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Bukowski De liqueur et d’encre, la chronique bourbonne

Par Juju-Gribouille @JujuGribouille

Titre : Bukowski De liqueur et d'encre
Auteurs : Michele Botton (scénario), Letizia Cadonici (dessins), Francesco Segala (couleurs), Martin Boujol (textes documentaires)
Éditeur : Petit à Petit
Collection : Docu-BD
Année : 2024
Pages : 160

Résumé d'une histoire qui coule :

Charles Bukowski est un gamin rejeté par ses camarades, battu par son père et dotée d'une mère malade. Il découvre l'alcool tôt, seule solution pour oublier sa triste vie. Il va ensuite découvrir les plaisirs de l'écriture et les joies du sexe. Mais tout cela ne permet pas de vivre dans la société américaine pudibonde du vingtième siècle...

Le scénario qui avance par ellipse :

On suit Charles Bukowski tout au long de sa vie. Ecrivain qui a choisi de vivre sans faire de concession, il en fera quelques unes quand même ; au monde du travail, qu'il rejette amis dont il a besoin pour gagner de l'argent, histoire de payer le loyer, l'alcool et les prostituées, dans le désordre. Mais il enchaînera de nombreux petits boulots, incapables, et surtout ne voulant pas se fixer dans un travail et de se faire dévorer par cette société. Il sortira aussi avec plusieurs femmes, allant jusqu'au mariage, devenant père ,mais il a dû attendre de nombreuses années avant de trouver une relation stable.

L'alcool l'aide à tenir. Si Bukowski est intransigeant, direct, cette BD l'est aussi, elle nous présente le personnage sans fioriture, sans le mettre en avant, juste en suivant son parcours, et en réalisant parfois des ellipses qui nous font avancer de plusieurs années au détour d'une case.
La rencontre avec cet homme, John Martin, qui va monter une société d'éditions pour publier Bukowski et accepte de le payer cent dollars par mois pour qu'il se consacre à l'écriture est un véritable tournant. Un génie sorti de la lampe qui réalise le souhaite de l'écrivain, gagner de l'argent avec son écriture, sans avoir à prendre un travail alimentaire.
Michele Botton nous montre Bukowski sous toutes les coutures, son rapport aux femmes, à l'alcool, à la société, à l'écriture et peint un portrait de l'écrivain avec ses contradictions. Le récit est raconté à la première personne par Bulowski dans un style âpre, avec des cadres et une typographie rappelant celle de la machine à écrire. La BD est découpée en chapitre avec des pages d'en-têtes présentant des extraits de ses œuvres, sur une page salie par des traces de verres et des tâches de vin.
De temps en temps, une double page de textes illustrée de photos revient sur les moments clés de la vie de l'auteur. Mais beaucoup moins fréquemment que dans les docu-BD consacrés aux chanteurs. Les répétitions en diminuent d'autant et la lecture est vraiment agréable.

Le dessin coupé à la hache :

Letizia Cadonici dessine cette vie, elle trace un Bukowski à la serpe. Son trait rugueux taille les visages et les corps. Cette dureté est en accord avec le personnage, qui parle de manière directe, peu importe le résultat derrière.
Le cadrage joue sur les premiers et seconds plans. Utilisant les zones d'ombre pour créer de la profondeur, Letizia Cadonici nous offre ainsi des jeux d'ombre et de lumière, symbolisant la vie de Bukowski.
Les couleurs de Francesco Segala ne cherchent pas le réalisme à tout prix, elles apportent une touche de crédibilité et se permettent parfois des espaces plus émotionnels. Il utilise des teintes douces, claires, qui permettent de contraster avec les aplats de noir.

Conclusion d'une BD alcoolisée:

Une vie étonnante retracée dans une BD réussie. La BD ne pose pas la question du talent de Bukowski, elle s'axe sur sa vie, avec ses hauts et ses bas et laie le lecteur se faire son avis en allant découvrir ses recueils de poèmes, de nouvelles et ses romans.

Zéda croise Bukowski !


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