Après Wonderstuck, très joli conte, à cheval entre deux époques, avec un soupçon de poésie et de merveilleux et,plus récemment, Dark Waters, film d'enquête un peu trop classique à la sauce écologique, Todd Haynes explore avec May december son onzième film des thèmes qui lui sont familiers : jeux de miroirs, faux semblants, dérives obsessionnels, désir de transgression et la fausse solidarité féminine ...
Tout cela est bien présent à travers cette dualité entre une comédienne et son modèle, qui avait defrayé la chronique vingt ans auparavant en s'entichant d'un jeune garçon de 20 ans son cadet.
May december intrigue en étant toujours sur le fil de pseudo-parodie de soap opera, marquée par un second degré parfois incisif sa satire sociale en filigrane.
Tout cela séduit sur le papier, mais peu à peu le film qui lorgne du coté, du thriller, du drame psychologique sans jamais vraiment trouver son ton, déconcerte le spectateur car il reste trop à la surface des choses..
Traversé d'afféteries visuelles mais aussi de quelques bonnes idées - la surprenante reprise de la musique originale du film de Joseph Losey, Le Messager (également copiée par la série « Faites entrer l’accusé » mais ce jeu de miroirs qui se veut troublant devient vite pesant à force d'insister sur les regards et les mimétismes entre le modèle original et celle qui va interpréter son rôle,
L' interprétation est de qualité mais Julianne Moore et Natalie Portman, qui en font un peu beaucoup, ont déjà été plus convaincantes
Bref, ce face-à-face qui promettait ne convainc pas, nimbé dans une atmosphère trop artificielle qui enferme le film de Todd Haynes dans un exercice de style un peu vain qui manque de flamme et de passion pour ne pas ennuyer le spectateur sur la longueur.. May décember se voudrait troublant et dérangeant, il est finalement lent et jamais captivant...
Une de nos premières grosses déception cinématographiques de l'année, d'autant plus que le film avait nettement séduit les festivaliers en compétition à Cannes!
May december de Todd Haynes, actuellement en salles- découvert en avant première lors du dernier Festival Télérama
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