|
Sleep, film de genre ludique et cruel
Sleep travaille un argument simple mais en même temps profondément jouissif : la remise en cause d’un bonheur amoureux suite aux crises de somnambulisme répétées du mari.
Individu passif à bien des égards, cet homme- joué avec une impassabilité feinte par le refretté Lee Sun Kyun- subit sa maladie et génère de l’empathie. Le danger qu’il inspire est moins concret que fantasmé.
Dans ce huis clos paranoïaque, et en même temps jeu de massacre cruel et ludique, on voit qu' au fur et à mesure que les chapitres s'enchaînent et rebattent habilement les cartes, le film déconstruit les différentes strates attendues d’un genre par essence codifié.

Divisé en trois chapitres bien distincts , le film de Jason Yu nous surprend sur un terrain a priori assez balisé aussi bien ’Exorciste, Shining, et surtout deux autres films d'horreur assez récents, on pense à Paranormal Activity et Invisible man, notamment dans sa volonté de faire du couple un objet d’étude et d’effroi.
Lieu de déliquescence conjugale et sociale, l’image de la famille est attaquée de front. Le foyer se pose en épicentre du mal méritant d’être saccagé, la place de la femme dans la culture coréenne, un motif anxiogène qui plonge l’héroïne dans la paranoïa.
Alternant moments terriblement effrayants et scènes de comédie noire vraiment réjouissante, voilà une bien belle réussite Car plus convaincant que le récent Amélia's Children également récompensé à Gerardmer, ce Sleep, qui sort en France sur un nombre de copies hélas assez restreint est une des belles surprises de ce mois de février.

De Jason Yu (Corée du Sud, 1h35) Avec : Lee Sun-kyun, Jung Yu-mi, Kim Gook Hee, Yoon Kyung-ho...