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Le bonnet de nuit d’Italie

Publié le 22 janvier 2024 par Morduedetheatre @_MDT_
bonnet nuit d’Italie

Critique d’Un Chapeau de paille d’Italie, d’Eugène Labiche, vu le 10 janvier 2024 au Théâtre du Lucernaire
Avec Guillaume Collignon, Victor Duez, Sarah Fuentes, Mélanie Le Duc et Emmanuel Besnault, mis en scène par Emmanuel Besnault et Benoît Gruel

J’aime le théâtre de tréteaux que propose Emmanuel Besnault et j’avais vraiment hâte de voir comment il allait s’en sortir dans ce Chapeau de paille d’Italie avec seulement cinq comédiens. Mais j’avais confiance. Moi qui avais été si déçue de la version d’Alain Françon présentée en début d’année, je n’avais qu’une seule attente : RIRE. Spoiler : je suis passée complètement à côté de la proposition. Rire jaune, ça compte ?

Qu’est-ce qui est si terrible dans ce Labiche pour que deux metteurs en scène passent coup sur coup à côté ? Je garde un bon souvenir de la version de Giorgio Barberio Corsetti, vue à la Comédie-Française il y a plus de dix ans de ça, et dont l’explosivité me donne aujourd’hui encore de l’énergie rien que d’y penser. Je reprochais à Françon de ne pas s’être laissé suffisamment porté par ce texte, je reproche à Emmanuel Besnault l’exact inverse : être parti d’une idée qu’on a du mal à lire, même en sous-texte.

Au début, on se demande un peu où on est tombé. Quelque part entre le monde des Télétubbies ou un asile psychiatrique : le blanc recouvre toute la scène, jonchée de matelas et de draps, quand les comédiens semblent être des coussins vivants. C’est rigolo et étonnant, ça suscite la curiosité, mais ensuite ? J’abandonne mon idée des Télétubbies et de l’asile. Peut-être a-t-il vu dans l’histoire quelque chose de comparable à un Enterrement de Vie de Garçon ? Mais non, je n’y suis pas, il fallait voir plus simple : tout cela n’est qu’un rêve. J’aurais pu y penser tout de suite au vu des accessoires utilisés mais voilà : au-delà des accessoires, rien ne vient corroborer cette histoire de rêve…

Mais ce n’est pas le seul problème. Je me demandais comment on montait le Chapeau de paille d’Italie à cinq comédiens, je me demande en réalité si on peut vraiment le monter avec cinq comédiens. C’était peut-être un peu ambitieux. La noce est représentée uniquement par deux personnages, et on perd probablement en pression, en frénétisme, en exaltation de ce côté-là : on ne sent pas l’urgence, rien ne s’emballe, aucun engrenage ne s’active. Pire encore : le rythme s’enlise un peu, alors même que le spectacle ne dure qu’1h15 – mais j’ai vu la première, peut-être que ça s’est resserré depuis.

Enfin, dernière pointe de déception et après je m’arrête – mais c’est ça quand on a des attentes que voulez-vous : j’ai vu il y a deux ans un Fantasio monté aussi par Emmanuel Besnault. Un Fantasio rock. On a rajouté du rock sur Fantasio, vous me direz pourquoi pas, d’autant que la musique est souvent présente dans le travail de Besnault. Mais pourquoi l’avoir retirée du Chapeau, alors qu’en bon vaudeville qui se respecte, celui-ci comprend des airs chantés ? C’est dommage, car non seulement c’est souvent un atout des spectacles de Besnault, mais cela aurait pu contribuer à rythmer davantage la pièce et combler certains manques liés à l’adaptation pour cinq comédiens. Enfin, je dis ça…

Décidément, ces derniers temps, Labiche est tout décoiffé…

Un Chapeau de paille d’Italie – Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris
A partir de 10 €
Réservez sur BAM Ticket !

© Philippe Hanula

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