
L'histoire: Norvège, Seconde Guerre Mondiale. Les services secrets britanniques repèrent une usine de carburant servant à alimenter les fusées allemandes. L'escadrille 633 est chargée de détruire le site. Mais celui-ci est très bien protégé, et la mission se révèle quasiment impossible...
Ce qu'disait le communiqué de presse lors de la sortie au Québec: Les films de guerre tirés de récits authentiques (sic) attirent toujours les foules. " 633 Squadron " est un film poignant, mais qui finit bien pour les héros de l'aventure. Ils sont trois à nous tenir en haleine: tout d'abord le lieutenant Erik Bergman (George Chakiris), combattant de la Résistance norvégienne qui sera capturé et torturé par les terribles S.S.; sa soeur, Hilde (Maria Perschy), amoureuse du commandant Roy Grant (Cliff Robertson). Ce dernier, chargé d'une dangereuse mission où il risque à chaque instant de mourir, est d'avis qu'il n'y a pas de place pour l'amour dans la vie d'un soldat. " Le salut du pays avant tout ", dira-t-il à la belle et tragique Hilde. L'opération confiée à Erik et à Roy est remplie d'embûches: ils sont chargés de diriger le tir aérien contre des raffineries de pétrole allemandes, et cela avant le jour J. L'enjeu est d'importance, puisqu'il s'agit d'empêcher les Allemands d'utiliser les premières fusées aériennes prêtes à détruire l'Angleterre. Y réussiront-ils? Hilde finira-t-elle par épouser le commandant Roy Grant?

Depuis le jour où j'ai vu pour la première fois l'haletant Battle of Britain ( La Bataille d'Angleterre, Guy Hamilton, 1969), j'ai toujours eu un petit faible pour les films de guerre anglais, et plus particulièrement ceux tournés dans les années 1960. Leur héroïsme plus tempéré que chez leurs homologues américains, leurs touches d'humour british souvent sarcastique et la véracité de leurs reconstitutions ne cessent de me ravir au fil des visionnements.
Produit par des américains, mais entièrement tourné en Angleterre, 633 Squadron (Mission 633 en français) est de cette trempe. Réalisé par Walter Grauman (1922-2015), artisan efficace à défaut d'être audacieux, ce récit d'une mission glorieuse a le grand avantage d'être parfaitement plausible bien qu'il soit basé sur des événements inventés de toute pièce par l'ancien officier de la Royal Air Force Frederick E. Smith, auteur d'une série de livres relatant la vie et les exploits des membres de cet escadron fictif.
Au détour d'une histoire balisée et sans surprises, plusieurs petites choses aussi délectables qu'inattendues se détachent. Comme cette sadique officier SS qui prend un plaisir jouissif à torturer un prisonnier anglais, à voir comme une sorte de " teaser " à ce que sera plus tard la célèbre Hilda et un commentaire final empreint de pessimisme et beaucoup moins glorieux que ce que laisse supposer le communiqué de presse reproduit ci-dessus. Le clou du spectacle étant une opération aérienne risquée - souvent citée comme l'une des sources d'inspiration de George Lucas pour le raid mené par Han Solo dans le tout premier Star Wars - consistant à passer dans l'étroit couloir d'un fjord pour aller bombarder un point précis d'une montagne afin de la faire s'écrouler sur la raffinerie nazie.
L'avantage de ces productions tournées à peine 20 ans après la fin de la guerre, c'est qu'elles mettent souvent en scène des combats réalistes, filmés avec de véritables appareils. C'est le cas dans Squadron 633 puisque les producteurs - en plus d'avoir utilisé des modèles réduits somme toute assez réussis - avaient acheté une dizaine de Mosquito, bombardiers légers à l'ossature de bois produits par de Havilland Aircraft Company Limited, qui se distinguèrent aux mains des pilotes de la RAF.
Chorégraphiées par Grauman - qui fut pilote émérite pour l'armée américaine au cours de la Deuxième guerre mondiale -, les virevoltes aériennes sont très réalistes et gardent savamment le suspense jusqu'à la toute fin.
Les présences du solide Cliff Robertson, visage indissociable de la série B US, du jeune premier George Chakiris, de la délectable autrichienne Maria Perschy et du toujours impeccable Harry Andrews, ajoutent au plaisir procuré par 633 Squadron, évocation prenante et bien construite du courage des pilotes anglais et de leur sens du sacrifice.
On voit ça sur plusieurs plateformes VOD, dont YouTube, iTunes et tubi.tv, qui propose également le moins bon Mosquito Squadron de 1969 avec David McCallum.
