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[En bref] Seagrass de Meredith Hama-Brown

Par Mespetitesvues
bref] Seagrass Meredith Hama-Brown

L'histoire officielle: Prête à tout pour approfondir sa connexion avec son mari après le décès de sa mère, Judith (nippo-canadienne) traîne sa famille à une retraite de développement personnel sur une île éloignée. C'est en se liant d'amitié avec un autre couple interracial qui semble vivre un mariage parfait que Judith commence à reconnaître à quel point sa relation est irrémédiablement brisée. Pendant ce temps, leurs deux filles sont plongées dans le stress et l'instabilité à mesure que la relation de leurs parents s'effrite. Enfin, la famille doit s'unir et faire face à ses pires insécurités si elle veut éviter l'éclatement définitif.

Présenté en première mondiale au Festival international du film de Toronto (TIFF) l'an dernier, où il a remporté le prix de la critique FIPRESCI, Seagrass a connu un parcours festivalier appréciable, notamment au Festival du nouveau cinéma (FNC) qui lui a décerné le Prix de la diffusion - Meilleur espoir de la compétition nationale.

En salle à Montréal: le 23 février 2024

Il y a beaucoup de justesse et de sensibilité dans (Écho de la mer dans sa version avec sous-titres français), premier long métrage de la Canadienne Meredith Hama-Brown, réalisatrice de plusieurs courts remarqués. Originaire de Colombie-Britannique, de parents métissés (sa mère est d'origine japonaise), elle a vécu plusieurs moments dans sa vie qu'elle a retravaillés pour les inclure dans son scénario. D'où la sensation de vérité psychologique, de soucis du détail, de justesse des dialogues et de profondeur des sentiments qui se dégagent de ce récit d'un couple, qui, pour diverses raisons, se disloque lentement mais surement sous les yeux de leurs fillettes.

Pas entièrement fictionnel, mais pas autobiographique non plus, a les allures d'un drame familial typique à la Marriage Story ou The Break-Up, tout en possédant une spécificité qui le rend unique, celle de mettre en scène un couple aux racines radicalement différentes. Elle est japonaise (mais ne parle pas la langue), il est canadien blanc. Dans ce chalet idyllique, malgré leurs efforts pour recoller les morceaux, ils se rendent compte qu'ils ne partagent finalement pas grand chose. De quoi déstabiliser un peu plus cette mère en quête de repères identitaires, fragilisée par la distance qui la sépare de sa culture ancestrale. Hama-Brown met des mots et des émotions sur ces différences, allant chercher dans leur culture réciproque, dans leur passé et dans leur façon de voir la parentalité les causes de la discorde.

On aurait pu assister à une opposition manichéenne de deux êtres qui se confrontent, on est plutôt plongé dans une réflexion prenante sur tous ces petits riens qui nous lient, mais qui, sans qu'on le sache, peuvent aussi devenir de véritables obstacles à la vie à deux. Certes, le récit manque de rythme, la métaphore maritime est un peu trop évidente (le flux et le reflux incessant des vagues comme autant d'aléas venant frapper le couple de plein fouet) et l'évocation de l'enfance ballotée dans le monde des adultes ne se fait pas sans quelques longueurs.

Malgré tout, Seagrass parvient à garder en alerte, s'offrant même par moments des détours vers le fantastique (la grotte mystérieuse, refuge des âmes mortes). En somme, un premier long porteur d'espoir pour une réalisatrice à suivre de près.


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