Magazine Conso

La justice des hommes

Publié le 26 février 2024 par Lorraine De Chezlo
justice hommesde Santiago H. Amigorena 

Roman - 320 pages 

Éditions P.O.L. - août 2023

Aurélien et Alice vivent avec leurs deux enfants, une vie de couple avec ses joies et ses crises. Un soir de crise, l’impensable arrive. Alice sort rejoindre un amant et Aurélien reste avec les enfants. Contraint de sortir avec eux, pour une question de rapidité non lucide, ils les laisse quelques minutes seuls sous un tunnel le temps de poursuivre celle qui doit être Alice. Un incident plus tard, il sera accusé d’avoir abandonné ses enfants et d'avoir porté atteinte à un représentant de l’ordre. La justice fait son travail, Aurélien est emprisonné, sa fille Elsa se mure dans le silence, Alice est consolée et conseillée par sa sœur et une amie de celle-ci, toutes deux avocates.

Avec une écriture qui sculpte les sentiments des membres d’une famille secouée dans leur intimité, Santiago Amigorena décrit les silences, les contradictions, les pensées qui ne sortent pas, les mots qui blessent quand ils ne devraient pas sortir. D’un incident, d’un accident, d’une inconscience, c’est l’engrenage de la Justice qui suit. La sortie de prison d’Aurélien marque le début de cette dissection par l'auteur, et de la dissonance flagrante entre les méandres des procédures qui imposent, interdisent, régulent - au nom de l'intérêt des enfants - les relations parentales, et la vie mène les pas de chacun vers l'autre, puis à l’écart, mais sans parcours balisé. 

Extrait :

"Aurélien avait passé des heures et des heures, non pas à penser, puisque rien de ce que les mots formaient dans sa tête ou devant ses yeux n'avaient de sens, mais à contempler l'immobilité picturale du langage. Il n'attendait rien des mots ni des idées qu'ils auraient pu énoncer. Il n'y avait plus d'espoir ni de désespoir dans son cœur. Il était seul. Seulement seul. Perdu dans cette solitude qui n'était ni un chemin ni un labyrinthe, cette solitude ou même l'idée de chercher un sens avait perdu son sens. "

Ces deux êtres qui dérivent sont touchants de blessure. Aurélien vit une solitude qu’il comble par le travail dans la seule perspective de revoir ses enfants, quand Alice est persuadée de son indifférence.

Pour l’auteur qui a narré une histoire conjugale somme toute banale, la justice des hommes ne sait pas être humaine. Et peut-être que parfois la réparation peut avoir lieu directement, sans son intermédiaire.

Un très beau roman.

L'avis de Julie Vasa - L'apostrophée

L'avis de Joëlle - Les livres de Joëlle


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lorraine De Chezlo 64 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines