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Les faits que tu me fais…

Publié le 23 janvier 2024 par Morduedetheatre @_MDT_
faits fais…

Critique de Ma version de l’histoire, de Sébastien Azzopardi, vu le 12 janvier 2024 au Théâtre Michel
Avec Deborah Leclercq, Sébastien Azzopardi, Miren Pradier et Alexandre Nicot, mis en scène par Sébastien Azzopardi

Après un succès de plus d’une saison et demie, Une Idée Géniale de Sébastien Castro, qui portait bien son nom, cède la place au nouveau spectacle de Sébastien Azzopardi. Pas facile ! L’occasion pour moi de combler un manque, car j’ai beau avoir un grand respect pour Sébastien Azzopardi, conseiller ses pièces régulièrement, avoir l’impression qu’il fait partie de mon univers théâtral, je me suis rendue compte que je n’ai jamais vu un de ses spectacles.

J’ai de la chance, le sujet de son nouveau spectacle me fait envie. Et doublement envie, en vérité. D’abord, c’est une comédie sur le couple – et je ne sais pas combien de fois je l’ai dit cette saison mais j’adore les pièces qui traitent du couple. Mais c’est surtout un schéma intéressant, puisqu’il s’agit en vérité d’une confrontation des souvenirs de nos deux protagonistes, en rendez-vous chez le psy pour tentative de sauvetage de leur union. Tentative qui aboutit au constat que le temps – et un certain arrangement avec la réalité que certains nomment mauvaise foi – a pu quelque peu transformer les-dits souvenirs.

Allez, on va être tout à fait honnête : j’avais un peu peur. Peur de la grosse comédie qui tache. Mais je n’y étais pas du tout. Sebastien Azzopardi a fait appel à un mécanisme vieux comme le monde dans les couples, mais surtout très efficace scénaristiquement : les vieux dossiers. Déjà, dans un spectacle, un personnage qui ressort un vieux dossier, c’est souvent savoureux, mais alors une bataille de vieux dossiers, avec ce qu’il faut de mauvaise foi et de punchlines bien envoyées, autant vous dire qu’on n’a plus qu’à sortir les popcorn (enfin on est au théâtre donc déjà si vous mâchez du chewing-gum je vous maudis pour dix générations mais vous m’avez comprise).

Ça se savoure, ça se déguste, ça se suit comme une véritable série dont chaque souvenir serait un épisode. Le mécanisme pourrait paraître répétitif, mais se révèle en réalité plutôt addictif. On a constamment envie d’aller plus loin dans le temps, de deviner là où chacun s’arrange avec la réalité, de connaître la suite, ou plutôt l’origine du mal. Et théâtralement, ça fonctionne bien. Evidemment les disparités de points de vue sont plus que flagrantes, mais on peut toujours jouer aux jeu des sept différences sur le comportement des personnages qui évoluent subtilement d’une scène à l’autre.

Tout ce que j’écris là, c’est la version de moi écrivant un dimanche soir sur mes souvenirs du spectacle. Ce qui m’en reste est positif. J’ai passé une chouette soirée. Mais si je dois être tout à fait honnête, ma version du jour J est un chouïa différente. Elle est emballée, mais elle reste un peu sur sa faim en terme de rire. Pas qu’il manque quelque chose au spectacle, qui semble abouti tel qu’il est présenté. Mais plutôt qu’on sent le potentiel de quelque chose de davantage explosif, capable de renvoyer la balle à l’autre bout du terrain en un millième de seconde – et si c’est sur la pelouse ou en haut d’un tronc d’arbre, là où le spectateur ne regardait pas, c’est encore mieux !

Bon, là, c’est ma version que vous avez, mais si ça peut vous rassurer, le soir où j’y étais, la version de la salle avait l’air assez unanime.

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