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Monna Karina

Publié le 06 mars 2024 par Morduedetheatre @_MDT_
Monna Karina

Critique de La Joconde parle enfin, de Laurent Ruquier, vue le 22 février 2024 au Théâtre de l’Oeuvre
Avec Karina Marimon, mise en scène par Rodolphe Sand

Quand je découvre l’affiche du spectacle il y a quelques semaines, je ressens tout de suite cette espèce d’excitation intérieure du corps qui a compris avant le cerveau. Cette comédienne sur l’affiche, je la connais, je l’ai découverte dans Big Mother il y a un an de ça et elle m’avait complètement bluffée. Là se pose une question. Entre l’affiche, le résumé du spectacle, son auteur, tout semble indiquer que ce n’est pas un spectacle pour moi. Mais cette fille m’a tellement marquée que je choisis de ne pas écouter les signaux. J’ai trop envie de la revoir. Alors j’y vais.

En attendant le début du spectacle, je n’en mène pas large. Je me demande un peu ce que je fais ici, en snob légendaire que je suis. J’ai invité ma mère, qui n’a pas vu Big Mother et qui se demande peut-être encore plus que moi ce qu’elle fait ici. Le rideau s’ouvre. Karina Marimon dit deux mots. C’est bon, je sais parfaitement pourquoi je suis ici. Karina Marimon ne m’avait pas marquée parce qu’elle était particulièrement bien dirigée dans Big Mother. Elle m’avait marquée parce qu’elle est marquante.

Deux mots ont suffi. Pour captiver la salle. Pour conquérir le public. Pour savoir qu’on allait passer une bonne soirée. Elle a l’aura d’une stand-uppeuse, la classe d’une chanteuse lyrique et la maîtrise d’une grande comédienne. C’est une artiste totale qui ajoute à tous ses talents celui d’un rapport au public complètement dingue. Qui doit plus qu’à juste un sens du rythme inné ou à une punchline bien affutée. Qui va plutôt chercher du côté d’une grande humanité. Une artiste totale, on a dit.

Bon, et Laurent Ruquier dans tout ça ? On lui doit peut-être quelques excuses. Parce que son texte tient bien la route, et même peut-être un peu plus que ça. Sa Joconde est suffisamment bien documentée pour nous apprendre des choses, suffisamment mordante aussi pour ne pas nous ennuyer. Le texte est incisif, les phrases sont courtes, le rythme est rapide, le tout est porté par une mise en scène très efficace, parvenant même à créer la surprise. L’équilibre entre les parties historiques et les anecdotes insolites voire les punchlines un peu plus gratuites se fait plutôt bien. J’avoue un petit faible pour les parties plus libres, certaines parties historiques flirtant un peu trop à mon goût avec le didactisme, heureusement toujours rattrapé par la verve inimitable de Karina Marimon. Oui, je sais, je me répète, mais que voulez-vous : elle déchire tout.

Voilà. C’était un peu l’heure du mea culpa. J’aurais pu vous faire croire qu’il me coûte. Mais je crois que ce genre de soirées, où j’arrive pleine de doutes, et qui les emporte tous avec elle, et moi avec, sont celles que je préfère. Donc mea culpa, vraiment, mais surtout merci pour cette chouette soirée.

Que Karina Marimon m’emmène où elle veut. Je la suis.

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Monna Karina

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