Dites : [prè-chof]

En 2020, on découvrait Noé Preszow avec son premier album et surtout deux singles À nous et Que tout s'danse. Le Belge de 29 ans revient avec un second album, [prèchof] (qui précise la prononciation de son nom de famille), tout aussi intime et engagé mais tire davantage sur la corde pop-rock. C'est déjà l'un des meilleurs de l'année.

Une plume précise et prolifique. Un débit parfaitement articulé. Des textes riches. Noé Preszow a tout conservé de son identité musicale et la pousse encore plus loin, que ce soit le texte ou la musique. Guitariste, il avait débranché son instrument pour composer un premier album plutôt urbain. Cette fois, il se lâche. Le solo de Prière de n'pas déranger, morceau qui convoque The Cure, confirme son sens de la mélodie. La ballade Charlotte, qui faisait office de rappel lors des concerts en 2020, évoque subtilement Girl from the North Country de Bob Dylan. Clin d'oeil inconscient à l'un de ses modèles folk où il parle d'anciennes relations. C'est justement par Charlotte que l'histoire de ce deuxième disque commence. Suit l'étrange 27 écrite quelques heures avant ses 27 ans alors que Noé pensait atterrir dans le club des 27 ! Ce " club des gens sans âge qui ne brillent qu'à la dérive ". Puis découlent 11 autres chanson où trônent conjointement l'intime et le monde.

J ustement, le titre qui ouvre l'album, L'intime & le monde résume l'album où Noé observe la société et plonge dans ses sentiments et ce qui le constitue. A commencer par son histoire familiale. Après un voyage en Pologne sur les traces de sa famille décimée à Auschwitz car victime de la Shoah, Noé écrit Preszow =[prèchof], un texte dans lequel il évoque ses origines juives polonaises : la machine à coudre pour l'étoile jaune, le documentaire Nuit et brouillard d'Alain Resnais, les barbelés des camps, le numéro tatoué sur le bras... Alors qu'il y a trois ans le chanteur esquivait la question sur l'histoire de ses grands-parents, en parler est devenu nécessaire. Tout comme c'est plus que jamais le moment de fustiger l'extrême droite montante en Europe dans le morceau Juste devant, de peur que l'histoire se répète comme Noé le chante dans La gare. Cet avant-dernier titre parle de ce " petit mec [qui] envoie des milliers d'autres mecs faire sauter les villes & les gens exécuter ses petits plans " en Ukraine. Malgré des textes parfois lourds de sens, impossible de ne pas projeter immédiatement ces chansons dans leur future version live grâce au parti pris des mélodies pop-rock qui font taper du pied : Comment fais-tu pour vivre ?, Nos années 20, Du manque d'amour, À force... Avec [prèchof], Noé prouve que son premier album n'était qu'une brèche dans l'étendue son talent d'auteur-compositeur-interprète.

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