

Si vous ne connaissez pas le giallo, vous pourriez commencer avec ce " L'uccello Dalle Piume Di Cristallo" . Il s'agit du premier film de Dario Argento, l'un des maîtres du cinéma de genre italien, réalisateur d'oeuvres inoubliables telles que " Profondo Rosso" , " Suspiria" , ou encore " Trauma " .
À voir sur tubi.tv dans sa version anglaise.
Écrit à partir d'un roman de Fredric Brown, non crédité au générique, " L'uccello Dalle Piume Di Cristallo " ( The Bird With the Crystal Plumage, L'oiseau au plumage de cristal) relate l'histoire de Sam, un jeune américain de passage en Italie, témoin d'une agression au couteau sur une jeune femme dans une galerie d'art contemporain. Du moins, c'est ce qu'il croit avoir vu. Mais quelque chose cloche dans sa mémoire (et ce n'est pas anodin). Retenu par la police qui n'avance à rien dans son enquête. il voit les morts s'accumuler et finit à son tour par se mêler aux recherches. Peu après, il est à son tour traqué par le tueur.
Au centre de l'intrigue: l'Américain Tony Musante (manque un peu de charisme, un poster de Black Power dans sa cuisine, une affiche de Einstein dans la chambre, pour nous dire que ce n'est pas un idiot) incarne le wanna-be détective, sa compagne est jouée par Suzy Kendall (mignonne mais insuffisamment dramatique), Enrico Maria Salerno donne dans le commissaire italien typique, tandis qu'Eva Renzi entretient le mystère dans la peau d'une folle surprotégée par son mari, incarné par Umberto Raho (vu dans Nefertiti, reine du Nil). Ils sont entourés de seconds rôles pittoresques, dont Mario Adorf, peintre dément qui aime beaucoup les chats et Reggie Nalder, tueur hideux qui tente de désouder le jeune imprudent dans une poursuite de nuit haletante (entre les 43e et 45e minutes du film).
Tous donnent vie à ce polar psychologique captivant qui parvient à brouiller les pistes, pour mieux entretenir son suspense, jusqu'aux multiples rebondissements finaux, que l'on n'avait pas vu venir. Pour couronner le tout, les éléments techniques sont d'une qualité irréprochable, à l'image de la direction photo de Vittorio Storaro ou de la trame sonore aux airs envoûtants signée Ennio Morricone. Sans jamais tomber dans l'excès, ce giallo intense est sans conteste l'une des plus belles propositions du maître Dario Argento.

L'Oiseau au plumage de cristal abonde en références cinéphiles, et particulièrement à Hitchcock. Argento assume allègrement la filiation, enracinée dans un souci du détail proche de l'obsession. Tout en popularisant le genre, il pose les jalons de son œuvre et offre au spectateur une quête visuelle, mémorielle, qui, dans ses accents antonioniens, préfigure son chef-d'œuvre, Profondo rosso. Suspense, scènes baroques, meurtres stylisés jusqu'à l'excès, gants et poignards en guise de fétiches...Cinémathèque française
