Comme pour les aventures de Tintin, Hergé utilise la technique de la "ligne claire" dans Jo, Zette et Jocko. Cependant, les lignes sont ici très épurées, et les détails superflus sont évités, les décors souvent lisses – on voit que E. P. Jacobs n’y a pas encore prêté la main. Mais on peut aussi se référer à ce qu’en a fait récemment Floch dans le dernier hors-série des aventures de Blake et Mortimer.
Hergé était connu pour sa quête de réalisme. Il faisait des recherches approfondies sur les sujets abordés – en particulier les nouveautés technologiques - pour garantir une précision visuelle et narrative.
Les planches sont organisées de manière logique, avec une disposition claire des cases. Cela facilite la compréhension de l'histoire et le suivi de l'action. Les personnages des méchants sont très typés. On retrouvera ces modèles dans Allan, ou Rastapopoulos.
Les aventures de Jo, Zette et Jocko suivent naturellement les thèmes d'aventure et de mystère chers à Hergé. On ne peut s’empêcher de penser aux thèmes récurrents : dascination de la mer, la base sous-marine secrète, le concept de savant fou – chers plus tard aux films tirés des personnages de James Bond –
Avec ce point original d’une intelligence supérieure confiée à un couple de très jeunes ados, plus l’intelligence animale de leur singe. Ils sont capables de tout, parfaitement complémentaires dans l’art de faire des bêtises et de s’en tirer avec brio, ces enfants : piloter un avion, un tank amphibie, un avion … il est vrai que leur père est ingénieur ! Autre détail : ces jeunes héros sont français à la différence de Quick et Flupke, qui datent de 1930.
On n’échappera pas cependant au reproche très daté fait à Hergé quant à la représentation caricaturale des peuples primitifs ou de la civilisation indienne … C’est le fruit d’une époque insupportable de nos jours.
Cinq épisodes originaux, qui recèlent tous les thèmes de leur auteur, sans filtre. A lire en conservant à l’esprit l’outillage mental de leur époque.
Jo, Zette et Jocko, cinq épisodes par Hergé (Le Manitoba ne répond plus, L’Éruption du Karamako, Le Testament de M. Pump, Destination New York et La Vallée des Cobras), édité en grand format chez Casterman, 272 p., 30€