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Façons de vivre avec les mathématiques

Publié le 12 janvier 2024 par Onarretetout

Hervé Le Tellier 

(Toutes les familles heureuses)
Les mathématiques sont implacables. Comme un papillon passe-muraille voletant vers la lumière, on traverse une vitre puis une autre jusqu’à ce qu’une dernière nous résiste, et qu’on sache aussitôt qu’elle nous résistera toujours. D’autres papillons nous rejoignent à cette frontière insurpassable mais eux la franchissent sans peine. On comprend alors que non, on n’est pas si bon, que la recherche n’est pas pour nous. Qu’aucun théorème ne portera notre nom, qu’on sera, au mieux, un passeur médiocre, un pédagogue que l’enthousiasme finira par quitter.

(Les mots sont nets, le monde est flou)
La littérature a, dès l’origine, été « comptée », à la fois mesurée et versifiée. C’était le meilleur moyen pour qu’elle soit mémorisée, et qu’elle voyage. On retrouve dans l’étymologie cette origine commune entre l’arithmétique et le récit, puisque, dans beaucoup de langues, « compter » et « conter » ont la même racine (en allemand, par exemple : zahlen et erzählen).

Léna Ghar 

(tumeur ou tutu)
En maths, il n'y a pas de heurts, pas de gâchis, pas de portes qui claquent, pas de boulets de canon dans la gueule, pas de méfiance, pas d'inquiétude, pas de reflux, pas de provocation. À quelqu’un qui ne parvient pas à dérouler sa démonstration, on ne dit pas : Qu’est-ce que tu t’obstines à saccager ?, ni Tu te trompes de colère, ni Laisse-moi t’aimer paisiblement. On dit : Tu as mal posé l’équation.
 


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