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[critique] spaceman

Par Onrembobine @OnRembobinefr
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Titre original : Spaceman

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Origine : États-Unis

Réalisateur : Johan Renck

Distribution : Adam Sandler, Carey Mulligan, Paul Dano, Kunal Nayyar, Isabella Rossellini...

Genre : Science-Fiction/Drame/Adaptation

Durée : 1h49

Date de sortie : 01 mars 2024 (Netflix)

Le Pitch :

Jakub, un astrophysicien tchèque, chemine vers un étrange nuage stellaire afin de l'étudier. Seul depuis plusieurs mois, à bord de son vaisseau, il se prépare à atteindre sa destination mais éprouve de plus en plus de difficultés à refouler son vague à l'âme. Le fait que Lenka, son épouse, enceinte, ne lui donne plus de nouvelles, ne le rassure en rien. C'est alors qu'une étrange créature fait irruption dans son quotidien. Est-elle réelle ou signifie-t-elle que l'astronaute est en train de sombrer dans la folie ?

La Critique de Spaceman :

S'il a commencé sa carrière de réalisateur en 2008 avec le long-métrage Dowloading Nancy, juste avant de bosser sur plusieurs séries dont Breaking Bad, The Walking Dead, Vikings, Bates Motel ou encore Bloodline, Johan Renck est véritablement entré dans la cour des grands en 2019 avec la remarquable mini-série HBO . Un metteur en scène qui revient enfin au cinéma, avec Spaceman, son second film donc, que nous attendions avec une impatience non dissimulée. Surtout que le film en question met en scène Adam Sandler...

2024, L'Odyssée des espèces

Un homme seul dans un vaisseau pense à sa femme enceinte qui l'attend sur Terre à plusieurs centaines de milliers de kilomètres. En route vers un étrange nuage stellaire, au-delà des anneaux de Jupiter, il fait la rencontre d'une araignée géante extraterrestre qui parle notre langue et avec laquelle il finit par nouer une sorte d'amitié étrange, trompant ainsi sa solitude extrême... Autant dire qu'on est loin de Chernobyl et encore plus loin de la majorité des comédies loufoques portées par Adam Sandler. Un acteur qui ici, continue donc d'explorer sa face dramatique, après avoir brillé de mille feux dans des productions saluées comme par exemple Punch Drunk Love ou encore plus récemment l'incroyable ou l'excellent Le Haut du panier. Dans Spaceman où le comique ne rigole plus du tout...

Cela dit, à bien y regarder, Spaceman n'est pas non plus radicalement éloigné de Chernobyl, dans lequel Johan Renck abordait des thématiques que l'on retrouve ici, à savoir la détresse sentimentale, l'abandon ou encore la solitude et la fuite. Jakub, le personnage d'Adam Sandler ne sait pas que sur Terre, sa femme veut le quitter. Ce qu'il sait en revanche, c'est que leur mariage prend l'eau de toutes parts. Il s'inquiète et rumine, seul dans une boite de conserve à la dérive dans l'immensité de l'univers, jusqu'au jour où un alien vient lui rendre visite.

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Spider-sense

L'alien, auquel Paul Dano prête sa voix, interroge Jakub qui dans un premier temps, adopte une posture défensive, avant de lâcher-prise. Et au fond, c'est de cela dont il s'agit ici : accepter qu'une araignée géante dotée de la parole soit capable de pratiquer une sorte de psychanalyse traumatisante mais salvatrice et accepter ses erreurs et les vraies raisons de ce voyage en direction d'un nuage qui pourrait bien renfermer des secrets déterminants pour l'humanité. Ou pas d'ailleurs tant là n'est pas le principal. Si Spaceman peut évoquer Interstellar par moments, les deux films restent assez différents. Le rapport de Johan Renck avec la science-fiction est plus viscéral, plus intime et moins porté sur le sensationnalisme.

Le vaisseau dans lequel voyage l'astronaute et dans lequel il échange jour après jour après cet extraterrestre aux faux airs de grosse tarentule poilue, semble vétuste. On est très loin des navettes clinquantes du cinéma américain. Pas de supers gadgets ici. Rien ne semble vraiment fonctionner d'ailleurs. Les caméras tombent en panne, les toilettes font un bruit d'enfer, c'est le bordel... Un peu comme dans la tête du spaceman, qui ne sait plus où il en est, en pleine détresse émotionnelle, à des milliers de kilomètres de chez lui.

Psychanalyse interstellaire

Évoquant donc davantage des œuvres comme Solaris qu' Alien, Spaceman se sert de l'espace et des codes de la science-fiction comme autant de prétextes pour raconter la quête d'un homme à la recherche de lui-même et des raisons pour lesquelles son existence même lui échappe. Au contact de cette bestiole qui finit par s'avérer attachante, pour nous comme pour lui, car Renck parvient à encourager l'empathie, Jakub finit par sonder les tréfonds de son âme alors que son vaisseau progresse dans les tréfonds de la galaxie.

En pleine maîtrise de ses moyens, inventif pour mettre en exergue les sentiments que se portent les personnages incarnés par Adam Sandler et Carey Muligan mais aussi pour donner toute sa valeur et conférer toute sa puissance à la relation entre Sandler et l'extraterrestre, Renck accomplit ici un travail remarquable. Marqué par son audace, son originalité et son refus des conventions, Spaceman finit par s'imposer comme une œuvre profonde et viscérale. Exigeante également tant la somme des partis-pris qui la caractérise peut aussi rebuter, voire ennuyer.

Tour à tour philosophique, cryptique, étrange, déconcertant puis, si on adhère à la proposition, fascinant et passionnant, Spaceman ne rentre dans aucune case. Et s'il se refuse donc à tout sensationnalisme facile, le film sait néanmoins se montrer visuellement très réussi. Dès l'introduction, quand l'astronaute progresse dans une rivière, à ces plans interstellaires d'une beauté surnaturelle, Spaceman ne manque pas de panache, parvenant à traduire toute la poésie et l'émotion qui se dégagent de son récit à l'écran, à travers une collection de sublimes images.

Sandler dans les étoiles

Bien sûr, impossible de ne pas mentionner la performance ahurissante de justesse et de sensibilité d'Adam Sandler. Chaque fois qu'il revient dans le drame, depuis Punch Drunk Love donc, l'acteur étonne. Juste en permanence, jamais dans l'excès, troublant de sincérité, il porte le film sur ses épaules. Sur terre, Carey Mulligan, éclatante de charisme, brille elle aussi au firmament, aux côtés de la désormais trop rare Isabella Rossellini. Paul Dano quant à lui, livre une excellente prestation vocale, qui confère à cette créature vaguement effrayante une véritable humanité. Humanité qui encourage l'empathie et incarne les valeurs du métrage dans son ensemble. Un long métrage qui finalement, quand il dévoile ses cartes, ressemble à une authentique love story. Une romance d'un autre genre, aussi viscérale que troublante, dans laquelle les personnages sont contraints de se mettre à nu et tout risquer pour espérer non seulement survivre mais aussi se retrouver...

En Bref...Aussi étrange que poétique, anticonformiste et fascinant, métaphysique, philosophique et visuellement sublime, Spaceman est aussi exigeant que passionnant. Un voyage aux confins de l'espace qui trouble et marque. Une histoire d'amour à distance portée par des acteurs exceptionnels et par la vision d'un réalisateur qui offre ainsi à Netflix l'un de ses plus grands films de science-fiction.@ Gilles Rolland
[critique] spaceman

Par Gilles Rolland le 6 mars 2024

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