C’est donc le fil conducteur de cette nouvelle rétrospective de l’œuvre de Berthe Morisot (1841 – 1895) : ses liens avec les maîtres du XVIIIème siècle, qu’elle venait copier au Louvre puisqu’à l’époque, l’école des Beaux-Arts était naturellement fermée aux jeunes filles … surtout de bonne famille.
Car Berthe Morisot est élevée dans la haute bourgeoisie. Son père est préfet. Sa famille compte parmi ses ancêtres les fameux ébénistes Jacob-Desmalter, elle évolue dans un milieu tout empreint du grand goût du XVIIIème siècle, avec pour héritage la tradition de l'esprit des Lumières.
Il est donc naturel qu’elle soit influencée par les peintres de cette époque pourtant largement ignorés en ce milieu du XIXème siècle : Antoine Watteau, François Boucher, Jean-Honoré Fragonard – qu’une légende familiale non vérifiée place en son ancienne parentèle – Jean-Baptiste Perronneau (une découverte pour moi), Jean-Maurice Quentin Delatour, et aussi Thomas Gainsborough, George Romney.
Berthe Morisot ne fait pas que copier, elle s’inspire, elle magnifie, s’empare de détails. Elle utilise autant le pastel que l’huile, sont coup de pinceau est léger, tellement moderne, ses portraits envoûtent.
La dernière exposition dans ce même musée date de 2012, et je l’avais aussi découverte à travers sa très belle biographie par Dominique Bona (de l’Académie française) …
On admirait alors surtout ses multiples portraits de sa fille Julie Manet (1878 – 1966).
On verra ici des photos de son mariage avec Ernest Rouart, tous peintres … sauf leur petit-neveu Jean-Marie, romancier d'aujourd'hui et lui aussi membre de l’Académie.
Mais l'art de cette artiste si belle et aussi rebelle ne saurait pas être cantonné à ce talent de copiste.
Ses tableaux vont bien au-delà, ils touchent à l'intime.
Quel talent,
Quelle famille !
Berthe Morisot et l’art du XVIIIème siècle, exposition au musée Marmottan Monet jusqu’au 3 mars, ouvert à partir de 10h sauf le lundi, 2 rue Louis Boilly, paris XVIème – 14€