolescent, l'impression de ne pas être tout à fait à ma place, ou de ne pas être compris (et, en même temps, de ne pas forcément vouloir être compris) - ce que des millions d'adolescents ont ressenti, et des adultes aussi ! Il a eu une résonnance particulière à cette époque, ce qui a sans doute renforcé mon attachement.

Lost in Translation A : Merci pour le compliment ! J'ai choisi de développer cet aspect d'abord parce que l'écriture a démarré avec l'écoute de la BO. Cette dernière fait partie de mes BO favorites, et je me suis rapidement rendu compte qu'il existait en effet assez peu de témoignages sur celle-ci. Je me suis renseigné pour la présenter et l'analyser au mieux dans le livre, avant de penser à interroger Brian Reitzell. Par chance, l'agence chargée de ses relations publiques a transmis mon mail et il a été suffisamment patient pour m'accorder du temps. Pour le reste, Brian Reitzell a pratiquement tout fait car il s'est montré très sympathique et très avenant, il est revenu avec un plaisir non dissimulé sur , qui l'a beaucoup marqué, de ce que j'en ai vu, au même titre que Virgin Suicides et Marie-Antoinette.

A : Petite anecdote, vous avez peut-être vu la vidéo où un YouTuber s'amuse à retoucher l'extrait du film pour rendre audible le chuchotement : j'ai quand même regardé cette vidéo dans le cadre de mes recherches sur le film. J'ai décidé de ne pas l'évoquer car, effectivement, je pense que cela n'était pas nécessaire, puisqu'allant à l'encontre de la volonté générale de la scénariste/réalisatrice, mais aussi des acteurs et actrices. Figurez-vous que j'ai presque immédiatement oublié ce que Bob disait à Charlotte, ce qui, à mon sens, prouve bien qu'entendre ces paroles n'est pas crucial.

Lost in Translation A : C'est une théorie à laquelle je n'avais jamais pensé, de mon côté, pour être honnête. À mon sens, cela illustre l'aspect plastique et très personnel du film, suffisamment équivoque et "accueillant", d'une certaine manière, pour que chaque spectateur ou spectatrice puisse y voir une histoire différente, sans pour autant verser dans l'équivoque un peu tiède. Je trouve à ce titre que la fin de n'est pas frustrante, contrairement à d'autres fins ouvertes qui peuvent donner l'impression d'une absence de choix. Je me suis posé la question de contacter Sofia Coppola - ou du moins d'essayer. Je ne l'ai pas fait, d'une part parce que je me suis dit qu'il était improbable qu'elle se confie à un auteur inconnu - d'autant plus qu'elle est très secrète en entretien, et ne révèle pas énormément de choses -, d'autre part parce qu'interroger la scénariste-réalisatrice d'un film avant d'écrire un livre sur ce dernier pourrait revenir à se couper l'herbe sous le pied : une fois son intention connue et exposée, l'analyse peut paraitre un peu vaine. Cela dit, à nouveau, Lost in Translation est suffisamment riche pour que l'analyse côtoie l'intention de l'autrice, sans la parasiter, à mon sens.


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