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Caro carissimo Puccini

Publié le 19 janvier 2024 par Adtraviata
Caro carissimo Puccini

Quatrième de couverture :

Des vies, mais telles que la mémoire les invente, que notre imagination les recrée, qu’une passion les anime. Des récits subjectifs, à mille lieues de la biographie traditionnelle.

L’un et l’autre : l’auteur et son héros secret, le peintre et son modèle. Entre eux, un lien intime et fort. Entre le portrait d’un autre et l’autoportrait, où placer la frontière ?

Les uns et les autres : aussi bien ceux qui ont occupé avec éclat le devant de la scène que ceux qui ne sont présents que sur notre scène intérieure, personnes ou lieux, visages oubliés, noms effacés, profils perdus.

Rabat de couverture :

Né à Lucques à deux pas de la cathédrale Saint-Martin, achète avec son premier cachet une bicyclette, aime les voitures rapides et rutilantes, fumeur invétéré, chasseur, doué pour la mélodie, prétend que ses deux instruments préférés sont le piano et le fusil de chasse, chiche par nature, débourse une jolie somme pour que sa femme échappe à la prison quand leur domestique s’empoisonne au curare, assez indifférent au mouvement général de l’Histoire mais sans la moindre sympathie pour les Chemises noires, esprit curieux des inventions technologiques, auteur d’une ode au dentifrice, tempérament éclectique, timide, toujours très attiré par les femmes, amateur occasionnel du cinématographe, ému à jamais par le spectacle des peupliers, renonce à se faire greffer des couilles de gorille à cause de son diabète, drôle à ses heures, foncièrement optimiste malgré tout, mort à Bruxelles d’un cancer de la gorge.

J’ai toujours eu à traîner un lourd fardeau de mélancolie. Il n’y a aucune raison à cela, mais je suis fait ainsi. C’est lui, Puccini, qui l’a écrit.
B. C.

Pour préparer un travail pour le cours d’italien – et aussi parce qu’on célébrera en novembre 2024 le centenaire de sa mort -, j’ai sorti ce petit livre de Bernard Chambaz qui traînait dans ma PAL. L’auteur est très pudique sur son lien personnel avec Puccini : on comprend à la fin que la musique du compositeur les a aidés, sa femme et lui, à surmonter le deuil d’un fils.

En vrai, on ne connaît pas grand-chose de Puccini mais Bernard Chambaz a recueilli de sa vie des anecdotes pittoresques, tantôt attendrissantes, tantôt croustillantes. Il est le premier garçon après cinq filles, il aura un frère plus jeune de cinq ans, qui s’exilera et mourra en Argentine. A la fois attaché à la famille et cherchant la solitude pour composer, Puccini s’achètera plusieurs maisons (comme il collectionnera les automobiles et… les femmes) mais habitera surtout Torre del Lago, son refuge près d’un lac. Il ne craint pas de rejeter les conventions sociales puisqu’il vivra de longues années avec Elvira, la mère de ses enfants, sans se marier, du moins pas avant la mort du mari d’Elvira, qui ne craignait pas non plus de « vivre dans le péché ». Mais elle était jalouse, terriblement jalouse, au point de provoquer le suicide d’une de ses domestiques, d’être sauvée de la prison par son mari qui s’écartera d’elle tout en restant marié.

Puccini a composé quelques-uns des opéras les plus célèbres et il faut lui reconnaître du génie quand on écoute les airs les plus connus, même si c’est un peu réducteur par rapport aux oeuvres entières : Vissi d’arte et E lucevan le stelle tiré de Tosca, Un bel di vedremo extrait de Madame Butterfly sans oublier Nessun dorma dans Turandot. J’ai aussi un faible pour O mio Babbino caro qui a servi de générique au magnifique Room with a view de James Ivory, c’est un de mes films-cultes. Puccini ne lisait pas ou très peu pour trouver les livrets de ses opéras, il comptait sur ses librettistes et son éditeur ou il partait de pièces de théâtre. Ses oeuvres n’ont pas toujours connu le succès qu’on leur connaît aujourd’hui, du moins à leur création en Italie, mais une fois « lancées » ailleurs, elles revenaient au pays avec un très grand succès et Puccini pouvait compter sur des revenus confortables qui lui ont permis de s’acheter maisons, automobiles, etc.

Je reviendrai en novembre sur l’anniversaire des 100 ans de la mort de Puccini à Bruxelles où il était venu se faire soigner un cancer de la gorge. En attendant je vous propose d’écouter O mio Babbino caro avec le « résumé » du film Chambre avec vue. (Si vous ne l’avez pas vu, ne regardez pas, ne faites qu’écouter.)

Bernard CHAMBAZ, Caro carissimo Puccini, Gallimard, collection L’un et l’autre, 2012


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